Backstage de la thèse et thésarde (2021)

Parce qu’il est compliqué et délicat de pratiquer la transdisciplinarité, il est nécessaire de préparer le lectorat.

Dans mon approche professionnelle et artistique, il a fallut faire le choix de la convergence de plusieurs univers dans lesquels j’ai évolué pendant 30 ans. Univers que j’ai pratiqués et expérimentés de près, sur, dans, les terrains, parfois terrains créés par moi-même. Je précise souvent 30 ans parce que j’ai commencé très jeune (17 ans), au(x) festival(s) de Cannes, et que j’ai voyagé tout en travaillant, de contrat en contrat, de période de réflexion en période d’écriture, pour arriver à plus de 50 ans dans une nouvelle sphère, scientifique, ou académique, encore en découverte, voire en « découvrance ». 

Les « Yeux Sociologiques » : Philo & Sophie sont dans un bâteau…

Pix by KH
Philo et Sophie, Pix by KH

Mon approche s’ancre dans une ethnologie que je découvre en même temps que je la mets en pratique. Une recherche, préparée, puis formalisée en 2020, s’était inspirée de la théorie ancrée (Grounded Theory methodology for scientific research). Je m’octroie une joie de faire le lien avec mon passé de jeune curatrice d’oeuvres cinématographiques, sous le mentorat de Jean ROUCH, ethnologue et ethnographe d’avant garde, cinéaste alors président de la Cinémathèque française, qui m’a influencée sans que le sache. Par mes liens avec la Cinémathèque française, au Palais de Chaillot, et mes études de cinéma, à New York (rencontre avec Professeur Stuart EWEN), complétés par mes activités à Cannes, Bruxelles et Paris, ces années de terrains culturels et créatifs ont forgé « l’oeil sociologique » qui fait référence à l’école de Chicago (E. HUGHES). Mais aussi l’oeil ethnographique, sans préméditation. Graphie par le biais de pratiques visuelles, et évènementielles. Je pratiquais des happenings ethnographiques sans le savoir. Je ne savais pas que j’allais m’en servir au point de le travailler à partir d’auteurs tels que Howard BECKER, dirigée (pour la thèse) intellectuellement parlant, et en l’appréciant, par Professeure Sophie PENE. Un texte dédié à mes « influenceurs » doit compléter celui-ci, en attendant, revenons aux univers qui ont forgé mon parcours professionnel, qui m’a conduite à la thèse : 

– Les médias. 

Je considère la télévision comme un médium car je choisis toujours le terme média comme pluriel de médium. Par contre le cinéma, premier milieu professionnel dans lequel j’ai travaillé, est un art plus qu’un médium. Il est un art complet dans le sens où il englobe des pratiques artisanales et artistiques indépendantes les unes des autres qui convergent lors d’un tournage et d’une post production, sous l’oeil très aiguisé d’un « transmédiateur.e » qui peut être un producteur.e ou un réalisateur.e, véritable chef d’orchestre, « conductor », du verbe conduire, to conduct. Ma thèse porte sur le rôle de transmédiateur.e, personnage joker. 

– La culture et la culture numérique. 

Le terme culture est beaucoup trop ethnographique pour qu’onse résigne à vouloir l’employer à la façon franco-française en le propulsant dans la/les politique.s publique.s. Le mot culture, pour moi, en France, renvoie à une gestion culturelle publique dans sa version classique post-moderne, ce qui est bien dommage. En effet je le verrai plus dans une version élargie et sociétale non dépendante d’un gouvernement, qui en plus change sans arrêt. Dans ces univers j’ai pratiqué des activités culturelles qui sont en réalité des activités artistiques, telles que le cinéma, la musique, le théâtre, la photographie, les spectacles vivants, la curation. Ce que la culture numérique change, c’est une posture vis à vis des instruments utilisés pour cette activité artistique et/ou professionnelle. J’ai vécu avec mon esprit, mon corps et mes pratiques, la lente révolution numérique que j’estime terminée à l’heure où je révise ce texte. J’ai ajusté toutes mes pratiques au numérique au fur et à mesure que les instruments changeaient, des années donc. J’ai suivi pas à pas l’évolution de cette révolution, tant sur le plan personnel que professionnel. Et dans les moindres détails. Ma pratique du web est autodidacte et m’a permise de rester ancrée dans mes valeurs grâce à mes liens étroits avec le monde des hackers qui m’a aussi influencée. 

– La politique. 

Un master en communication publique et politique entamé à plus de 40 ans m’a confortée dans mon intérêt pour la politique. Mais mon expérience dans la création du « Modem », avec la campagne présidentielle de 2007, m’a aussi convaincue que je ne pouvais pas servir les intérêts d’égos surdimensionnés et que je devais m’attelée à une tâche plus universelle. J’ai détesté distribuer des flyers à la sortie du métro, ou assister à des commissions nationales (culture, économie), alors que le travail accompli n’allait pas du tout atteindre une audience en demande, mais seulement servir des individus dont le but était de cumuler des mandats ou des responsabilités sociales, loin du culturel justement, et loin des réalités des européens dans leur quotidien. Le bénévolat auprès d’un parti, ou d’une équipe communale, ne m’a jamais apporté de satisfaction, loin de là. 

– La coopération internationale. 

C’est plutôt cette partie coopérante et trans-politique au-delà des frontières géographiques, culturelles et économiques, qui m’a apportée satisfaction. Je me suis sentie non seulement à l’aise mais fière de mes contributions, même infimes au regard des enjeux qui sont en cause. Jusqu’à la crise financière de 2007-2008 je pouvais facturer des agences en contrat avec la Commission européenne, et jouer des partenariats avec des ministères et organisations internationales, pour optimiser des budgets de production multimédia. Dans ce travail, voire dans cette « oeuvre », au sens que je donne à « oeuvre » en référence à l’Homo Faber de Hannah Arendt, je me suis accomplie au service de sociétés. Sociétés au pluriel, m’inspirant d’un très joli titre d’un programme de l’OCDE, que j’ai produit et réalisé avec des Directions de la Statistique publique : « Measuring Progress of the Societies ». Car, quand l’aspect mondial est en jeu, à l’oeuvre, ce n’est pas une seule société, et c’est bien là le lien, fondamental, avec la culture sur le plan ethnologique :  Nous sommes plusieurs sociétés. 

Grâce à la pratique en coopération internationale et spécialement en communication statistique, j’ai continué à être le témoin participant de la révolution numérique, et j’ai rencontré des mentors extra-ordinaires dont le très valeureux Stéphane HESSEL, et son ami de toujours, incontournable oeil sociologique, Edgar MORIN. 

– La veille et la prospective à l’aune du 21ème siècle. 

Je ne savais pas que je faisais de la veille. Cela m’a été plaqué dans les années 2000 par une « coach », formatrice auprès d’organisations plus ou moins « publiques » (publiques mais mal financées, notamment les hopitaux), dans une activité plus ou moins à la mode qu’est la « transformation », le « changement », et qui m’utilisait comme cobaye.  Dixit : « tu as trop de valeurs ». Pas d’accord. Nous ne pouvons pas avoir trop de valeurs, mais seulement pas assez. « Tu es douée pour la veille ». Depuis, je n’ai eu de cesse de réfléchir au fait que la veille peut être une activité professionnelle, en tant que profession de l’invisible (terme qui joue dans ma thèse). Quant à la prospective, elle m’a toujours questionnée sans trouver de réponses jusqu’à ce que j’étudie de plus près les sciences de gestion, et que je choisisse de la considérer comme une technique de management plutôt qu’une possible profession de l’invisible. Et puis, plus tard, est arrivé le terme « Future Studies« ….

Ainsi que je suis arrivée aux différences entre prospective, design fiction,  Futures studies, futurologie, Strategic Foresight, tous ces termes qui me semble être adaptés au monde contemporain, c’est à dire post révolution numérique, voire post Covid19. C’est en faisant de la veille que j’ai adhéré au concept transmédia en émergence en 2009, et que j’ai tout « mis en oeuvre » pour faire converger mon expérience, mes aspirations, mes compétences et mon réseau. Un des atouts étant de pouvoir me faire sponsorisée par le programme Media de la Commission européenne et de retrouver dans divers évènements professionnels une communautés d’acteurs de terrains, les praticiens, un peu partout : festivals, conférences, ateliers, stages, en Europe et aux USA, et assez régulièrement. 

– Le développement personnel. 

J’ai pratiqué le développement personnel en côtoyant des mentors à cause d’une déficience au sein de mon entourage familial et parce que j’avais à la fois la curiosité et une certaine liberté d’aller et venir. De ces rencontres, des formations se sont mises en place, stages, séminaires, conférences, rencontres informelles, et à chaque année un nouveau sujet. La thérapie auprès de professionnels et de la littérature a contribué à un développement personnel incessant, en passant par des enseignements intimes et philosophiques. Par exemple, j’ai lu toute l’oeuvre de mon héroïne Alexandra David Néel. Avec les années, les mentors ont disparus mais les enseignements sont restés et la résilience s’est confirmée. Mais ce qu’on appelle communément développement personnel doit changer de nom car comme beaucoup de termes, une fois vampirisés par le capitalisme et les arrivistes, le mot change de sens. 

Les yeux sociologiques : Philo & Sophie

Parce que la philosophie est l’unique discipline qui réunit toutes les disciplines, de mon point de vue, j’aurais voulu être philosophe. Or, je suis médiatrice culturelle certifiée, j’ai été réalisatrice et productrice de film, entrepreneuse et présidente d’associations, j’ai créé et animé des communautés, les termes formatrice et enseignante sont rajoutés dans mon parcours… Mais pour gagner ma vie, avec les aléas, j’ai effectué des métiers différents dans plusieurs branches sectorielles, parfois valorisants, parfois très dévalorisants dans le regard d’une culture franco-française. Ayant vécu jeune à New York, pour moi aucun contrat de travail n’est dévalorisant. La valorisation prend la forme du concept américain du « self-made man ». Il n’y a certes qu’en France où j’ai rencontré des difficultés pour réaliser mon CV et faire valoir ma polyvalence. Il est évident que cela a contribué à forger le rôle de transmédiateur…

C’est à partir de cette expérience dans le temps que je prends position, avec une volonté de pouvoir user d’autant de valeurs philosophiques que l’on veut. Ceci doit être le socle porteur de tout projet créatif, communautaire, de recherche et de développement. Ceci peut s’appliquer dans toutes les industries, toutes les disciplines. 

Avec un peu d’ouverture d’esprit, pour ne pas dire d’imagination, vous pouvez appliquer des méthodologies progressistes à toutes les disciplines. C’est d’ailleurs ce qui est enfin pratiqué, mais à quel prix ! Il aura fallu des morts, au lieu de mots, des crises, au lieu de développements, de cris de guerre, au lieu de félicitations. La politique est dépassée, reste, peut-être, la philosophie. En tout cas, pour moi il semble que çà sera l’ethnologie et l’ethnographie à mon petit niveau, et elles auront raison de mon développement final.

PhD Diaries and Understanding Formulas (2021)

Instead of writing a list of accomplished or unaccomplished tasks, desired or undesired tasks, in an e-mail, to share with a someone who can understand my I call my « cognitive mess », I blog. Tasks related to my Ph.D. research, precisely the act of constructing the Ph.D. itself (started in 2020).

English is my second language and I love it. It gives much more freedom than French. The French language is for me the same as the people of France, which I am part of, closed and unable to adapt to the bigger picture of the world. Incoherent when it shows an openness that is a fashion instead of an act of real freedom or creativity.

For instance, it has been years of prevision with climate change affecting directly the land of France, and « we » still have permitted the building of non-adapted structures (buildings) on properties where the owners make more money but the earth gets more fragile. Death, losses in general, are usually the rewards. I witnessed this when I lived on the French Riviera with the land sliding under the pressure of water (rains) and destroying houses, roads, and cars, and frightening people.

Constructivism versus Phenomenology.

So, English. This advantage I gain over the years of studying linked me to a wide range of personalities around the world. Some of them are members of what we call today my « community ». I also build it. Construct is also a good word since, according to my « community », it seems that epistemologically I belong to constructivism. It took me 2 years to understand the realms of epistemology. it is more than the study of science.s. For me, it is a way of learning as well, or I should say a way of developing the self of knowledge. ;-) Ah, here I am with the academic vocabulary. I am not impressed with the sciences or academia, anymore, I am just disappointed. Yes, it is difficult to understand, but the amount of work one puts into the learning experience, the study, to become a Ph.D., or we should say to gain a Ph.D., is not only related to sciences in general but to the self-development and the self-growth. I do not mean that one needs to do that to self-grow, not at all. We grow with everything. 

When I first encountered the idea of phenomenology, it was in a bar of the Lower East Side (NYC) with my friend, media theorist, activist, free mind, and creative transmedia peer, Brian CLARK (1968-2015, RIP). He very much knew the ideas behind my serious game entitled « The 7 Transmedia Families », and he became a sort of mentor as I was trying to find out if I was legitimate in the community of pioneers, media theorists, consultants for media agencies, and brands. Most of all I was trying to verify if doing a Ph.D. was a good idea. I did not want to be a filmmaker anymore because the industry was changing and I was able to not only anticipate the changes in the global revolution, but also the new possibilities for people with professional experience. Brian mentions phenomenology when I addressed the idea of a Ph.D. I had no way of understanding, until now. So, what is it about « understanding »? When I understand « it » there is the Eureka moment where I can do the links between the 3 pillars of science or research that I did not know before, I had to study, ok? One needs to study, it is not enough to read blogs ;-).

« Tara Brabazon’s Three Pillars »: Epistemology. Ontology. Methodology. (Humor here for this title)

Epistemology. Ontology. Methodology. Oh My God. When Brian took me to Phenomenology I did not know back then that he was considering writing a book about transmedia design that he called interactive design. I found out later when his father let me looked at his data and because he was talking about it to some friends. I was discussing this strange situation with my long-time collaborator Emmanuel BETHOUX. Emmanuel said that Brian gave me a gift. Now I understand. The gift of linking ideas. I was linking ideas before very intuitively and automatically. With the comprehension of the 3 Pillars (Ontology, Epistemology, and Methodology) I make these links in a more conscient way, it is deliberate and it constructs my own pillars for my research.

When I first heard the word ontology about my work it was the « unknown » and I crystallized the term for the future which is Now the present. It was in 2014, I think, from a friend who is a researcher, during a meeting about my project on the 50th anniversary of the Woodstock Festival. I did a documentary film on the 25th anniversary of Woodstock back in 1994. I wanted to adapt the +25 years to the realities of the web and the communities that have been emerging since then. I wanted to use this project as the field of study for my research. I failed. I can explain why, but this is not the time or place, it will be in another post and in the ebook that will complement and augment the dissertation (hopefully). So, I had no idea that someone could make an ontology of transmedia creation, transmedia concept, etc. Now that I understand this idea, here is my position. No, let’s not do that. It is not useful to the community, neither to the study of the transmedia concept. I want to do things that are useful.

There is a credo from Tara BRABAZON: « A contribution to knowledge » when she reminds us about what is a Ph.D. We could add that when we enroll in research it is powerful to propose a contribution to societies. Tara would agree and that is what she does. There is also a statement in the learning process in academia that one should contribute to the society, singular, but I prefer to say it with the plural: societies.

Where do I stand?

My ontology is becoming a transmedia concept series with lots of branches for it, several definitions, categories, propositions for the creators, for the organizations, including for agencies, brands, corporations. My focus in an the role of the Transmediator. There is an ontological way of looking at the transmedia concept and I am working on it since 2010.

My contribution is that I want to propose a new profession.

It seems simple when it is resumed, or summarized I should say. When it will be resumed, maybe in 5 or more years, it will only be based on a lifetime, tons of discussions and meetings, experimentations, readings, and failures. But I think that what it takes an individual to accomplish something for the societies takes a lifetime. Therefore my research methodology (not to be confused with the transmedia methodology I proposed in 2011), cannot be just a chapter in a dissertation, or academic references, or negotiation with my supervisors, even less with questionnaires and interviews! The methodology I create now, in 2021, is based on a lifetime (56 this year). But I will not be able to expose it all as it will be condensed in order to fit the requirements of academia.

My epistemology is taking into account my ontology. Ah, God, this is just unbelievable that I can say that and that I absolutely understand my own saying! The problem is: does my interlocutor understands me? If I have to explain to a jury why my ontological approach is congruent to my epistemological choices for my methodology…. Hum…

I still have 2 years, maybe more, in the making (2021)

Basically, of course, my supervisor, Professor Sophie PENE, was right during our very first (very very first) conversation. I am in the constructivism epistemological space. I can feel it now according to my previous actions, my artifacts, my readings. I can still refer to phenomenology but in an explanatory way for the ontology of transmedia (hum, hum, again). This means that phenomenology can be used in my research as a tool. When I will be describing the areas of transmedia creation that will be the ontology possible at the time, or the present, of the history of the transmedia concept. By the way, there is no « History » of transmedia, even less when it is written by 2 French individuals who have never been in the active online conversations about it we started in 2010. 

If you need to read stuff on transmedia, read in English, in Spanish, but French is not the most significant language in this branch of research. Sorry guys. It makes me things about the « French Theory ». There is this conventional collective idea that French is fashionable…, disruptive, brilliant, it is not. Some people have been that brilliant, but not because they were French. I am still learning about that. And I will be reading in French because I am writing in French, and I do not understand Spanish well. But in general, the best way to cope with the overdose of fake information, written data published, and cultural rumors as for the « French Theory« , is to make your own intuitive and constructive choices, based on experience.

REF.

En Français : Emmanuel BETHOUX, 2014, « Transmédiateur, un nouveau rôle pour l’Enseignant : Un expérience de terrain » (Upblisher), https://amzn.to/2tlrDbH

Naissance d’un concept, le retour (2021)

Je reprends le titre d’un article de Philosophie Magazine en classant mes archives : « Naissance d’une notion« .

Mon habitude. Je découpe, je photocopie, je scan (« to scan », un seul « n » en anglais…), je télécharge, j’indexe, j’indexe des bases de données elle-mêmes, j’en suis arrivée à prendre des photos de pages pour leur pertinence sur les réseaux sociaux tellement je prends des notes avec tous les moyens possibles ! Mais mon habitude principale c’est de rajouter des mots clés au feutre de couleur sur les formats papier ou dans les annotations numériques. Mots clés souvent sous forme de hashtags avec le « # » devant pour bien souligner l’importance de mon choix spontané. Ces mots clés me permettent ensuite non seulement de classer mais d’organiser ma pensée par grands chapitres, des sections, et des sous chapitres, des sous sections ou thématiques. Je fais cela depuis 1990… La notion de hashtag m’est apparue en 2009. Twitter en né est 2006.

A partir de là je réinitialise mon cerveau, qui est donc mon disque dur physiologique. Et pendant qu’il se rallume à l’éclairage des mots clés choisis, je me rappelle que l’ordinateur a été conçu à l’image du cerveau et des fonctions cognitives humaines, ce qui me conforte dans mon expérience des trop nombreuses corrélations entre le fonctionnement de l’ordinateur et la créativité. Allez, je vais encore faire confiance à mon intuition…

Sur l’idée de la « naissance d’une notion », c’est bien de la notion de transmédia dont il s’agit donc, depuis 2010 exactement. Je l’ai qualifiée de concept en discutant avec mes paires, mes collègues, mes alter-ego, et ensuite je l’ai requalifiée d’adjectif afin de palier au problème soulevé par France Telecom, via leur nom de fond de commerce : Orange, qui a déposé la marque « transmedia » à l’INPI. Oui, ils l’ont fait. Il parait qu’ils ont aussi déposé le mot « open » à l’INPI, donc il y a toujours pire !

Donc naissance de la notion de l’adjectif transmédia pour mon disque dur et, au prisme des Media Studies, c’est bien avant 2010 et j’ai du pour cela aller voir un ancien professeur de mon temps universitaire à New York en 1986 ! Professor Stuart EWEN m’a confortée dans ma démarche et à bien compris mon approche du concept transmédia. Je pouvais sans crainte reprendre mon combat pour non seulement libérer le terme des griffes des profiteurs spécialisés en marketing ou en égocentrisme, mais pour aussi fabriquer quelque chose de concret avec, une sorte d’artefact qui replacerait le terme transmédia dans son essence conceptuelle, c’est à dire en tant qu’idée, notion, et non en tant que format de production de contenu, d’une part, et non plus en tant que méthodologie narrative : « transmedia storytelling ». J’aurais donc à traiter de cette notion transmédiatique en tant qu’objet conceptuel à étudier et à utiliser comme outil de création d’une…. thèse ! L’artefact sera donc une thèse. En 2010 j’ai réalisé une expérimentation unique et magique dont on traitera dans le chapitre sur l’historique du concept transmédia (le « Transmedia Live Storm » fut une conférence internationale en ligne que j’ai co-produite et animée dans le cadre d’une résidence d’artiste à Paris, elle donna lieu à la création de la page transmédia sur wikipédia en français).

Si le vocable transmédia amène tant de polysémie et de polémique, que dire des hashtags « culture » et « qualité » notés sur l’article de Philosophie Magazine de 2013 ? Il faudra bien que je passe par là pour expliquer ce dont je parle et pourquoi dans le cadre de la thèse. QUALITE : c’est l’idée de label, et le retour de la qualité à tout prix au regard du bousillage des contenus, des produits, des services, par la société de consommation. Et CULTURE, une sorte de grande thématique qui sert à caractériser des actions collaboratives, dans mon approche du co-design et du co-design transmédia en particulier. La culture comme une fonction identitaire à la fois individuelle et communautaire.

Catherine Portevin écrit dans Philosophie Magazine : « Il est possible qu’un nouveau visage de la culture mondiale émerge de toutes ces sortes d’ego-surfing« , car c’est de cette notion là, ego-surfing, dont elle parle au sujet de la naissance d’une notion. Professeur Stuart EWEN adorerait ce terme lui qui m’a enseigné la notion de sub-culture, de media et de communication humaine (Human Communication). La réflexion autour de la notion d’ego-surfing a amené des auteurs et des chercheurs à produire des textes traitant des données numériques et de leur computation par les machines. On peut comprendre l’enjeu à la fois philosophique et mathématique du sujet. Il y est fait référence au livre de Jean-Paul DELAHAYE et Nicolas GAUVRIT, « Culturomics. Le numérique et la culture« . je suis donc ravie, grand sourire, du rapprochement de l’idée de l’égo et du numérique, cela sert ma cause. « … C’est la définition même de la culture qui peut s’en trouver transformée. » Car, en effet, avec et dans la computation numérique de l’égo humain, sous prétexte de notoriété, Catherine Portevin nous dit qu’à la reconnaissance on préfère maintenant la notoriété quantitative. Je prends donc « reconnaissance » en tant que critère de qualité. A méditer donc.

REF.

  • Philosophie Magazine, Catherine PORTEVIN, p.74, n°70, juin 2013
  • Culturomics. Le numérique et la culture (Odile Jacob ,2013) de Paul Delahaye (professeur à l’université de Lille, chercheur, LIFL) et Nicolas Gauvrit (maître de conférences à l’université d’Artois).
  • https://www.arts-et-metiers.net/musee/culturomics-le-numerique-et-la-culture
  • Prof. Stuart EWEN : https://en.wikipedia.org/wiki/Stuart_Ewen
  • Image domaine public, 16th century School of Hieronymus Bosch, Holland, 1474‚  The Conjurer, Oil on panel, Bequest of Oliver O. and Marianne Ostier, New York, to the America-Israel Cultural Foundation.

Ph.D. in the making (August 2021)

Instead of writing a list of accomplished tasks, un-accomplished tasks, desired tasks, undesired tasks, in an e-mail, I blog. Tasks related to my Ph.D. research, the act of constructing the Ph.D. itself (started in 2020).

English is my second language and I love it. It gives much more freedom than French. The French language is for me the same as the people of France, which I am part of, closed and unable to adapt to the bigger picture of the world. Incoherent when it shows an openness that is a fashion instead of an act of real freedom or creativity.

For instance, it has been years of prevision with climate change affecting directly the land of France, and « we » still have permitted the building of non-adapted structures (buildings) on properties where the owners make more money but the earth gets more fragile. Death, losses in general, are usually the rewards. I witnessed this when I lived on the French Riviera with the land sliding under the pressure of water (rains) and destroying houses, roads, and cars, and frightening people.

Constructivism versus Phenomenology.

So, English. This advantage I gain over the years of studying linked me to a wide range of personalities around the world. Some of them are members of what we call today my « community ». I also build it. Construct is also a good word since, according to my « community », it seems that epistemologically I belong to constructivism. It took me 2 years to understand the realms of epistemology. it is more than the study of science.s. For me, it is a way of learning as well, or I should say a way of developing the self of knowledge. ;-) Ah, here I am with the academic vocabulary. I am not impressed with the sciences or academia, anymore, I am just disappointed. Yes, it is difficult to understand, but the amount of work one puts into the learning experience, the study, to become a Ph.D., or we should say to gain a Ph.D., is not only related to sciences in general but to the self-development and the self-growth. I do not mean that one needs to do that to self-grow, not at all. We grow with everything. 

When I first encountered the idea of phenomenology, it was in a bar of the Lower East Side (NYC) with my friend, media theorist, activist, free mind, and creative transmedia peer, Brian CLARK (1968-2015). He very much knew the ideas behind my serious game entitled « The 7 Transmedia Families », and he became a sort of mentor as I was trying to find out if I was legitimate in the community of pioneers, media theorists, consultants for media agencies, and brands. Most of all I was trying to verify if doing a Ph.D. was a good idea. I did not want to be a filmmaker anymore because the industry was changing and I was able to not only anticipate the changes in the global revolution, but also the new possibilities for people with professional experience. Brian mentions phenomenology when I addressed the idea of a Ph.D. I had no way of understanding, until now. So, what is it about « understanding »? When I understand « it » there is the Eureka moment where I can do the links between the 3 pillars of science or research that I did not know before, I had to study, ok? One needs to study, it is not enough to read blogs ;-).

« Tara Brabazon’s Three Pillars » (humor here for this title)

Epistemology. Ontology. Methodology. Oh My God. When Brian took me to Phenomenology I did not know back then that he was considering writing a book about transmedia design that he called interactive design. I found out later when his father let me looked at his data and because he was talking about it to some friends. I was discussing this strange situation with my long-time collaborator Emmanuel BETHOUX. Emmanuel said that Brian gave me a gift. Now I understand. The gift of linking ideas. I was linking ideas before very intuitively and automatically. With the comprehension of the 3 Pillars (Ontology, Epistemology, and Methodology) I make these links in a more conscient way, it is deliberate and it constructs my own pillars for my research.

When I first heard the word ontology about my work it was the « unknown » and I crystallized the term for the future which is Now the present. It was in 2014, I think, from a friend who is a researcher, during a meeting about my project on the 50th anniversary of the Woodstock Festival. I did a documentary film on the 25th anniversary of Woodstock back in 1994. I wanted to adapt the +25 years to the realities of the web and the communities that have been emerging since then. I wanted to use this project as the field of study for my research. I failed. I can explain why, but this is not the time or place, it will be in another post and in the ebook that will complement and augment the dissertation (hopefully). So, I had no idea that someone could make an ontology of transmedia creation, transmedia concept, etc. Now that I understand this idea, here is my position. No, let’s not do that. It is not useful to the community, neither to the study of the transmedia concept. I want to do things that are useful.

There is a credo of Tara BRABAZON that says: « A contribution to knowledge » when she reminds us about what is a Ph.D. We could add that when we enroll in research it is powerful to propose a contribution to societies. Tara would agree and that is what she does. There is also a statement in the learning process in academia that one should contribute to the society, singular, but I prefer to say it with the plural: societies.

Where do I stand?

My ontology is becoming a transmedia concept series with lots of branches for it, several definitions, categories, propositions for the creators, for the organizations, including for agencies, brands, corporations. My focus in an the role of the Transmediator. There is an ontological way of looking at the transmedia concept and I am working on it since 2010.

My contribution is that I want to propose a new profession.

It seems simple when it is resumed, or summarized I should say. When it will be resumed, maybe in 5 or more years, it will only be based on a lifetime, tons of discussions and meetings, experimentations, readings, and failures. But I think that what it takes an individual to accomplish something for the societies takes a lifetime. Therefore my research methodology (not to be confused with the transmedia methodology I proposed in 2011), cannot be just a chapter in a dissertation, or academic references, or negotiation with my supervisors, even less with questionnaires and interviews! The methodology I create now, in 2021, is based on a lifetime (56 this year). But I will not be able to expose it all as it will be condensed in order to fit the requirements of academia.

My epistemology is taking into account my ontology. Ah, God, this is just unbelievable that I can say that and that I absolutely understand my own saying! The problem is: does my interlocutor understands me? If I have to explain to a jury why my ontological approach is congruent to my epistemological choices for my methodology…. Hum…

I still have 2 years, maybe more, in the making.

Basically, of course, my supervisor, Professor Sophie PENE, was right during our very first conversation, I am in the constructivism epistemological space. I can feel it now according to my previous actions, my artifacts, my readings. I can still refer to phenomenology but in an explanatory way for the ontology of transmedia (hum, hum, again). This means that phenomenology can be used in my research as a tool. When I will be describing the areas of transmedia creation that will be the ontology possible at the time, or the present, of the history of the transmedia concept. By the way, there is no « History » of transmedia, even less when it is written by 2 French individuals who have never been in the active online conversations about it we started in 2010. 

If you need to read stuff on transmedia, read in English, in Spanish, but French is not the most significant language in this branch of research. Sorry guys. It makes me things about the « French Theory ». There is this conventional collective idea that French is fashionable…, disruptive, brilliant, it is not. Some people have been that brilliant, but not because they were French. I am still learning about that. And I will be reading in French because I am writing in French, and I do not understand Spanish well. But in general, the best way to cope with the overdose of fake information, written data published, and cultural rumors as for the French Theory, is to make your own intuitive and constructive choices, based on experience.

SOURCES

The 3 pillars by Tara BRABAZON are on her YouTube Channel in English: https://www.youtube.com/user/TaraBrabazonMore from Tara: https://tarabrabazon.libsyn.com/

The Epic Feed with Brian CLARK, « Transmedia is a Lie », 21 avril 2012 and the comments:

https://www.facebook.com/notes/brian-clark/transmedia-is-a-lie/10150841850433993?comment_id=25044280&notif_t=like

My article in English in 2017 on the experience of the Transmedia Mix in 2014, short URL: bit.ly/2UpgrGf

Emmanuel Bethoux 2014, en français, « Transmédiateur, un nouveau rôle pour l’Enseignant : Un expérience de terrain » (Upblisher), https://amzn.to/2tlrDbH

Webisode: Social Web & Transmedia Concepts Dialectics (2011)

One medium, several media, and no! McLuhan is not at all obsolete, it is quite the contrary! It is not too late for the so-called experts to revisit it (this is a practice in Canada). Communications (plural) is a recent discipline of the 20th century that has not been deepened and this should be done now.

Interpersonal communication.

The art of communicating between individuals … However, this applies to different scales online, « on the web », because this interaction may be private but online; or public and online; or public and very open with tags and its associated keywords that give the interaction a certain its power and direction, sometimes desired but sometimes unwanted. We can therefore be pleasantly surprised or disappointed, or we can use strategy to « web-social-network » with efficiency, and communicate our message. If the set of communications is consistent and can penetrate a universe that has a real story, online and in real life, to discover progressively while contributing according to our desire, then we arrive at a transmedia communication that has nothing to do with marketing and everything to do with the power of communication and the proper use of its multiple tools.

Online presence.

This dialectic formula seems more appropriate, with the phrase « online présence » there are all scales including interpersonal communication as well as marketing and public interactions, just being there « on the web » to be caught by any of us at any time, then abandoned, listed, commented and sometimes remixed.

The social web.

The formula that I started using two years ago (* 2011) still seems to be the most appropriate for my personal and professional opinion, regardless of academic research. By focusing on R&D and transdisciplinary, this formula takes into account the sociological aspects, semantics, semiotics, communications, media, technology, etc.

Online communication.

This expression seems to be the ideal formula for a classical point of view, but it reminds me of corporate communications and led to its square side. Online communication interaction can be a « push » when a company markets a product to consumers, or when a « ruling class » addresses a group in a paternalistic manner, or under the formulation of a BtoB campaign – business to business – it remains too professional and not very accessible to the general public.

Web and networks, a new « synchrony »

Yes, I use a lot of quotation marks! In the articles I am submitting to you readers, it helps to manage our language and mediate the online communication I am reaching out to you on the social web! With a target for online presence, and concern for self-expression and shared knowledge. This social and digital positioning is very much in line with current activism, and participatory democracy in its infancy. It spreads and restructures each time with entry points on online actions, which are used for experimentation in the “open culture”. Since the web is now more accessible to all, the practice of individuals is useful and applies to the entire population. we already know that my practice of « AR&D » , Applied Research and Development (?), is very useful to the new global economy. And here I use the term “international” instead of “global” on purpose and specifically to refer to international cooperation.

Synchrony, synchronicity

This term came to me with lively discussions with actors (comedians, « acteurs de théâtre ») in the vein of the practice of Stanislawsky which I enjoyed studying at Hunter College, City University of New York in 1986, with polish Professor Bogdan Trukan, who was amusingly speaking French while I was there to improve my English. The idea of synchronicity has pursued me until I read the work of Jean-François Vézina, Canadian psychologist and author, and this of course led me to read Jung. Vézina is approaching psychology with the artistic discipline of cinema, and this is a useful tip I have been using a lot! These two disciplines together, film and psychology, have served me extremely in my approach to digital communication. Imagine adding the discipline of music … I quickly found the term synchronicity with the web pioneers to finally have the pleasure of reading the last book by Daniel Goleman which fortunately makes it a little more formal for the discipline of emotional intelligence and social intelligence. I am interested in those two parallel and complementary disciplines: the practice of online social networks in terms of technology,
and that of the point of view of human communications,
creating two forms of synchronicity, one from computer programming and the other from human expression and perception.

Regarding the term perception, I stand strong with it because it is a term I got from the theory of communications which seems more appropriate than the term « reception » used by French researchers for the reception of artistic works by the public. Having also studied cultural mediation, I make a difference between perception and reception as I distinguish between the synchrony of computer codes and the synchrony of human thoughts expressed in an online conversation and social networks.

Do not be afraid of vocabulary!

The purpose of this dialectic is to have fun with words to defeat the fears about the practice of transdisciplinarity, an inescapable (unavoidable) practice. We did not take for granted the warnings from the great Edgar Morin… My approach is a reaction to the far too many bad practices, especially in France, for which we will never have enough time to explain and analyze. My analysis is based on very long-term observations, as in medical research, and practical experiments, such as in medical research laboratories. This is my « AR&D » in my Think&Do Tank. I talk about the pharmaceutical discipline on purpose because this topic will be developed and it is very much a current trendy topic in innovation. It includes the approach of transhumanism and the use of technological tools in biotech, and the development of certain (“de pointe”) economic sectors (this is written in 2011…).

To conclude with dialectics and « AR&D »…

Academic researchers are very separated from the business world, especially in France. People are teaching new disciplines with no materials and references, most of the time researchers have not been having a career or a professional role, and do not put their hands in the dirt (I have happily found some exceptions confirming this rule with its rarety). This addresses another societal issue. We knew this would happen but I have found that the formal and informal rules of academia make this obscure and poor, bringing poorly documented work and unverified knowledge to an unemployed population who do not know where to find labels of quality.

Analyzing bad practices is the only current solution in transmedia communication and the social web, to analyze and create methodologies and make recommendations. Analyzing one’s mistakes has always been the way of progress for human beings.

Labeling the quality is probably the next niche. Startuppers and politicians, on your marks!

Champions for this article: Edgar Morin – Brian Clark – Stuart Ewen

2011, premiers posts

Septembre 2011, article pour www.cultural-engineering.com

Une création transmédia ou un concept indéfinissable.

Depuis quelques mois nous avons progressé dans la compréhension du terme transmédia. Ceci étant dit il reste un long travail à faire au niveau des valeurs qu’il transporte dans son univers non seulement de création, mais de communautés de l’Internet. A la base la rencontre de créations, de créateurs, d’industries, et un nombre considérable de discussions dans les réseaux sur le web, à travers des groupes et lors d’évènements privés ou publics, mais aussi des fils de discussions tant sur des plateformes ludiques, sociales que professionnelles.

La narration transmédia existe lorsque certaines conditions sont remplies et je vais m’en expliquer. Mais la narration transmédia, il me semble, est plus forte et plus durable si elle englobe des valeurs nécessaires aux bonnes pratiques de production, d’une part, et aux bonnes pratiques de la communauté au sens large, incluant le public et les usagers, qu’il s’agisse d’une audience passive, active, voire pro-active ou re-active.

Un récit est transporté et transformé. J’utilise à bon escient le mot transformation de façon à ce que les destinataires de mes messages aient dans leur esprit ce mot qui est aussi un synonyme du mot ouverture. Et non arrivons donc à la notion d’ouverture d’esprit.

Si votre récit est large et complexe il peut, grâce à la multiplicité des plateformes, des médias, s’étaler partout et se transformer en fonction du médium où l’histoire se déroule et en fonction des interactions qui vont en découler. Tout est possible. Tout reste à inventer.

Ce qu’on appelle dans les métiers des médias, le « storytelling », n’est en fait que le terme qui désigne la notion de récit, d’histoire dans le sens du conte. Ce qu’on appelle le « social media » est la forme de communication qui englobe les fonctions de l’Internet et qui est multiple dans le sens où cette communication fait appel à beaucoup de sens en même temps pour un être devenu « connecté ».

Peut importe les termes et les actions, ce qui ressort de cette imbroglio médiatique c’est que, comme d’habitude, chacun voit midi à sa porte. Les professionnels du marketing sont les plus rapides. Les industriels, vendeurs de matériel et services, mettent vite des moyens financiers et stratégies de marketing en place pour utiliser toutes les nouvelles techniques et astuces possibles pour mettre en avant leur marque. Logique. Les professionnels des industries culturelles reprennent le flambeau pour faire valoir leur talent et leur voix citoyenne. Légitime. Et les artistes arrivent en clamant leur indépendance et rappelant à tout va qu’ils avaient eu les idées avant en ressortant des dates et des études de cas, tout à fait compréhensible. Ne parlons même pas des chercheurs qui, entre temps, sont aller voir ailleurs pour être plus en phase avec leur idées (fuite des cerveaux).

En effet, ce qui a changé avec Internet, ce n’est pas seulement la totalité de nos relations et nos comportements, mais aussi la façon dont nous pouvons protéger nos valeurs et mettre en avant nos idées. Aller communiquer sur Internet est une démarche individuelle qui remet l’humain au centre de la vie sociale, politique, communicationnelle, certains diraient cognitive, et par conséquent culturelle.

La culture EST, du verbe être, elle n’a pas besoin de se dire exceptionnelle.

Le terme transmédia existe depuis bien longtemps et on s’est amusé sur le web en fouillant et en partageant à son sujet. Soit. Il fait référence à l’étude des médias, à la théorie de la communication. Il renvoi à des notions conceptuelles et non techniques. Il est toujours difficile pour des apprenants à absorber des concepts. Alors les postulats et la maïeutique peuvent aider. Poser des postulats permet de réfléchir et de discuter. La Maïeutique nous vient des philosophies grecques (encore eux) et redonne à l’humain sa valeur en l’amenant à trouver des solutions par lui-même et en étant dans une phase d’apprentissage qui le grandit.

Le fait que la technologie du 21ème siècle soit arrivée si vite dans les mains de tous les confortables citoyens des pays forts développés, a donné l’occasion au concept transmédia de démarrer une nouvelle carrière ! En effet dans les industries du cinéma et du jeu – jeu vidéo, jeu sur Internet et sur mobile – voire aussi maintenant dans l’industrie littéraire, ce terme renvoi à des notions de récit étendu sur plusieurs média qui donnent à l’histoire et à ses personnages plus d’envergure, qui donnent aux créateurs plus de possibilités de lecture, et qui actionnent les alarmes de la production et distribution de produits culturels qui génèrent des revenus.

L’utilisation du terme dans les réseaux des industries culturelles fait vite des adeptes, mais aussi rapidement des réactions vives qui invitent à une réflexion sur tous les sujets délicats : visite du droit d’auteur, modèle économique, gestion de communautés, comportements et usages du public, nouveaux métiers des médias et de la culture, transformation des modèles traditionnels, incorporation des domaines liés tels que l’éducation et la citoyenneté… Il y a une dimension politique qui émane de la création transmédia et c’est aussi ce dont parle le Professeur Henry Jenkins dans « Convergence Culture » qui devrait être traduit en français actuellement.

La narration transmédia telle que possible avec les arts et la culture, est bien plus puissante qu’une opération marketing qui veut tenter un nouveau modèle économique pour continuer à atteindre un public cible, ou qui veut expérimenter avec les usages des audiences dispersées sur les plateformes de diffusion. Elle fait appel à la reconsidération de la manière dont les créateurs travaillent ensemble ou non, avec ou pour leur public, à la manière dont les égos se reconsidèrent pour non seulement créer, faire passer un message, et atteindre un public, ou encore, faire que leur œuvre soit durable et qu’elle ne soit pas noyée dans la masse de contenus créatifs que nous avons formée. Et quand bien même j’ai pu rencontrer des créateurs qui revendiquent la création transmédia, lorsque vient le moment de la concrétisation, l’égo surchargé empêche souvent la co-création et l’anticipation sur la non-possession de l’œuvre du point de vue artistique et intellectuel. 

Si une œuvre transmédia est large et complexe, même si elle peut être faite avec toutes sortes de budgets et contraintes, elle demande une association d’expertises qui doivent être conduites par un chef d’orchestre. Chacun jouant de son instrument dans une œuvre symphonique qui sera appréciée à chaque fois différemment par son public. Pour que l’œuvre puisse trouver son modèle communautaire et économique, il faut que les interprètes, les co-créateurs, soient tous associés dés le départ et que la transparence règne. C’est très difficile à faire pour des créateurs qui se sont formés au droit d’auteur et au marketing de soi-même.

Le langage utilisé par la communauté internationale de praticiens transmédia est déjà polémique en anglais, alors on peut comprendre qu’il soit tâtonnant en français. Mais lorsque l’on prend la peine d’ouvrir son esprit comme l’on ouvre un livre dans lequel tout peut arriver, on devrait être capable d’arrêter la polémique et de prendre une position progressiste d’apprenant qui ensuite nous amène vers la co-création.

Il y a certes des pré requis que nous avons, au fur et à mesure des siècles, identifiés pour pouvoir non seulement vivre en communauté, mais surtout créer en communauté, et c’est avec les médias et les pratiques numériques que tout cela prend encore plus d’ampleur. Le créateur qui sait s’ouvrir aux pratiques numériques dans toute leur fonctions et leur amplitude, peut devenir un praticien transmédia certes, mais il serait intéressant qu’il puisse aussi revenir aux traditions socioculturelles qui prennent en compte tous les médias, et pas seulement ceux qui génèrent des revenus auprès des fournisseurs d’accès à Internet.

Etant donné qu’une création transmédia est forcément plus porteuse avec au moins deux langues, et que nous avons intégré dans notre vie courante la globalisation, il va de soit que les ressources les plus abouties et intéressantes demeurent dans la langue anglaise de façon à partager avec plusieurs territoires et cultures. Il serait idiot de penser qu’il y a une prédominance américaine car, en effet, non seulement les penseurs anglophones sont souvent inspirés par des penseurs européens, voire français, mais il y aussi beaucoup d’échanges entres experts, chercheurs et praticiens de tous pays.

Mes postulats et accès à une série de liens et documentation (anglais, 2011) : http://www.slideshare.net/KHwork/transmedia-ready-masterclass-san-sebastian-film-festival-2011-bis