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Journée d’étude INSEAC 2022 : 2è partie

Voici mon texte pour la préparation de la Journée d’étude de l’Institut National Supérieur de l’Education Artistique et Culturelle – INSEAC –  qui se trouve à Guingamp, Bretagne, Côtes-d’Armor,  et au sein du laboratoire de recherche où j’effectue mon doctorat actuellement (DICEN IDF). La thématique à laquelle j’ai répondu est la suivante :

L’Education Artistique et Culturelle à travers ses Ressources

En partie 1 de cette série spéciale INSEAC, se trouve mon retour d’expérience avec illustrations et son album photos : INSEAC 2022, 1ère partie

J’ai pu discuter avec des chercheurs, des enseignants et des étudiants, confronter mes résultats de recherche sur le long terme avec des personnes averties mais qui ne connaissent pas forcément les travaux sur l’étendue du concept de transmédialité. A la demande d’une étudiante de master de l’INSEAC, je partage des informations complémentaires à la présentation orale de septembre : le texte ci-après est celui soumis au comité de lecture (comité scientifique), et la bibliographie est celle soumise mais complétée (ci-dessous).

On me pose la question de savoir si je crée des outils pour la narration transmédia ? Je crée une méthode travail mais pas exactement pour l’aspect diégétique de l’oeuvre transmédiatique, ou de la campagne de communication,  je m’intéresse à la coopération entre les créateurs de l’oeuvre ou de la campagne, et à la pratique professionnelle de la stratégie transmédia en général. J’ai créé un outil pour faciliter la co-création transmédiatique, d’une part, et je continue à étudier les actions des acteurs  « invisibles » qui favorisent cette création, la co-création, le co-design, la communication  transmédiatique. Je m’intéresse aux communautés de pratique, à la convergence humaine, à la transmédiation que je différencie de la transmédiatisation. Un de mes postulats suppose que nous ne pouvons pas créer d’expérience transmédiatique sans la coopération avec d’autres designers ou personnes avec des compétences complémentaires aux notres, l’hypothèse montre l’émergence d’un rôle fonctionnel que j’appelle « transmédiateur.e », mais aussi pour mieux vulgariser : « orchestrateur.e ». Je propose une typologie des transmédias pour pouvoir aboutir à ma démonstration qui stipule que le transmédiateur favorise la communication de toutes les organisations, pas seulement celles des industries du secteur culturel.

Pour l’INSEAC en septembre, j’ai réfléchis aux ressources en tant que « ressources humaines » en lieu et place de ressources documentaires ou techniques. Car lorsqu’il s’agit de coopération, il s’agit de relations humaines. Lorsqu’il s’agit de co-création, il s’agit de compétences humaines. S’il s’agit de ressources, ce sont bien des ressources humaines.

Texte d’introduction EAC et ses ressources :

Dans les métiers du cinéma les humains sont des ressources à part entière, faisant l’objet de contrats, de polices d’assurance, de listes technique et artistique. Le talent influe la négociation en tant que ressource inestimable au sens propre et figuré. Se déclinent alors des spécialités en tant que ressources humaines des industries culturelles et créatives qui intéressent une socio-économie en dehors des métiers de la culture. La profession de médiateur culturel a eu besoin s’institutionnaliser et celui de facilitateur est en train de le faire à travers les sciences de gestion. La continuité des travaux sur le concept transmédia, en SIC, se précise en 2019 par la proposition d’une discipline « Transmedia Studies » que nous associons aux enjeux des nouveaux métiers, pour lesquels nous envisageons les dispositifs en tant que systèmes et l’activité comme processus. La médiation que nous analysons s’inscrit dans ces pratiques artistiques et professionnelles avec une ethno-méthodologie justifiée par 30 années de pratique au sein des industries culturelles. Ainsi nous avons observé un rôle de l’invisible dans l’activité de production et de médiation, celui d’orchestrateur, infiltré, facilitateur et médiateur, dans une intermédiation au-delà d’un soutien technique, artistique, logistique et relationnel. Il ou elle est révélateur.e de ressources. Emerge une méta fonction qui vise à articuler une nécessaire cohérence des contenus et des formes de plus en plus hybrides. Ce trans-médiateur.e peut « mettre en média », véritable trans-médiatisation. Considérant comme ressources, d’une part les spécialités humaines mises en harmonie dans la réalisation de l’oeuvre, et des ressources diégétiques en tant que fragments à articuler dans une oeuvre multidimensionnelle, émerge une figure de transmédiateur.e en tant que rôle joker acteur invisible de la création. L’harmonisation va au-delà quand une transmédiation opère : mettre en résonance et cohérence des ressources non humaines, artistiques, techniques, providentielles ou préméditées. L’ensemble de ces ressources ne formerait-il pas la palette d’un métier de l’invisible pour l’EAC ? 

BIBLIOGRAPHIE : sélection complétée

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Une auto-ethno-méthodologie ad-hoc (avril 2022)

Une solution ad-hoc, qui fait irruption.

Ce pourrait être une « émergence », au sens de Edgar MORIN, dans un système complexe qui s’est construit au fur et à mesure de deux phases d’investigation que je vais développer dans la thèse.

Mais je choisis le terme de « irruption » emprunté à Jacques DERRIDA qui me semble plus adapté avec ce que je vis maintenant en deuxième année de thèse. Irruption de solutions adaptées à ma situation particulière. Encore une fois, on ne fait pas une thèse à plus de 50 ans (plus de 55 maintenant) comme à 30 ans.

Pour gérer des investigations qui ont pris ancrage dans une pratique artistique et professionnelle sur un temps long, il aura fallu comprendre des mécaniques propres au monde de la recherche et à l’histoire des sciences, et enlever le foutu syndrome de l’imposteur !

Prenons comme départ axiomatique (et oui, j’assume le vocabulaire qui dérange les « pro » et qui les divisent des chercheurs ;-) deux systèmes d’investigation de recherche qui se présentent grosso modo ainsi :

1ère phase : Pré-thèse et séparée du monde académique, bien que des chercheurs sont venus participer à mes ateliers « Transmedia Ready » (français pour la plupart, mais pas que…).  Cette phase investigatoire est située dans le champ professionnel et privé, et sur sa fin, vers 2011 le champ est confronté à des scientifiques. Dans ce parcours, il y a eu des rencontres avec des personnalités (telles de Félix Guattari, Edgar Morin, Jean Rouch, et des Brian Clark, Frank Rose, et des Jan Kounen et Lance Weiler, Prof. Stuart EWEN, et Bobby Mc Ferrin, …) mais il n’y avait ni « ontologie », ni « épistémologie », ni « méthodologie », pour reprendre les 3 « monkeys » de Prof. Tara BRABAZON au sujet du design de « Recherche ».

C’est dans cette phase que ce sont accumulées les données primaires de ma recherche. Seulement, il y a un « hic ». Je ne savais pas que je faisais de la recherche dans une modalité « scientifique » et je n’ai pas documenté de façon assez continue ou précise. Pourtant je documentais, par instinct, par goût. Au point qu’un producteur de cinéma de renom dit à mon sujet en ma présence : « Karine, elle aime faire des souvenirs« . S’attacher au présent qui devient immédiatement du passé peut avoir une connotation péjorative si on prend la focale psychologique. Je fus intriguée de savoir si j’avais une tendance maladive à garder les traces du passé dans des fragments artefactuels… (pour faire un homage à mon labo…). J’ai bien fait ! Parce que la 2ème phase d’investigation arrive !

3 Monkeys by @KHenthusiasm
3 Monkeys by @KHenthusiasm

2ème investigation :  J’entre en thèse et là je suis confrontée aux 3 Monkeys. Pendant une année zéro je plane, l’année suivante je nage, l’année suivante, celle-ci, la deuxième officiellement, je comprends ce que les 3 Monkeys me font « Savoir »: un apport de connaissance au service de la connaissance, notamment à travers ces trois pilliers :

Savoir voir le savoir. Edgar MORIN.

1/ Epistémologie : en me plaçant dans le constructivisme, grâce à Prof. Sophie PENE, je peux utiliser des construits pré-thèse, qui ne sont pas créés ipso facto pour la recherche mais qui m’y ont conduite. D’une part. D’autre part je suis libre d’investir plusieurs disciplines et piocher dans le Savoir pour construire mon raisonnement et ma démonstration.

2/ Ontologie : Ici, le bas blesse, car mon ontologie est celle de ma pratique professionnelle profondément ancrée dans l’art et l’industrie cinématograhique. On pourrait alors se contenter d’objets et de concepts du domaine de l’art, de l’histoire de l’art, de l’esthétique, de la sociologie de l’art… Mais non, car : l’ontologie de ma recherche actuelle n’est pas dans le secteur du cinéma mais dans un secteur plus large qui touche à des objets et concepts développés par des scientifiques en sciences de l’information, sciences de la communication, la gestion, le design, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’éducation, la psychologie, et je voudrais tellement rajouter : la politique, mais çà, c’est trop. Alors pour avoir un axe ontologique précis il va falloir faire beaucoup de deuils et argumenter sur la transdisciplinarité de ma thèse de façon extrêmement référencée. Pour le moment je partirai d’une ontologie frontière, consortium stratégique des idées que j’ai « choppées » pendant la collecte des données primaires. Et c’est là qu’on arrive au 3ème Monkey qui se fout vraiment de moi ! ;-)

3/ Méthodologie : Je pourrais traiter des données par plusieurs méthodologies de recherche aujourd’hui admises en sciences, en en choisissant une. J’avais d’ailleurs opté pour la théorie ancrée. Mais on choisit le challenge et ce qui est approprié à la réalité du profil de candidature. Je suis une praticienne, pas une chercheure académique, ma posture de curieuse restera hybride car je ne peux que me destiner au conseil et au mentorat, je ne vais pas faire carrière dans l’académie. Et comme il se trouve que l’ensemble des données primaires pourraient en effet être optimisées, l’ethno-méthodologie proposée par mes co-encadrants est totalement justifiée. J’ai donc fait le virage en laissant tomber des mois de travail de préparation d’entretiens et de podcasts, qui pourront peut-être servir à autre chose ensuite. Le lien se fait alors avec la discussion avec une auteure, et éditrice, doctorante de grande maturité elle aussi, sur l’idée de « evocative ethnograhy » et « auto-ethnography ». Je fouille, je n’ai pas fini de fouiller. Je vais me positionner.

Une « irruption » de solutions purement intellectuelles.

Mes solutions sont tellement abstraites que même un designer-chercheur confirmé ne pourrait pas les restranscrire ! (;-) Il me faut encore une ou deux années pour vraiment mettre en oeuvre les solutions émergentes dans une induction permanente longitudinale. Traduction : on verra bien ! (J’ai bien sur des propositions, voire des préconisations, mais à ce stade je les tiens en retrait, bien rangées, à l’obscurité).

J’en profite pour saluer Dr Stéphane QUEFELEC, économiste et expert en Environnement, qui m’avait aidée au début de l’entrée en thèse à prendre en compte un « cadre théorique » (totalement lié au 3 Monkeys !). Je n’avais pas de cadre théorique si ce n’est celui des « media studies » au sens large, et d’une certaine « transmedia literacy » évoquée par mon collègue Emmanuel BETHOUX, renforcée par le mentorat, qui me manque, du défunt Brian CLARK qui s’inscrivait volontiers en phénoménologie.  Je ne sais pas encore si le cadre théorique sera celui de la théorie des systèmes, de l’acteur réseau, ou de théories en management qui renvoient à l’innovation, mais j’ai bien entendu passer dans mes oreilles toujours mobiles, une phrase de Prof. Manuel ZACKLAD que je sors de son contexte, « il vaut mieux en avoir trop que pas assez« … Cela vaut pour les théories et les données. Du coup, je suis submergée.

Dans la philosophie des systèmes, que je ne vais pas pouvoir étudier comme je le voudrais, je pendrai le cadre offert par deux visions systémiques différentes et confondues : celle des ingénieurs, qui fabriquent (théorie des systèmes de systèmes), et celles des sociologues, qui observent et facilitent des individuations personnelles et collectives (systémique). Il me semble que Edgar MORIN est dans les deux, mais votre avis sera le bienvenu.

3 thématiques prennent forment dans mon cadrage théorique :

      • Les systèmes (complexes),
      • La traduction et précisemment la facilitation, et le lien avec le concept d’Oeuvre,
      • La collaboration (coopération, co-création) sur ces systèmes et en tant que processus de design (ou système aussi selon des cas précis).

On se retrouve bientôt pour des excercices d’écriture et de présentations à vocation scientifique, mais avec beaucoup d’humour, comme les 3 Monkeys, d’accord ?

Transmédia : « sans le savoir » ou prémédité ?  

Texte de 2020 dans la préfiguration de la thèse en cours d’écriture en 2022. Se doit donc d’être considéré comme élément intermédiaire d’un travail continu non achevé.

Proposition de ma thèse : Le transmédiateur, optimisateur de la communication des organisations.

Si le dispositif transmédia est parfois utilisé par des institutions culturelles, c’est avec une très modeste implémentation et peu de résultats en terme d’audience. Au sein des entreprises françaises (ETI, startups, et grand groupe international) qui pratiquent une communication transmédiatique spontanément « sans le savoir », c’est à dire sans stratégie ni préméditation, les créateurs de contenus sont aussi ceux qui gèrent leur distribution, ou les dirigeants doivent faire appel à des prestataires. On attend donc des professionnels une palette très large de compétences techniques et narratives. Nous sommes loin d’une optimisation des actions de communication et des budgets.

C’est pourquoi une politique de stratégie transmédia associée à un management de projet adhocratique favoriserait la transmédiation : ceci mérite d’être vérifié.

La communication des organisations, interne ou externe, informationnelle ou promotionnelle, est un axe majeur pour observer le phénomène transmédia en tant que technique communicationnelle. Qui est le référent pour ces transferts d’information et y a t-il médiation ? Une combinaison de supports et canaux (média), de points de contact et de flux informationnels peuvent-ils s’auto-organiser ?

Le « transmédiateur », avec ses attributs et ses limites, peut-il faire l’objet d’une professionnalisation et serait-il le point de convergence des compétences mobilisées ? Il est opportun de voir comment cristalliser ou non une pratique du futur qui est le présent et vice versa (le présent est le futur).

Le sujet « transmédiateur » doit posséder une très bonne connaissance de la typologie des métiers engagés pour garantir la faisabilité et interagir avec chaque co-designer. Or, le métier de producteur des industries créatives tel que perçu encore actuellement, n’engage pas la stratégie de communication des partenaires. Alors que le transmédiateur devrait pouvoir agir en tant que conseil au même titre qu’une agence. L’optimisation des ressources n’est pas aboutie à ce stade de la répartition des tâches de coordination, notamment du fait que c’est généralement le département marketing de l’organisation qui à la charge de la rentabilité des opérations.

Nous observons la totalité du système de « conception-production-distribution » (soit la chaine traditionnelle de production des industries créatives) mais aussi ses acteurs et leurs passerelles. Le concept transmédia n’étant pas réservé à une élite créative, il concerne la totalité des professions du fait de l’omniprésence de la communication. Des limites se posent : nous ne traitons ni de littératie numérique et nous ne nous cantonnons pas au domaine du divertissement.

Si 2 phénomènes contradictoires produisent un 3ème, c’est ce qu’il ressort de la polémique autour de deux grands courants de pensée dès 2010. D’une part le discours académique avec Henry JENKINS lorsqu’il était Directeur du Comparative Media Studies Program du MIT, avant de lancer le programme « Hollywoord 2.0 » sur la « West coast » (où il a déménagé pour occuper le poste de Professeur doyen à USC); et d’autre part, le discours « East coast » de l’industrie cinématographique des gros studios, avec Jeff GOMEZ et la Production Guild of America de New York, pour annoncer, en 2011, que le métier de « Transmedia Producer » pouvait être intégré au générique des productions. Le 3ème phénomène sorti de ce point dans l’histoire du concept transmédia est un activisme des praticiens et artistes, dont nous faisons partie.

#AntiTransmedia and #OccupyTransmedia

Une réthorique, ouverte et internationale, en ligne, a fait émerger une campagne informelle « #antitransmedia » dirigée par l’outsider Brian CLARK (praticien, théoricien des média, journaliste new yorkais), suivi par ses fans du monde du gaming, du monde académique ou du cinéma, et spécialement du du design de jeux en réalité alternée (#ARG). Cela a permis de rappeler que le terme transmédia est utilisé avant tout en 1991 par Marsha KINDER, grâce à l’intervention de Stephen DINEHART. Notons que tout ceci est documenté par nos soins mais qu’à l’époque (années 2010) nous ne savions pas que nous allions en tirer parti dans le cadre d’une recherche scientifique.

C’est en 2011 qu’Henry JENKINS publie dans le magazine Fast Company dédié à l’innovation, un article plébiscité au sujet des « 7 mythes du transmédia ». Le mythe n°2  précise que les premières expérimentations en création transmédia furent financées par des budgets dédiés au marketing et il répond positivement à l’idée que le transmédia est une stratégie promotionnelle. En octobre 2020, revenant sur l’histoire du medium télévision, il cite McLuhan alors que Tara BRABAZON nous dit que le slogan de McLuhan (« The medium is the message ») n’est pas correct. Aussi la polémique du concept transmédia s’est assagie depuis le décès de Brian CLARK en 2013 et les intérêts industriels se sont repositionnés sur la réalité virtuelle et augmentée. Et c’est sans compter le piège du métavers où tous s’engoiffrent maintenant, nous laissant la cours de récréation du côté du transmédia. Simultanément, les chercheurs ont laissé la place aux hispanophones plus actifs sur le thème transmédia.

Polyvalence/Expertise : un compromis historique

Bien que le métier de « producteur transmédia », ou de « community manager », de « project manager », « coach agile », ou même « facilitateur », se soient développés au point de faire émerger des formations dédiées dont certaines sont soit disant « certifiantes », aucun de ces métiers ne semble répondre à la constellation des fonctions opérées par un transmédiateur.

Le compromis polyvalence/expertise  des co-designers est rendu complexe du fait qu’il se place dans un système mouvant influencé par le déterminisme technologique ambiant. Les industries créatives ont réussi à institutionnaliser des termes sans pour autant créer un métier dédié à cette pratique créative protéiforme. En France, dans les années 2010, France Telecom (Orange, pour le Transmedia Lab) avait déposé à l’INPI la marque « transmédia »; la région PACA a commandé une étude pour un projet d’école transmédia, et Sciences Po Grenoble a imposé un « Master Transmédia » qui n’a pas tenu bon (où j’ai enseigné, peu mais assez bien pour en comprendre les défauts). Nous verrons que l’approche est biaisée de part les différences de point de vue et les intérêts économiques de chacun.

Transmédialité en lieu et place de transmédia

En 2010, je crée la page Wikipédia « transmédia » (avec Cyril Slucky rencontré lors de mon atelier « TransmediaCamp » de 2011). Plus tard, la page sera renommée « Transmédialité ». Mais qu’en est-il de la transmédialité pour des organisations qui ne sont pas intrinsèquement des producteurs du secteur du divertissement ? Le secteur du tourisme, les collectivités ou tout simplement les « marques » sont d’ores et déjà équipées de dispositifs multiplateformes sans y intégrer de nouvelles méthodologies de travail ni d’expertise transversale de médiation (trans-médiation).

Oeuvre versus campagne, systémique versus systèmes

Ma recherche porte sur la médiation à l’endroit du croisement  des disciplines et spécialités complémentaires lors du design et de la production transmédia. D’autant plus que le concept même de transmédia interpelle très directement le sujet de la trans-disciplinarité. Les mobilisations théoriques sont donc variées, mais l’approche systémique et cybernétique restent primordiales (BATESON). La phénoménologie aussi évoquée dans l’oeuvre de ARENDT qui m’a aidée au début du design de recherche (2019), est mobilisée dans le sens où nous observons la mise en scène de la chose plutôt que la chose elle-même. La triade de ARENDT cadre le Travail dans son prisme épistémologique distinguant le sujet, « Action » des designers, et ses objets : oeuvre  et/ou campagne transmédiatique.

3 niveaux systémiques sont pris en compte :

    • L’expérience ou dispositif transmédia en tant qu’artefact correspondant au point de vue de l’audience;
    • La fabrication du dispositif avec le point de vue des designers;
    • L’organisation pour, et avec, laquelle l’expérience et le dispositif sont conçus, avec le point de vue des parties prenantes.

La préparation au projet de recherche (thèse en cours d’écriture) a révélé une forte résonance avec les références au design qui introduit les bases de la fabrication de l’oeuvre ou artefact : architecture, créativité, innovation, prototypage, esthétique, collaboration.

Se pose alors la question de savoir si le concept transmédia suis le même chemin que le design du point de vue historique… D’autant plus que le design est force de proposition de solutions adaptées à l’environnement global (Problem Solving), utilisant ses techniques propres comme le « design thinking », ce qui reviendrait à pouvoir proposer une solution aux organisations, c’est à dire une préméditation de stratégie transmédia. Dans son article sur une théorie interdisciplinaire du design, Manuel ZACKLAD introduit le design symbolique en l’associant à « une dimension transmédiatique », ceci corrobore, selon moi, ma proposition de nouvelle typologie transmédia avec un « transmédia symbolique » en design.

Dans ma démarche, il y a alternance entre les théories de la communication, notamment les relations entre les co-designers et la création de contenus culturels pour une audience, et les théories de la communication des organisations. L’information est entendue comme contenu immatériel dont la vertu est « l’irruption dans le réel » selon l’expression d’Edgar MORIN (Pour Sortir du XXème Siècle, p.42) pour trancher avec le « contenu » qui fait référence aux informations véhiculées par l’artefact lui-même. La partie narration (storytelling) est mise en second plan dans le but d’axer la recherche sur les rôles de chacun dans la co-création. Car le dispositif implique que deviennent co-designers des personnes de différentes professions. Sont consultées les sciences de gestion pour le management de projet et l’innovation. Les théories de l’agence, des parties prenantes, la psychologie sociale, la science de la conception, la sociologie des professions et de l’art, sont plus ou moins mobilisées (Y. PESQUEUX et P. de ROZARIO). Les techniques de l’innovation sont propices à des expérimentations transmédia, et nous l’avons réalisé dans des contextes divers pour tester une méthodologie issue du « jeu des 7 familles transmédia », mais sans l’enjeu de la stratégie de communication de l’organisation en tant que telle. C’est ce que nous faisont maintenant.

La transdisciplinarité au sein même du dispositif transmédia peut être gérée par mobilisation de catégories, ou genres, déjà identifiées dans un but de classification. Le rôle de transmédiateur peut être étudié au regard de ces catégories également, mais ce n’est pas l’objet de recheche à ce stade ci. Une mise en ordre de données est réalisée sous forme de tableaux permettant la comparaison. J’ai remarqué que les dispositifs transmédia ont des points communs dans leur structure et il conviendra de les présenter. Cela permet de vérifier une liste de professions concernées.

Nous pourrons comparer des données au sujet de la distribution, diffusion ou dissémination de contenus, selon s’il y a une stratégie transmédia préalable, ceci dans une autre étape de recherche. Et en attendant voici des exemples d’indicateurs : comparaison de la performance en terme de créativité; valorisation des savoir-faire; étude du vocabulaire utilisé pour la cohésion du projet; choix des outils numériques; intégration de l’audience et modes d’interaction; nombre de vues de contenus réalisés et leur modèle économique; nombre d’acteurs impliqués; … Se pose alors la question des bonnes pratiques, sujet passionnant devant aussi faire l’objet d’une recherche.

Il y a eu participation d’une communauté internationale d’experts praticiens et chercheurs répertoriée, notamment les personnes qui ont contribué à une dialectique du concept transmédia, ou qui ont expérimenté le « jeu de cartes des 7 familles transmédia » (soit 100 experts ou artistes), ainsi que les professionnels rencontrés lors de conférences (Europe, USA, Canada, Brésil). La communauté est enrichie de 2 associations que j’ai fondée, dont ue dissoute, et celle du Brésil, Era Transmidia, dont je suis membre honorifique. Pendant 5 ans j’ai organisé des rencontres mensuelles professionnelles formelles et informelles, ouvertes au public, et ceci produit un corpus de cas. Des enregistrements audio, captures d’écran, notes et photos ont été réalisés. Une centaine d’études de cas sont sélectionnées avec leur contact direct auprès des auteurs ou producteurs dans plusieurs pays.

Le jeu des « 7 familles transmédia » que j’ai créé en décembre 2010,  fonctionne comme un « idéal type » (WEBER) en tant que méthodologie de création. Il a été distribué à 100 experts avec son questionnaire en 2011. Une preuve de concept a été réalisée en 2014 avec l’IRI Centre Pompidou. C’est un outil pédago-ludique qui met en scène 7 dimensions interdépendantes qui s’entrecroisent dans la fabrication d’une oeuvre ou campagne transmédia. Il est évolutif, faisant appel à l’intelligence collective, composé de 42 cartes correspondant à 42 rôles coopérant dans la création du dispositif transmédia. Il sert de support de facilitation, accompagne la mise en place d’ateliers de co-design, participe à l’analyse post facto d’un dispositif.

En terme de résultats, grâce au basculement depuis la méthodologie de la théorie ancrée vers l’éthnométhodologie, un nouveau schéma méthodologique avec des préconisations pour une stratégie intégrative et participative, numérique, voire analogique, dans un but d’optimisation des ressources, s’adresse aux organisations de tous les secteurs, pas seulement celles du secteur culturel. Le transmédiateur devra agir dans un système participatif et où son rôle de médiation est aussi facilitation, négociation et supervision de projet complexe. Il pourra sans doute optimiser non seulement les budgets mais aussi la durabilité des dispositifs et artefacts ainsi que la relation avec leurs audiences.

La langue française pour plusieurs raisons (2020-2021)

Archives Journal de Recherche 

2021: La langue française pour plusieurs raisons.

Depuis des années je me pose la question de savoir si j’écris en français ou en anglais. Chacun vient répondre avec son point de vue personnel mais la vision stratégique de mon projet à long terme n’étant pas explicitée, ni même apparente, il ne va pas de soit de commencer par l’une ou l’autre des deux langues pour ensuite la « google-translatée », pour enfin l’agrémenter de toutes ces fioritures que la langue 2.0 (et c’est sans compter sur le 3.0) nous permet. Encore un autre sujet d’article…

Je peux faire une première traduction qui serait supervisée par un auteur de langue native anglaise, et plus à l’aise dans la vitesse d’expression et le vocabulaire français, bien que l’usage de deux langues de façon quotidienne me pénalise sur la puissance du vocabulaire. Enfin, je vois toujours des comportements typiquement franco-français en ligne, et dans la vie réelle, qui me laissent perplexe (et c’est peu dire…) quant à la compréhension du concept transmédia, et qui me rappellent que mon parcours professionnel de 30 ans a été forgé par la culture française et que, de fait, je resterai toujours française même en quittant régulièrement mon pays où parfois il ne fait plus bon vivre (encore un sujet d’article…).

Une note sur la temporalité du blog.

La vie professionnelle, sans compter la vie personnelle, influe sur la qualité des blogs. Mais surtout, l’idée de temporalité, et donc aussi l’idée de la stratégie, elles-mêmes liées à l’idée du choix politique et socio-culturel, donne la direction du blog et donc influe sur son contenu. J’admire Steve Goldner depuis longtemps pour son perfectionnisme dans la gestion de son blog en terme de temporalité et de stratégie. Son « truc » c’est : « rester toujours le même » et « publier tous les dimanches soirs ». Quand je reçois le nouveau post de @SocialSteve, que je le lise ou non, je pense à lui et j’inscris dans ma mémoire le fait que j’admire son travail et ses idées, même si parfois on ne rejoint pas.

Note éditoriale.

Lorsqu’on est son propre rédacteur en chef, personne ne prend les décisions à notre place et cela réduit la souplesse créative. Nous devons prendre tous les risques éditoriaux, ce qui inclus les risques de la mise en ligne publique, des fautes d’orthographe et de frappe, la force ou la faiblesse des idées, les mentions des sources, et j’en passe (encore l’objet d’un article…).

A la vue importante de blogs de mauvaise qualité et d’écris plein d’erreurs, je suis rassurée. Mais cela tend à aggraver mon sens de la responsabilité éditoriale. C’est cette balance que je travaille maintenant, la dualité du CONTEXTE (le web social) et du CONTENU, (la culture participative) le tout autour du sujet principal qui est et qui doit rester un CONCEPT (le concept transmédia).

Les contenus éditoriaux publiés sous le nom de Karine Halpern, KH, ou Transmedia Ready, restent donc sous mon entière responsabilité, à la fois individuelle et en tant que Présidente de l’association Transmedia Ready dont vous trouverez des informations et une série d’archives en ligne.

Je choisis la langue française dans un but précis concernant un projet éditorial à long terme, qui fait l’objet de publications d’articles plus académiques par ailleurs, mais qui seront facilement accessibles. J’engage ma responsabilité de la traduction vers l’anglais pour continuer à travailler, et surtout « chercher » et « vérifier », en équipe, avec mes alter ego de tous pays que j’ai rencontrés en ligne mais aussi dans la vraie vie.

Je mets un point essentiel et orgueilleux de rencontrer personnellement les auteurs et les professionnels avec qui je discute et échange, et ceux que je cite souvent. Je vérifie mes sources ou m’appuie sur la responsabilité professionnelle et éditoriale des alter ego et pairs que je mentionne et avec qui je maintiens une conversation progressive en ligne sur un temps long, pour ma propre recherche appliquée.

Toute personne souhaitant me contredire ou contribuer, voire les deux dans l’idéal, est bienvenue dans la conversation et il est arrivé à maintes reprises que des échanges oraux sur la thématique transmédia soient retranscrits sous forme de mémoire ou articles par des francophones ou anglophones depuis 2010, et j’en suis ravie, bien que parfois les sources ne soient pas citées.

Pour recadrer la temporalité et les références éditoriales ou académiques, je mets un accent sur le fait que vous autres lecteurs et bloggeurs de tout genre, devez aussi faire l’effort de l’éthique éditoriale, car c’est un sujet central de la création transmédia (CONCEPT), du web social et marketing en réseaux sociaux (CONTEXTE), ou tout simplement de la nouvelle forme de démocratie participative (CONTENUS) qui nait de nos échanges en ligne.

2020 (décembre) : les données…

Mai 2020 souligne le passage de la confusion à la réalité éclairante du travail à accomplir et à organiser. Cela rendu possible par un acharnement à vouloir classer des archives personnelles d’une double pratique :

  • la pratique professionnelle en tant que créatrice ou soutien à la créatrice
  • la pratique de recherche en tant qu’observatrice entraînée, une véritable analyste indépendante.

L’accumulation des archives est due au temps passé et est illustrée par des faits, des interactions avec des relations, pas seulement sur des réseaux du web social, mais aussi dans « la vraie vie »… (IRL). Mais il y a une nouvelle forme d’interactions, ce sont celles avec le « savoir », avec le monde de la recherche, avec les productions académiques, et avec les humains qui les produisent et les mettent en valeur, ou pas d’ailleurs. Parfois ce sont des éclairages, mais il fait le dire, parfois c’est une perte de temps et d’énergie. EXPLIQUER

Ce qui fait la différence entre le fait que j’accueille ou non ce que l’autre m’apporte c’est l’habillage, bien sur, la façon dont on me le présente, la qualité relationnelle, et en particulier la bienveillance, donc sa sincérité. Le fond vient, il faut aussi le dire, en deuxième position.

Plus l’autre est simple et bienviellant, humble, discret, doux, plus j’accumule du savoir à son contact. C’est un acte biologique, systémique, bio-systémique, cognitif. Basique non ? Pourtant peu pratiqué… Y compris peu pratiqué par des « professeurs », par des prédateurs professionnels, eux-mêmes fortement assujettis aux aléas de le vie, ceux que la société nous impose, et qui vont parfois devenir des méchants prédateurs malgré eux. Cela les conduit ensuite à une forme d’épuisement intellectuel pour ne pas dire le mot à la mode qui commence par B et fini Out.

Backstage de la thèse et thésarde (2021)

Parce qu’il est compliqué et délicat de pratiquer la transdisciplinarité, il est nécessaire de préparer le lectorat.

Dans mon approche professionnelle et artistique, il a fallut faire le choix de la convergence de plusieurs univers dans lesquels j’ai évolué pendant 30 ans. Univers que j’ai pratiqués et expérimentés de près, sur, dans, les terrains, parfois terrains créés par moi-même. Je précise souvent 30 ans parce que j’ai commencé très jeune (17 ans), au(x) festival(s) de Cannes, et que j’ai voyagé tout en travaillant, de contrat en contrat, de période de réflexion en période d’écriture, pour arriver à plus de 50 ans dans une nouvelle sphère, scientifique, ou académique, encore en découverte, voire en « découvrance ». 

Les « Yeux Sociologiques » : Philo & Sophie sont dans un bâteau…

Pix by KH
Philo et Sophie, Pix by KH

Mon approche s’ancre dans une ethnologie que je découvre en même temps que je la mets en pratique. Une recherche, préparée, puis formalisée en 2020, s’était inspirée de la théorie ancrée (Grounded Theory methodology for scientific research). Je m’octroie une joie de faire le lien avec mon passé de jeune curatrice d’oeuvres cinématographiques, sous le mentorat de Jean ROUCH, ethnologue et ethnographe d’avant garde, cinéaste alors président de la Cinémathèque française, qui m’a influencée sans que le sache. Par mes liens avec la Cinémathèque française, au Palais de Chaillot, et mes études de cinéma, à New York (rencontre avec Professeur Stuart EWEN), complétés par mes activités à Cannes, Bruxelles et Paris, ces années de terrains culturels et créatifs ont forgé « l’oeil sociologique » qui fait référence à l’école de Chicago (E. HUGHES). Mais aussi l’oeil ethnographique, sans préméditation. Graphie par le biais de pratiques visuelles, et évènementielles. Je pratiquais des happenings ethnographiques sans le savoir. Je ne savais pas que j’allais m’en servir au point de le travailler à partir d’auteurs tels que Howard BECKER, dirigée (pour la thèse) intellectuellement parlant, et en l’appréciant, par Professeure Sophie PENE. Un texte dédié à mes « influenceurs » doit compléter celui-ci, en attendant, revenons aux univers qui ont forgé mon parcours professionnel, qui m’a conduite à la thèse : 

– Les médias. 

Je considère la télévision comme un médium car je choisis toujours le terme média comme pluriel de médium. Par contre le cinéma, premier milieu professionnel dans lequel j’ai travaillé, est un art plus qu’un médium. Il est un art complet dans le sens où il englobe des pratiques artisanales et artistiques indépendantes les unes des autres qui convergent lors d’un tournage et d’une post production, sous l’oeil très aiguisé d’un « transmédiateur.e » qui peut être un producteur.e ou un réalisateur.e, véritable chef d’orchestre, « conductor », du verbe conduire, to conduct. Ma thèse porte sur le rôle de transmédiateur.e, personnage joker. 

– La culture et la culture numérique. 

Le terme culture est beaucoup trop ethnographique pour qu’onse résigne à vouloir l’employer à la façon franco-française en le propulsant dans la/les politique.s publique.s. Le mot culture, pour moi, en France, renvoie à une gestion culturelle publique dans sa version classique post-moderne, ce qui est bien dommage. En effet je le verrai plus dans une version élargie et sociétale non dépendante d’un gouvernement, qui en plus change sans arrêt. Dans ces univers j’ai pratiqué des activités culturelles qui sont en réalité des activités artistiques, telles que le cinéma, la musique, le théâtre, la photographie, les spectacles vivants, la curation. Ce que la culture numérique change, c’est une posture vis à vis des instruments utilisés pour cette activité artistique et/ou professionnelle. J’ai vécu avec mon esprit, mon corps et mes pratiques, la lente révolution numérique que j’estime terminée à l’heure où je révise ce texte. J’ai ajusté toutes mes pratiques au numérique au fur et à mesure que les instruments changeaient, des années donc. J’ai suivi pas à pas l’évolution de cette révolution, tant sur le plan personnel que professionnel. Et dans les moindres détails. Ma pratique du web est autodidacte et m’a permise de rester ancrée dans mes valeurs grâce à mes liens étroits avec le monde des hackers qui m’a aussi influencée. 

– La politique. 

Un master en communication publique et politique entamé à plus de 40 ans m’a confortée dans mon intérêt pour la politique. Mais mon expérience dans la création du « Modem », avec la campagne présidentielle de 2007, m’a aussi convaincue que je ne pouvais pas servir les intérêts d’égos surdimensionnés et que je devais m’attelée à une tâche plus universelle. J’ai détesté distribuer des flyers à la sortie du métro, ou assister à des commissions nationales (culture, économie), alors que le travail accompli n’allait pas du tout atteindre une audience en demande, mais seulement servir des individus dont le but était de cumuler des mandats ou des responsabilités sociales, loin du culturel justement, et loin des réalités des européens dans leur quotidien. Le bénévolat auprès d’un parti, ou d’une équipe communale, ne m’a jamais apporté de satisfaction, loin de là. 

– La coopération internationale. 

C’est plutôt cette partie coopérante et trans-politique au-delà des frontières géographiques, culturelles et économiques, qui m’a apportée satisfaction. Je me suis sentie non seulement à l’aise mais fière de mes contributions, même infimes au regard des enjeux qui sont en cause. Jusqu’à la crise financière de 2007-2008 je pouvais facturer des agences en contrat avec la Commission européenne, et jouer des partenariats avec des ministères et organisations internationales, pour optimiser des budgets de production multimédia. Dans ce travail, voire dans cette « oeuvre », au sens que je donne à « oeuvre » en référence à l’Homo Faber de Hannah Arendt, je me suis accomplie au service de sociétés. Sociétés au pluriel, m’inspirant d’un très joli titre d’un programme de l’OCDE, que j’ai produit et réalisé avec des Directions de la Statistique publique : « Measuring Progress of the Societies ». Car, quand l’aspect mondial est en jeu, à l’oeuvre, ce n’est pas une seule société, et c’est bien là le lien, fondamental, avec la culture sur le plan ethnologique :  Nous sommes plusieurs sociétés. 

Grâce à la pratique en coopération internationale et spécialement en communication statistique, j’ai continué à être le témoin participant de la révolution numérique, et j’ai rencontré des mentors extra-ordinaires dont le très valeureux Stéphane HESSEL, et son ami de toujours, incontournable oeil sociologique, Edgar MORIN. 

– La veille et la prospective à l’aune du 21ème siècle. 

Je ne savais pas que je faisais de la veille. Cela m’a été plaqué dans les années 2000 par une « coach », formatrice auprès d’organisations plus ou moins « publiques » (publiques mais mal financées, notamment les hopitaux), dans une activité plus ou moins à la mode qu’est la « transformation », le « changement », et qui m’utilisait comme cobaye.  Dixit : « tu as trop de valeurs ». Pas d’accord. Nous ne pouvons pas avoir trop de valeurs, mais seulement pas assez. « Tu es douée pour la veille ». Depuis, je n’ai eu de cesse de réfléchir au fait que la veille peut être une activité professionnelle, en tant que profession de l’invisible (terme qui joue dans ma thèse). Quant à la prospective, elle m’a toujours questionnée sans trouver de réponses jusqu’à ce que j’étudie de plus près les sciences de gestion, et que je choisisse de la considérer comme une technique de management plutôt qu’une possible profession de l’invisible. Et puis, plus tard, est arrivé le terme « Future Studies« ….

Ainsi que je suis arrivée aux différences entre prospective, design fiction,  Futures studies, futurologie, Strategic Foresight, tous ces termes qui me semble être adaptés au monde contemporain, c’est à dire post révolution numérique, voire post Covid19. C’est en faisant de la veille que j’ai adhéré au concept transmédia en émergence en 2009, et que j’ai tout « mis en oeuvre » pour faire converger mon expérience, mes aspirations, mes compétences et mon réseau. Un des atouts étant de pouvoir me faire sponsorisée par le programme Media de la Commission européenne et de retrouver dans divers évènements professionnels une communautés d’acteurs de terrains, les praticiens, un peu partout : festivals, conférences, ateliers, stages, en Europe et aux USA, et assez régulièrement. 

– Le développement personnel. 

J’ai pratiqué le développement personnel en côtoyant des mentors à cause d’une déficience au sein de mon entourage familial et parce que j’avais à la fois la curiosité et une certaine liberté d’aller et venir. De ces rencontres, des formations se sont mises en place, stages, séminaires, conférences, rencontres informelles, et à chaque année un nouveau sujet. La thérapie auprès de professionnels et de la littérature a contribué à un développement personnel incessant, en passant par des enseignements intimes et philosophiques. Par exemple, j’ai lu toute l’oeuvre de mon héroïne Alexandra David Néel. Avec les années, les mentors ont disparus mais les enseignements sont restés et la résilience s’est confirmée. Mais ce qu’on appelle communément développement personnel doit changer de nom car comme beaucoup de termes, une fois vampirisés par le capitalisme et les arrivistes, le mot change de sens. 

Les yeux sociologiques : Philo & Sophie

Parce que la philosophie est l’unique discipline qui réunit toutes les disciplines, de mon point de vue, j’aurais voulu être philosophe. Or, je suis médiatrice culturelle certifiée, j’ai été réalisatrice et productrice de film, entrepreneuse et présidente d’associations, j’ai créé et animé des communautés, les termes formatrice et enseignante sont rajoutés dans mon parcours… Mais pour gagner ma vie, avec les aléas, j’ai effectué des métiers différents dans plusieurs branches sectorielles, parfois valorisants, parfois très dévalorisants dans le regard d’une culture franco-française. Ayant vécu jeune à New York, pour moi aucun contrat de travail n’est dévalorisant. La valorisation prend la forme du concept américain du « self-made man ». Il n’y a certes qu’en France où j’ai rencontré des difficultés pour réaliser mon CV et faire valoir ma polyvalence. Il est évident que cela a contribué à forger le rôle de transmédiateur…

C’est à partir de cette expérience dans le temps que je prends position, avec une volonté de pouvoir user d’autant de valeurs philosophiques que l’on veut. Ceci doit être le socle porteur de tout projet créatif, communautaire, de recherche et de développement. Ceci peut s’appliquer dans toutes les industries, toutes les disciplines. 

Avec un peu d’ouverture d’esprit, pour ne pas dire d’imagination, vous pouvez appliquer des méthodologies progressistes à toutes les disciplines. C’est d’ailleurs ce qui est enfin pratiqué, mais à quel prix ! Il aura fallu des morts, au lieu de mots, des crises, au lieu de développements, de cris de guerre, au lieu de félicitations. La politique est dépassée, reste, peut-être, la philosophie. En tout cas, pour moi il semble que çà sera l’ethnologie et l’ethnographie à mon petit niveau, et elles auront raison de mon développement final.

Naissance d’un concept, le retour (2021)

Je reprends le titre d’un article de Philosophie Magazine en classant mes archives : « Naissance d’une notion« .

Mon habitude. Je découpe, je photocopie, je scan (« to scan », un seul « n » en anglais…), je télécharge, j’indexe, j’indexe des bases de données elle-mêmes, j’en suis arrivée à prendre des photos de pages pour leur pertinence sur les réseaux sociaux tellement je prends des notes avec tous les moyens possibles ! Mais mon habitude principale c’est de rajouter des mots clés au feutre de couleur sur les formats papier ou dans les annotations numériques. Mots clés souvent sous forme de hashtags avec le « # » devant pour bien souligner l’importance de mon choix spontané. Ces mots clés me permettent ensuite non seulement de classer mais d’organiser ma pensée par grands chapitres, des sections, et des sous chapitres, des sous sections ou thématiques. Je fais cela depuis 1990… La notion de hashtag m’est apparue en 2009. Twitter en né est 2006.

A partir de là je réinitialise mon cerveau, qui est donc mon disque dur physiologique. Et pendant qu’il se rallume à l’éclairage des mots clés choisis, je me rappelle que l’ordinateur a été conçu à l’image du cerveau et des fonctions cognitives humaines, ce qui me conforte dans mon expérience des trop nombreuses corrélations entre le fonctionnement de l’ordinateur et la créativité. Allez, je vais encore faire confiance à mon intuition…

Sur l’idée de la « naissance d’une notion », c’est bien de la notion de transmédia dont il s’agit donc, depuis 2010 exactement. Je l’ai qualifiée de concept en discutant avec mes paires, mes collègues, mes alter-ego, et ensuite je l’ai requalifiée d’adjectif afin de palier au problème soulevé par France Telecom, via leur nom de fond de commerce : Orange, qui a déposé la marque « transmedia » à l’INPI. Oui, ils l’ont fait. Il parait qu’ils ont aussi déposé le mot « open » à l’INPI, donc il y a toujours pire !

Donc naissance de la notion de l’adjectif transmédia pour mon disque dur et, au prisme des Media Studies, c’est bien avant 2010 et j’ai du pour cela aller voir un ancien professeur de mon temps universitaire à New York en 1986 ! Professor Stuart EWEN m’a confortée dans ma démarche et à bien compris mon approche du concept transmédia. Je pouvais sans crainte reprendre mon combat pour non seulement libérer le terme des griffes des profiteurs spécialisés en marketing ou en égocentrisme, mais pour aussi fabriquer quelque chose de concret avec, une sorte d’artefact qui replacerait le terme transmédia dans son essence conceptuelle, c’est à dire en tant qu’idée, notion, et non en tant que format de production de contenu, d’une part, et non plus en tant que méthodologie narrative : « transmedia storytelling ». J’aurais donc à traiter de cette notion transmédiatique en tant qu’objet conceptuel à étudier et à utiliser comme outil de création d’une…. thèse ! L’artefact sera donc une thèse. En 2010 j’ai réalisé une expérimentation unique et magique dont on traitera dans le chapitre sur l’historique du concept transmédia (le « Transmedia Live Storm » fut une conférence internationale en ligne que j’ai co-produite et animée dans le cadre d’une résidence d’artiste à Paris, elle donna lieu à la création de la page transmédia sur wikipédia en français).

Si le vocable transmédia amène tant de polysémie et de polémique, que dire des hashtags « culture » et « qualité » notés sur l’article de Philosophie Magazine de 2013 ? Il faudra bien que je passe par là pour expliquer ce dont je parle et pourquoi dans le cadre de la thèse. QUALITE : c’est l’idée de label, et le retour de la qualité à tout prix au regard du bousillage des contenus, des produits, des services, par la société de consommation. Et CULTURE, une sorte de grande thématique qui sert à caractériser des actions collaboratives, dans mon approche du co-design et du co-design transmédia en particulier. La culture comme une fonction identitaire à la fois individuelle et communautaire.

Catherine Portevin écrit dans Philosophie Magazine : « Il est possible qu’un nouveau visage de la culture mondiale émerge de toutes ces sortes d’ego-surfing« , car c’est de cette notion là, ego-surfing, dont elle parle au sujet de la naissance d’une notion. Professeur Stuart EWEN adorerait ce terme lui qui m’a enseigné la notion de sub-culture, de media et de communication humaine (Human Communication). La réflexion autour de la notion d’ego-surfing a amené des auteurs et des chercheurs à produire des textes traitant des données numériques et de leur computation par les machines. On peut comprendre l’enjeu à la fois philosophique et mathématique du sujet. Il y est fait référence au livre de Jean-Paul DELAHAYE et Nicolas GAUVRIT, « Culturomics. Le numérique et la culture« . je suis donc ravie, grand sourire, du rapprochement de l’idée de l’égo et du numérique, cela sert ma cause. « … C’est la définition même de la culture qui peut s’en trouver transformée. » Car, en effet, avec et dans la computation numérique de l’égo humain, sous prétexte de notoriété, Catherine Portevin nous dit qu’à la reconnaissance on préfère maintenant la notoriété quantitative. Je prends donc « reconnaissance » en tant que critère de qualité. A méditer donc.

REF.

  • Philosophie Magazine, Catherine PORTEVIN, p.74, n°70, juin 2013
  • Culturomics. Le numérique et la culture (Odile Jacob ,2013) de Paul Delahaye (professeur à l’université de Lille, chercheur, LIFL) et Nicolas Gauvrit (maître de conférences à l’université d’Artois).
  • https://www.arts-et-metiers.net/musee/culturomics-le-numerique-et-la-culture
  • Prof. Stuart EWEN : https://en.wikipedia.org/wiki/Stuart_Ewen
  • Image domaine public, 16th century School of Hieronymus Bosch, Holland, 1474‚  The Conjurer, Oil on panel, Bequest of Oliver O. and Marianne Ostier, New York, to the America-Israel Cultural Foundation.

2.0.2.1. Transmédiation expérimentale

L’excellent programme de la 14ème édition des Entretiens du Nouveau Monde Industriel des 22 et 23 décembre 2020 –
https://enmi-conf.org/wp/enmi20, fil #ENMI20 sur Twitter, organisée par l’IRI (avec la chaire « Éthique, technologie et transhumanismes » de l’Université Catholique de Lille), avait comme thématique : « Prendre soin de l’informatique et des générations ». 1ère édition qui suit le décès du philosophe et fondateur BERNARD STIEGLER.

Vincent PUIG, directeur et co-fondateur de l’IRI, prend la parole et rappelle les thèmes chers à Stiegler : l’informatique théorique et les générations. Il pourrait être de notre responsabilité de lier les thèmes informatique et générations, notamment depuis 2008 avec un texte de STIEGLER, « Prendre soin de la jeunesse et des générations » (2016, dernier chapitre) et pour lui rendre hommage : « la meilleure manière est de travailler ».

C’est aussi la première fois, comme beaucoup de séminaires et réunions de 2020, que tout se passe « online » et dans cette expérience interactive #ENMI20, je peux m’interroger sur le caractère transmédiatique de celle-ci et l’émergence du rôle de « transmédiateur ». Une réponse me semble se dessiner dans l’univers (famille Storyworld) avec des archives de l’édition de 2014 – https://enmi-conf.org/wp/enmi14/session-3 – nommé « Traces, rétentions, raisons : organologie et pharmacologie des études digitales », de et avec Bernard STIEGLER, vient dans la méta discussion (serait-ce des « contenus générés par les utilisateurs », UGC – User Generated Content) où Vincent Puig nous rappelle le « bloc magique » dans la version de Freud – https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-1101171830 – « Machine d’écriture, une métaphore du fonctionnement de l’appareil psychique comme texte », cité par un intervenant, et j’en prends bonne note pour illustrer les différents supports analogiques qui peuvent entrer dans une création transmédia (la famille Multiplateformes).

Dans #ENMI20, je remarque la qualité de médiation des savoirs de la part de Vincent Puig et de son équipe; la qualité des interventions et des intervenants; la qualité des discours et de la rhétorique.

Je note que la forme prend plus d’importance encore en ligne que sur site (en local, dans la vie réelle) car les défauts de la prise de parole en public sont grossis quand on travaille « online », tout comme, du coup, les qualités vont être également grossies. Un bon moyen donc de se rattraper quand on débute avec les expériences « full online », typiques de la nouvelle ère #Covid19, c’est de focaliser sur quelques bonne pratiques de facilitation en ligne pour amenuiser les choses qui nous échappent. On se doit de faire des efforts quand on intervient en ligne. Et, c’est assez logique, les caractéristiques individuelles dans la vie réelle sont aussi grossies en ligne. Parler vite devient trop rapide, lire devient ennuyant, dire devient un art majeur…

Je retrouve des noms, des signes, des idées et même des lieux puisque online veut dire global. La référence à des lieux que j’aime m’intéresse spécialement, c’est la re-connexion au réel par le biais de la géo-localisation off-line. La vie analogique serait alors celle retranscrite sur des matériaux non numérique, et la vie réelle serait devenue hybride, entre le non numérique et un virtuel puisant dans nos souvenirs… Je n’ose imaginer la complexité de cette réflexion tellement il y a des travaux sur ces sujets. Si je dois me positionner dans ma thèse je devrait me recaller à chaque étape de celle-ci, me recadrer, pour ne pas rester hybride et afin de passer en mode réel ou analogique en trans-formant le déterminisme numérique en outil controllé plutôt que de le subir comme une contrainte.

Et je remplace « technologique » par « numérique » et je zappe « digital » de « digit », numéro.

J’avais repéré Mathieu TRICLOT il y a quelques années sur Twitter du fait de son travail sur la philosophie des jeux vidéo, il fait partie de mes favoris de ces journées avec des découvertes juteuses dont le formidable Yuk HUI : http://digitalmilieu.net/about-yh/, ainsi que Peter SWENDY, notamment au sujet de la performativité et avec « Vers une écologie des images », un vidéo-colloque ponctuant le démontage de l’exposition « Le Supermarché des images » dont il est commissaire (http://lemagazine.jeudepaume.org/2020/11/colloque-ecologie-images/)

Mathieu Triclot fait le lien avec la CYBERNETIQUE, pont épistémologique entre mes « familles » et BATESON est cité plusieurs fois, ces pistes me ravissent. Et la conclusion appuie le sujet du DESIGN avec une personne que je suis aussi depuis quelques années, Anthony MASURE qui intervient sur ce sujet et bien sur a bien préparé son intervention avec des slides ouvertes ici : http://www.anthonymasure.com/conferences/2020-12-automatisation-design-enmi.

Tout un fil de meta discussion s’est tissé à propos de la cybernétique, je note une micro phrase du chat : « Il y a énormément d’analogies à faire avec les écosystème », qui, dans cette simplicité souligne la complexité du sujet. Je parie que 2021 sera, en plus de la Nouvelle Renaissance à son plein, le support dialectique pour la phase 2 du concept transmédia et la cybernétique de l’ère tout numérique. Et j’en appelle à mon amie Geneviève BOUCHE, futurologue cybernéticienne (qui était venue à une expérience réalisée avec l’IRI dans le cadre de leur projet de recherche NEXTLEAP en 2017), elle vient de terminer son nouvel ouvrage qui n’est pas encore publié mais dont vous trouvez des informations via son fil Linkedin. Ces ramifications intellectuelles et individuelles me font penser aux ramifications qui se tissent dans l’expérience transmédia. Ce sont les affinités de chacun qui nourrissent l’univers narratif global (Storyworld). Finalement, le jeu des « 7 familles transmédia » est présent dans cette expérience, de façon endogène et exogène, j’en tire une leçon. Pour la famille Multiplateformes, que je voudrais renommer « Supports ou Channels » pour canaux en français, il y a en principal et en direct Live :

1> La plateforme ZOOM contrôlée par une personne en « régie » qui peut activer et désactiver nos micros, on peut actionner notre main virutelle pour et interagir dans le chat (qui s’écrit chat et non tchat !). C’est de notre choix de montrer sa propre image en vidéo ou non, et c’est bien de le rappeler, comme le fait Vincent. Est-il un transmédiateur ?

2> Le POLEMIC TWEET, un outil open source dessiné et produit par l’IRI (famille Design) est un site interactif en tant qu’outil d’annotation et d’enregistrement des interventions, une ressource idéale qui me semble ne pas être assez utilisée et que j’ai eu l’occasion de tester plusieurs fois. Le Polemic Tweet indexe et archive : surlignage avec bouton important
pour reformuler un propos de l’intervenant, bouton « Trouble » pour mettre en marge, bouton « vert » pour des commentaires libres, bref des outils de contributions, sans doute de « trans-individuation » pour Bernard Stiegler, dixit Vincent.

C’est l’équipe de Vincent Puig qui m’a donné l’occasion de réaliser une preuve de concept du jeu des 7 familles transmédia en 2014 : https://polemictweet.com/fens2014-transmediamix. C’est aussi là que j’ai écouté Louise MERZEAU utiliser le terme transmédia. Et, des années plus tard, je rejoins son laboratoire en tant que doctorante débutante avec humilité car je me sens de plus en plus petite face à l’immensité du savoir et des contraintes méthodologiques. Les synchronies accumulées depuis 2010 sont juste insoutenables pour mon équilibre créatif, il faut beaucoup de recul pour accepter de prendre du recul… La vue synthétique ne peut s’acquérir en cherchant, il faut espérer que les synthèses arrivent dans un ravissement créatif propre au créateurs (le flow comme diraient les vrais coachs…), et ceci est sans doute la même chose pour le chercheur.

C’est Alexandre MONNIN qui m’a fait connaître l’IRI et c’est Nicolas SAURET qui m’a accompagnée pendant l’expérience de 2014. En 2020, j’ai retrouvé ces noms dans mes tribulations en ligne, Nicolas à soutenu sa thèse au DICEN et j’ai observé un séminaire sur le design co-organisé par Alexandre que j’ai souvent rencontré avec plaisir.

Les travaux de Bernard STIEGLER m’avaient été introduits par des réalisateurs de films vers 2002, mais je n’avais pas saisi l’importance de ce mouvement. Je me disais bien qu’il manquait un renouveau en philosophie mais je n’étais pas, et ne suis toujours pas, calée en philosophie pour assumer mon avis dans une assemblée si qualifiée, voire prestigieuse. Il aura fallu donc une quinzaine d’années pour affiner cette pensée que j’affine encore… En 2011 je voulais discuter d’une Nouvelle Renaissance avec les copains des fils Twitter, mais c’est en 2019 que j’ai totalement assumé cette idée que nous étions déjà entrés dans la #NewRenaissance. Et c’est Sébastien MASSART qui, en tant qu’intervenant, prononce le mot : Renaissance. L’émergence d’une nouvelle génération de philosophes me rassure sur ce point. Non, il n’y aura pas, plus, de déterminisme numérique, çà suffit. Je ne dirai plus déterminisme technologique mais bien numérique, et non digital. Sans compter l’absurdité du tout « propriétaire » au regard de « l’open source », encore un sujet qui influence sur la façon dont les contenus sont distribués dans des contenants pour leur disséminiation, au regard de la chaîne de création transmédia par exemple.

Il me restera de ces 2 journées exceptionnelles une liste de termes et concepts que je souhaite utiliser. Par exemple l’idée de la « finalité ouverte » me revoit immédiatement au concept transmédia : la création transmédia n’est pas finie, par essence elle ne peut pas l’être, et je devrais le démontrer. Il me reste des pistes de réflexion ardues, des lectures à approfondir et des indications d’auteurs déjà cités dans mes échanges avec des praticiens transmédia, des chercheurs et des intellectuels, SIMONDON et DERRIDA en particulier. Sur le Cycle de l’image de Simondon : https://enmi-conf.org/wp/enmi14/session-2/.

Il me plait de savoir que la phénoménologie dont m’avait parlé mon ami et mentor décédé trop jeune BRIAN CLARK, est abordée par les citations qui renvoient à HUSSERL. Ce qui fait le lien avec Hannah ARENDT qui n’est pas assez présente dans cette discussion mais dont les termes  TRAVAIL et OEUVRE, représentatifs de la triade de ARENDT dans « Condition de l’homme moderne », 1958, sont bien des clés d’entrée dans mon univers de débutante (famille Storyworld) trans-formé à l’épreuve d’un travail d’apprentissage du métier de chercheur…

La triade : la vita activa désigne 3 activités humaines, Travail (Animal Laborans), Oeuvre (Homo Faber) et Action. « L’action, la seule activité qui mette directement en rapport les hommes« , Hannah Arendt.

Il me reste un profond sentiment de respect humaniste, un espoir de voir ce respect se propager et le soulagement de savoir que des chercheurs et philosophes, jeunes et moins jeunes, travaillent à l’éducation (et je voudrais dire à l’apprentissage) des générations présentes et futures. Il faut aider ces mouvements en contribuant, il faut les mettre en lien, « médier », et non pas médiatiser vulgairement comme on le fait d’habitude et de plus en plus, afin de re-médier, dans le sens du remède, et avec l’idée de la médiation bienveillante. Faut-il « trans-médier » ? …

Dans le chat #ENMI20 je remarque l’idée qu’il faudrait lancer un « médiation new deal » ou « relation new deal » pour contrer le « screen new deal »… une méditation pour 2021. Je retiens, également rappelé par Vincent PUIG, le surréalisme selon Joan BODON qui fait un lien avec mon approche de par une écriture automatique où « le sens émerge indépendamment de la syntaxe, et dans un processus de constitution de sens sur le moment. Dans cet exercice d’écriture automatique, incalculable précisément, il n’y a pas de sens a priori ».

Est-ce une « synchronie » que de voir décéder en 2020 plusieurs personnalités exemplaires sans que cela soit forcément lié à #Covid19 ? Je dis oui car mon objectif est de favoriser l’esprit critique et l’exigence de vigilance vis à vis des récits sur le thème d’un certain virus pour lequel les média du monde entier ont créé de la peur avec l’aide des gouvernements.

Disparition de STIEGLER : https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/08/07/le-philosophe-bernard-stiegler-est-mort-a-l-age-de-68-ans

Merci à Emmanuel BETHOUX et à tous les collaborateurs des 7 familles depuis 10 ans.

Merci au Professeur Yvon PESQUEUX qui m’a heureusement bassiné avec Hannah Arendt.

Merci aux Professeurs Sophie PENE et Manuel ZACKLAD qui prennent le risque de m’accueillir.