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1 idée de la recherche + 1 idée du design = une somme d’idées

Diverses approches en Recherche Action. Diverses façons de penser et d’organiser la recherche quand on intervient sur les terrains, « fields work », et que l’on engendre construits, objets de recherche, artefacts,  méthodes, voir un nouveau métier…

Pour cloturer mon année 2022, depuis les plaines arides, et froides de l’hiver, du Kansas, après avoir visiter le Kentucky et ma bonne vieille île de Manhattan où j’ai commencé mar carrière, j’accueille des progrès et j’adapte ma stratégie de recherche académique pour un futur proche qui me ramènera sur les terrains.

Cette complexité typique des sciences humaines ne peut être évitée, on y est confronté quand on veut obtenir un diplôme, un titre, une publication, mais on peut décider d’y être confronté pour une raison purement intellectuelle, pratique, visant simplement à se faire comprendre du plus grand nombre. Il ne s’agit pas de vulgariser à outrance, mais de « parler » aux chercheurs, qui deviennent des « juges », avant de s’adresser aux professionnels et aux acteurs de terrain qui sont en fait les « end users », ceux pour qui les doctorants dont je fais partie maintenant, travaillent bénévolement et durement pour « faire avancer la science… ». Passons le paradoxe du manque d’argent dans les actions de recherche indépendante et académique. Allons directement à la décision que je prends qui consiste à tout révéler mais par étapes. La première étape consiste à convaincre des chercheurs, des professeurs, des directeurs de recherche, par la précision et la qualité d’une thèse écrite dans un format imposé mais que je peux modeler en fonction des disciplines que je revendique. Je ne pose pas une thèse, je la soumets. Si elle est acceptée je peux la transformer pour servir les intérêts des destinataires finaux, les professionnels, c’est à dire un monde hors académie, des « milieux ».  (Et là, désolée, je pense à Tolkien avec la « Terre du Milieu »…).

Corvette Museum, Bowling Green, Kentucky, 2022, Pix by KK
Corvette Museum, Kentucky 2022, Pix by KH

Je règle des problèmes (« problem-solving ») en étant seule et jugée. On dirait les épreuves subies quand j’étais dans ce qu’on appelait « le cinéma indépendant »… Une forme de résilience m’habite. Un apétit pour l’apprentissage est terriblement nécessaire, sans lui, pas de thèse, pas de juges, pas de publications, pas de public, plus de stratégie.

Problème n°1 

Mon cadre théorique et mon cadre épistémologique.  Ils varient, mais cela n’est pas possible en tradition scientifique. J’ai résolu ce problème, cela m’a pris 3 années. Des synchronicités m’ont aidées. Il y a cette idée des « Transmedia Studies » qui ont émergées depuis 2016, plus précisemment en 2019. Il y a aussi cette idée que, du constructivisme évident dans lequel je m’inscris comme créatrice, curatrice et doctorante, je passe à un fonctionalisme qui consiste à présenter la thèse comme quoi le rôle de transmédiateur est nécessaire pour orchestrer la création transmédiatique et que cela sert toutes les organisations y compris, et surtout, en dehors des industries du divertissement. Reste que l’ontologie nécessaire à la recherche doit être précisée : j’ai décidé d’appeler les projets transmédiatiques, ces créations artistiques ou campagnes de marketing, des « projets-situations » (et non des « créations »), pour me faire comprendre des sociologues et pour me différencier dans la discipline de gestion où je vais puiser des ressources en management de projet.

Problème n°2

En production cinématographique, multimédia, transmédia, ces secteurs d’où je viens, mes « milieux » avec un parcours de long terme, que ce soit avec ou sans objets numériques dédiés au marketing des organisations (par exemple un film publicitaire ou une stratégie marketing transmédiatique), il y a une condition sine qua non à la réalisation du projet : réunir les compétences, les spécialités nécessaires au design, à la production et à la distribution (ou dissémination). Ce problème est inhérent aux ICC – Industries Culturelles et Créatives – ce pourquoi les praticiens de ces industries ont l’habitude de le gérer au quotidien. Il s’agit d’un problème de ressources humaines, mais aussi de management de projet. Les sociologies de l’art et des professions connaîssent bien cette dimension de la création artistique. Les sciences de gestion peuvent maintenant (depuis les années 2010 particulièrement) s’y intéresser car cette dimension atteind tous les secteurs (hors ICC) pour diverses raisons que je listerais par souci de contextualisation, mais qui demandent une étude particulière en GRH. Solution : transdisciplinarité. 

Problème n°3 : Design or Not Design? 

Et si on arrêtait de se poser trop de questions au sujet du design ? Si le design était accepté, organique, consensuel, simple, large, ouvert, voire symbolique, et que « sa légitimité sociale et professionnelle » (Hatchuel, 2005) n’avait pas besoin de justifier de son identité ? Depuis 2005, l’analyse de la conception (depuis Simon, 1969) a fait chemin avec les travaux en recherche et les « Design Studies » ont pris leur place en anglais et en français dans le monde académique. Avec des hésitations qui font beaucoup de bruit, est-ce pour rien ? Du bruit autour des contrastes entre sciences et arts, au pluriel, au singulier.

Dans mon enfance le design était présent. C’était le mot prononcé par mes parents. Les années 60 ont développé ce terme dans un cercle parisien avec des marques comme Knoll, Yves St Laurent, Din Van, et autres noms qui resonnait comme des sapins de Noël, comme des Lalique, dans nos oreilles d’enfants d’une bourgeoisie éteinte par la guerre. Je faisais des dessins avec des outils magiques, des crayons et stylos conçus pour les « architectes ». Il y avait des ustensiles que mon père utilisait sur des planches penchées, et il y avait des « plans ». A l’école, nous devions remplir des fiches au stylo plume (j’ai même connu l’encrier et la plume au cours préparatoire, avec des buvards). Profession des parents ? Personne ne savait ce que « designer » voulait dire, « architecte d’intérieur » est alors devenu « décorateur ». Philippe Stark exposait déjà au Grand Palais où mon père m’avait emmenée penant les préparatifs des stands d’exposition. J’ai toujours été dans les coulisses. Mais cela n’a pas duré, il y a eu un crash grandiose dans ma famille d’origine. Plus tard, j’ai connu une famille de coeur chez Johannes Regn, designer allemand installé à Manhattan. Sa fille Iris est designer aussi. Elle a une spécialité que je ne sais nommée, les termes signifiant différemment selon les langues et les « milieux ». Les Regn sont allemands, américains, koréens, mais surtout ouverts, talentueux, fidèles. Plus tard dans la vie, toujours à Manhattan, j’ai connu et je discute du design avec Lee Sean Huang, designer et enseignant en design. Il est américain de plusieurs origines. J’avais beaucoup discuté avec Stephen Dinehart qui a promu le terme « Narrative Designer ». Et ainsi de suite, le design m’a accompagnée pendant plus de 50 ans. Il ne reste qu’une table Knoll d’un héritage culturel familial matérialisé par des objets, et ainsi je passe aux actions de design. Ce qu’il reste ce sont les idées : l’esprit, mais pas celui (« L’esprit design ») de Tim Brown, pas la veine Design Thinking, une veine plus symbolique encore, une veine plus profondemment transformante, c’est à dire à la fois transformatrice (génératrice d’individuation) et transformée en permanence. C’est l’esprit design, et non l’esprit du design. C’est une façon de penser plutôt que de concevoir, et c’est une pensée en systèmes que la plupart des gens appellent « créativité » par erreur, mais qui est juste un peu plus que çà, un peu plus que les termes abusés de créativité, d’agilité, de réflexivité. Il me reste une autre décennie pour tenter d’expliquer ce « juste un peu plus que », cet élément quantique qui devrait justifier de l’esprit design.

L’esprit design est plus que des méthodes, des outils, des façons de travailler en coopération. Il est aussi plus que l’innovation si l’innovation est l’art de créer du nouveau. L’esprit design peut être rétroactif. Quand on aime les objets vintage, ce n’est ni innovant, ni nouveau, ni créateur, on aime avec l’esprit design parce qu’il y a quelque chose de l’esthérique et du style, de l’ergonomie, mais aussi de l’histoire, et du narratif (ici on peut sortir le gros mot de « storytelling »).

Il y a du narratif et du sensoriel dans l’esprit design et cela n’est pas forcément ni matérialisable, ni à matérialiser.

Ces affirmations subjectives et assumées mériteraient un développement et des justifications. Il y a d’ailleurs matière à le faire du point de vue de la recherche étant donné la somme d’articles publiés aujourd’hui en Design Studies. Mais mon travail actuel concerne un design transmédique difficile à prouver, alors je gère les données, les références et les idées avec précautions et je ne vais pas m’aventurer dans une idée philosophique à propos du design.

En 1999 j’ai découvert la pratique professionnelle de l’ingénierie culturelle (avec une équipe de Jean Nouvel, d’ailleurs). En 2020, j’ai découvert une ingénierie de la conception qui est dans le domaine des sciences et techniques, mais aussi du management, et c’est sans compter les liens forts et nécessaires avec l’informatique, le « computing » et ce qu’on appelle l’intelligence articielle. Je vois bien les ramifications de ces travaux mais lorsqu’il s’agit d’une ingénierie de conception liée à l’esprit design et à la création artisique qui sert les intérêts des organisations, je ne vois plus rien. Il y a un espace d’argumenation qui dégage une histoire de l’art numérique, certes, et je vois bien les liens entre « digital art » et « media studies » en passant par les humanités numériques, mais lorsqu’il s’agit de voir plus macro, plus ouvert, les fils entre les noyaux du système complexe sont moins résistants. De ce fait, c’est mon problème n°3 non résolu.

L’esprit design ne tient pas dans les systèmes actuels où je m’adresse, à la fois à l’académie et aux professionnels, car les bases ne sont pas assez solides, à ce stade, pour me donner la liberté d’une coopération créative. Chacun tire les ficelles à soi : les disciplines, les égos, les budgets, les besoins, les modes, et même les crises ! Telle crise est plus importante que celle-là,  une pandémie, ou une guerre, un crash boursier, un ouragan et une canicule. Au final on a toujours pas résolu le problème de la transdisciplinarité, ni de sa soeur jumelle, la complexité. Un « crossover effect » qui « produit l’hybridité » (Art Deco and the Modernism in the 20s,  Cliff, S., in French Style And Decoration, Thames & Hudson, NY, 1999, 2008, p. 224).

La Méthode c’est nous. Nous sommes la méthode (2022)

Dans la série « webisode » et « side stories » je propose la dé-concentration.

Après avoir fait le tour des archives, en tant que « données collectées », et le tour des auteurs, en tant que références scientifiques, je fais une over-dose de contenus à lire, non lus, car chaque jour, ils augmentent. Classés, en classement, en ordonnancement, en panne de catégorie parfois, car, non, il n’y a pas de classification pour la somme des données accumulées, dans ma recherche. Celle que j’avais préparée en année zéro n’est plus d’actualité, mais par contre la transformation indique les grandes thématiques : design, management de projet, professionalisation, arts, politiques publiques des industries culturelles, innovation en entreprises, communication et marketing des organisations, … Il va falloir « jouer sa peau » (« Skin in the game », TALEB, via DENA) c’est à dire prendre le risque de ne pas tout classer et en perdre au passage des transferts. Mais, avec la croustillante annecdote ci-dessous illustrée par la photo des 6 tomes de La Méthode d’Edgar MORIN, j’ai franchis une étape : « Milestone ». L’échaffaudage, dont parle souvent Tara BRABAZON, s’est terminé, il me reste à grimper.

Morin : La Méthode Pix @KHenthusiasm

Side Story :

 » Je sors du CNAM, je rends la clé, nos noms sont sur le tableau de la loge, comme d’habitude je marche sur les boulevards. Je m’arrête chez le bouquiniste, je vais dans la section essais, je chine, je passe piocher dans « anglais », je vérifie tous les prix. Je jette un oeil sur les étagères, au cas où, mais en général, là-haut c’est plus cher. Tiens, Morin. Tiens un autre Morin. Et tiens, La Méthode, 6 tomes, bien rangés, avec un élastique pour les tenir ensemble, cher. Je me dis que l’on vient juste d’en parler et que ce n’est pas nécessaire, ne pouvant pas partir sans Morin, j’en prends un autre, à la caisse le jeune homme : « si vous voulez, je vous enlève 10 euros dessus », il vise l’étagère et rajoute : « J’ai vu comment vous vous êtes arrêtée dessus ! ». J’ai reposé le Morin solitaire et j’ai pris le Morin total, avec son élastique, le transmédiateur… celui/celle qui tient tout. »

L’ensemble des données ne fait pas ma recherche. Ma pensée ne fait pas ma recherche. L’ethnographie que je compose maintenant ne fait pas ma recherche. Les transformations, les erreurs, les confusions, les moments clés, les résolutions, les surprises, les séminaires, les anglophones, les français, les « jeunes chercheurs », les « séniors », les « prof. », les fonctionnaires de l’état, les indépendants, les chefs d’entreprises, les femmes en réseau, les doctorants, les Youtubers, les Podcasters, et j’allais rajouté : les entrepreneurs. 

Différencions les entrepreneurs dont le verbe « entreprendre » montre une volonté d’activité, alors que la mention « chef d’entreprise » montre le côté surveillance dans un dispositif foucaldien du travail humain… L’Animal Laborans de Hannah ARENDT. L’Homo Faber, de Arendt aussi, serait plus du côté de l’entrepreneur qui crée. Tout cela entre dans plus de 30 ans de réflexion. Quand on débute, à 16 ou 18 ans dans le monde du travail, on ne sait pas ce qu’on veut. Je n’ai jamais imaginé que j’allais poursuivre des études à plus de 50 ans. Pourtant, avec le recul je ressens la fibre que j’avais ressentie dans mon premier « amphi ». C’était à New York, à Hunter College, dans Manhattan, pour un cours de Stuart EWEN. Il habitait, et habite toujours de l’autre côté de Hunter College, traversant Central Park depuis le East Side vers le West Side, où je résidais à l’époque. J’avais eu des cours en France, à Charles V, Paris, le Marais, devenu le CRI, en anglais, et à Jussieu, en « Communication ». Mais pas d’amphi. Des petites salles poisseuses et des prof fatigués. Mais il fallait que je parle anglais pour « partir ». Chose faite, j’ai pris le flash de « Human Communication » ! Mais comment était-il possible de pouvoir étudier la communication humaine ? Cette perspective m’a littéralement habitée. Elle ne m’a jamais quittée. Alors il me semble logique que si j’étudie pour une thèse plus de 30 ans après cette expérience, même si je change de pays, de langue, de désir, et de besoins, l’échaffaudage que j’ai constuit se soit monté sur un fondement en « communication humaine ». Or, il n’y a pas de discipline, ni même de cours universitaire, qui porte cette appellation en français. Tant pis, tant mieux. C’est ma Méthode à moi. Je fais ma méthode, je suis ma méthode. La méthode qui fait ma thèse est la mienne, elle n’est pas interchangeable. Je ne peux pas vous la donner, je peux vous la lire à voix haute, je peux vous la présenter, mais elle n’est pas répliquable. De la théorie ancrée, je suis passée à l’éthnométhodologie, mais je me rends compte que je suis passée par la recherche-action, voire la recherche-création. Il y a d’ailleurs un caractère tellement ethnographique, et auto-ethnographique, que j’ai même amusé la gallerie avec ma proposition de « PhD by Therapy ». Car, oui, c’est une thérapie scientifico-professionnelle longitudinale… (sourire). Mon syndrome de l’imposteur m’a bien aidée à rallonger la construction de la méthode, de l’échaffaudage, pour pouvoir aller porter, en haut d’un édifice, une nouvelle :  

Le/la transmédiateur.e est une fonction de l’invisible qui met en cohérence l’activité humaine dans un design transmédiatique.

Les écarts de route, les retards, les déviations, n’ont fait que préparer une chirurgie à coeur ouvert : « Ablation du syndrome de l’imposteur chez une doctorante de plus de 50 ans sans antécédents scientifiques ». Autorisée à quitter l’hopital. Je suis libre, je vais pouvoir, écrire.

Side Story : Edgar Morin.

Edgar. Je vous connais. La dernière fois que je vous ai vu, c’était à Mouans-Sartoux pour le festival du livre. Je vous croise bien sur, comme une évidence, dans les sentiers autour de la salle, pleine. Je pars car il n’y a plus de place. Et je tombe sur vous. « Je suis Karine, je vous ai rencontré avec le Collegium International ». Le mot était dit. Nous avons une pensée émue pour Stéphane Hessel. La jeune femme qui vous accompagne est surprise mais souriante, cependant je ne veux pas empêcher le mouvement et vous mettre en retard. Je file : « On vous suit sur Twitter, les jeunes vous suivent sur Twitter, continuez à Twitter, tous les jours, c’est très important ! ».

Le mot est dit. Il sourit, il est content, il est surpris, il ne peut en placer une, je suis déjà partie. Edgar, je suis émue. Je vous ai admiré. Je vous ai servis du whisky. Et tous les jours, vous Twittez. Est-ce vous ? Votre ami, Stéphane Hessel, m’a récité du Rimbaud. Vous, vous récitiez la Terre, et c’est bien normal si c’est avec vous que je suis entrée dans le 21ème siècle. Par contre, je n’ai pas su, jusque maintenant, que votre méthode allait pouvoir devenir un cadre théorique à investir. J’ai mis des années pour le comprendre. Pardon, chez Edgar, pardon d’avoir tarder à être et donner à voir. Car grâce à vous je sais que l’on peut « savoir voir » et « voir le savoir ». Maintenant je voudrais donner à voir un savoir construit, avec ma méthode, tout en m’accrochant, pour survivre, à la votre.

REF.

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08017748/edgar-morin-a-propos-de-son-livre-pour-sortir-du-vingtieme-siecle

Transmédia : « sans le savoir » ou prémédité ?  

Texte de 2020 dans la préfiguration de la thèse en cours d’écriture en 2022. Se doit donc d’être considéré comme élément intermédiaire d’un travail continu non achevé.

Proposition de ma thèse : Le transmédiateur, optimisateur de la communication des organisations.

Si le dispositif transmédia est parfois utilisé par des institutions culturelles, c’est avec une très modeste implémentation et peu de résultats en terme d’audience. Au sein des entreprises françaises (ETI, startups, et grand groupe international) qui pratiquent une communication transmédiatique spontanément « sans le savoir », c’est à dire sans stratégie ni préméditation, les créateurs de contenus sont aussi ceux qui gèrent leur distribution, ou les dirigeants doivent faire appel à des prestataires. On attend donc des professionnels une palette très large de compétences techniques et narratives. Nous sommes loin d’une optimisation des actions de communication et des budgets.

C’est pourquoi une politique de stratégie transmédia associée à un management de projet adhocratique favoriserait la transmédiation : ceci mérite d’être vérifié.

La communication des organisations, interne ou externe, informationnelle ou promotionnelle, est un axe majeur pour observer le phénomène transmédia en tant que technique communicationnelle. Qui est le référent pour ces transferts d’information et y a t-il médiation ? Une combinaison de supports et canaux (média), de points de contact et de flux informationnels peuvent-ils s’auto-organiser ?

Le « transmédiateur », avec ses attributs et ses limites, peut-il faire l’objet d’une professionnalisation et serait-il le point de convergence des compétences mobilisées ? Il est opportun de voir comment cristalliser ou non une pratique du futur qui est le présent et vice versa (le présent est le futur).

Le sujet « transmédiateur » doit posséder une très bonne connaissance de la typologie des métiers engagés pour garantir la faisabilité et interagir avec chaque co-designer. Or, le métier de producteur des industries créatives tel que perçu encore actuellement, n’engage pas la stratégie de communication des partenaires. Alors que le transmédiateur devrait pouvoir agir en tant que conseil au même titre qu’une agence. L’optimisation des ressources n’est pas aboutie à ce stade de la répartition des tâches de coordination, notamment du fait que c’est généralement le département marketing de l’organisation qui à la charge de la rentabilité des opérations.

Nous observons la totalité du système de « conception-production-distribution » (soit la chaine traditionnelle de production des industries créatives) mais aussi ses acteurs et leurs passerelles. Le concept transmédia n’étant pas réservé à une élite créative, il concerne la totalité des professions du fait de l’omniprésence de la communication. Des limites se posent : nous ne traitons ni de littératie numérique et nous ne nous cantonnons pas au domaine du divertissement.

Si 2 phénomènes contradictoires produisent un 3ème, c’est ce qu’il ressort de la polémique autour de deux grands courants de pensée dès 2010. D’une part le discours académique avec Henry JENKINS lorsqu’il était Directeur du Comparative Media Studies Program du MIT, avant de lancer le programme « Hollywoord 2.0 » sur la « West coast » (où il a déménagé pour occuper le poste de Professeur doyen à USC); et d’autre part, le discours « East coast » de l’industrie cinématographique des gros studios, avec Jeff GOMEZ et la Production Guild of America de New York, pour annoncer, en 2011, que le métier de « Transmedia Producer » pouvait être intégré au générique des productions. Le 3ème phénomène sorti de ce point dans l’histoire du concept transmédia est un activisme des praticiens et artistes, dont nous faisons partie.

#AntiTransmedia and #OccupyTransmedia

Une réthorique, ouverte et internationale, en ligne, a fait émerger une campagne informelle « #antitransmedia » dirigée par l’outsider Brian CLARK (praticien, théoricien des média, journaliste new yorkais), suivi par ses fans du monde du gaming, du monde académique ou du cinéma, et spécialement du du design de jeux en réalité alternée (#ARG). Cela a permis de rappeler que le terme transmédia est utilisé avant tout en 1991 par Marsha KINDER, grâce à l’intervention de Stephen DINEHART. Notons que tout ceci est documenté par nos soins mais qu’à l’époque (années 2010) nous ne savions pas que nous allions en tirer parti dans le cadre d’une recherche scientifique.

C’est en 2011 qu’Henry JENKINS publie dans le magazine Fast Company dédié à l’innovation, un article plébiscité au sujet des « 7 mythes du transmédia ». Le mythe n°2  précise que les premières expérimentations en création transmédia furent financées par des budgets dédiés au marketing et il répond positivement à l’idée que le transmédia est une stratégie promotionnelle. En octobre 2020, revenant sur l’histoire du medium télévision, il cite McLuhan alors que Tara BRABAZON nous dit que le slogan de McLuhan (« The medium is the message ») n’est pas correct. Aussi la polémique du concept transmédia s’est assagie depuis le décès de Brian CLARK en 2013 et les intérêts industriels se sont repositionnés sur la réalité virtuelle et augmentée. Et c’est sans compter le piège du métavers où tous s’engoiffrent maintenant, nous laissant la cours de récréation du côté du transmédia. Simultanément, les chercheurs ont laissé la place aux hispanophones plus actifs sur le thème transmédia.

Polyvalence/Expertise : un compromis historique

Bien que le métier de « producteur transmédia », ou de « community manager », de « project manager », « coach agile », ou même « facilitateur », se soient développés au point de faire émerger des formations dédiées dont certaines sont soit disant « certifiantes », aucun de ces métiers ne semble répondre à la constellation des fonctions opérées par un transmédiateur.

Le compromis polyvalence/expertise  des co-designers est rendu complexe du fait qu’il se place dans un système mouvant influencé par le déterminisme technologique ambiant. Les industries créatives ont réussi à institutionnaliser des termes sans pour autant créer un métier dédié à cette pratique créative protéiforme. En France, dans les années 2010, France Telecom (Orange, pour le Transmedia Lab) avait déposé à l’INPI la marque « transmédia »; la région PACA a commandé une étude pour un projet d’école transmédia, et Sciences Po Grenoble a imposé un « Master Transmédia » qui n’a pas tenu bon (où j’ai enseigné, peu mais assez bien pour en comprendre les défauts). Nous verrons que l’approche est biaisée de part les différences de point de vue et les intérêts économiques de chacun.

Transmédialité en lieu et place de transmédia

En 2010, je crée la page Wikipédia « transmédia » (avec Cyril Slucky rencontré lors de mon atelier « TransmediaCamp » de 2011). Plus tard, la page sera renommée « Transmédialité ». Mais qu’en est-il de la transmédialité pour des organisations qui ne sont pas intrinsèquement des producteurs du secteur du divertissement ? Le secteur du tourisme, les collectivités ou tout simplement les « marques » sont d’ores et déjà équipées de dispositifs multiplateformes sans y intégrer de nouvelles méthodologies de travail ni d’expertise transversale de médiation (trans-médiation).

Oeuvre versus campagne, systémique versus systèmes

Ma recherche porte sur la médiation à l’endroit du croisement  des disciplines et spécialités complémentaires lors du design et de la production transmédia. D’autant plus que le concept même de transmédia interpelle très directement le sujet de la trans-disciplinarité. Les mobilisations théoriques sont donc variées, mais l’approche systémique et cybernétique restent primordiales (BATESON). La phénoménologie aussi évoquée dans l’oeuvre de ARENDT qui m’a aidée au début du design de recherche (2019), est mobilisée dans le sens où nous observons la mise en scène de la chose plutôt que la chose elle-même. La triade de ARENDT cadre le Travail dans son prisme épistémologique distinguant le sujet, « Action » des designers, et ses objets : oeuvre  et/ou campagne transmédiatique.

3 niveaux systémiques sont pris en compte :

    • L’expérience ou dispositif transmédia en tant qu’artefact correspondant au point de vue de l’audience;
    • La fabrication du dispositif avec le point de vue des designers;
    • L’organisation pour, et avec, laquelle l’expérience et le dispositif sont conçus, avec le point de vue des parties prenantes.

La préparation au projet de recherche (thèse en cours d’écriture) a révélé une forte résonance avec les références au design qui introduit les bases de la fabrication de l’oeuvre ou artefact : architecture, créativité, innovation, prototypage, esthétique, collaboration.

Se pose alors la question de savoir si le concept transmédia suis le même chemin que le design du point de vue historique… D’autant plus que le design est force de proposition de solutions adaptées à l’environnement global (Problem Solving), utilisant ses techniques propres comme le « design thinking », ce qui reviendrait à pouvoir proposer une solution aux organisations, c’est à dire une préméditation de stratégie transmédia. Dans son article sur une théorie interdisciplinaire du design, Manuel ZACKLAD introduit le design symbolique en l’associant à « une dimension transmédiatique », ceci corrobore, selon moi, ma proposition de nouvelle typologie transmédia avec un « transmédia symbolique » en design.

Dans ma démarche, il y a alternance entre les théories de la communication, notamment les relations entre les co-designers et la création de contenus culturels pour une audience, et les théories de la communication des organisations. L’information est entendue comme contenu immatériel dont la vertu est « l’irruption dans le réel » selon l’expression d’Edgar MORIN (Pour Sortir du XXème Siècle, p.42) pour trancher avec le « contenu » qui fait référence aux informations véhiculées par l’artefact lui-même. La partie narration (storytelling) est mise en second plan dans le but d’axer la recherche sur les rôles de chacun dans la co-création. Car le dispositif implique que deviennent co-designers des personnes de différentes professions. Sont consultées les sciences de gestion pour le management de projet et l’innovation. Les théories de l’agence, des parties prenantes, la psychologie sociale, la science de la conception, la sociologie des professions et de l’art, sont plus ou moins mobilisées (Y. PESQUEUX et P. de ROZARIO). Les techniques de l’innovation sont propices à des expérimentations transmédia, et nous l’avons réalisé dans des contextes divers pour tester une méthodologie issue du « jeu des 7 familles transmédia », mais sans l’enjeu de la stratégie de communication de l’organisation en tant que telle. C’est ce que nous faisont maintenant.

La transdisciplinarité au sein même du dispositif transmédia peut être gérée par mobilisation de catégories, ou genres, déjà identifiées dans un but de classification. Le rôle de transmédiateur peut être étudié au regard de ces catégories également, mais ce n’est pas l’objet de recheche à ce stade ci. Une mise en ordre de données est réalisée sous forme de tableaux permettant la comparaison. J’ai remarqué que les dispositifs transmédia ont des points communs dans leur structure et il conviendra de les présenter. Cela permet de vérifier une liste de professions concernées.

Nous pourrons comparer des données au sujet de la distribution, diffusion ou dissémination de contenus, selon s’il y a une stratégie transmédia préalable, ceci dans une autre étape de recherche. Et en attendant voici des exemples d’indicateurs : comparaison de la performance en terme de créativité; valorisation des savoir-faire; étude du vocabulaire utilisé pour la cohésion du projet; choix des outils numériques; intégration de l’audience et modes d’interaction; nombre de vues de contenus réalisés et leur modèle économique; nombre d’acteurs impliqués; … Se pose alors la question des bonnes pratiques, sujet passionnant devant aussi faire l’objet d’une recherche.

Il y a eu participation d’une communauté internationale d’experts praticiens et chercheurs répertoriée, notamment les personnes qui ont contribué à une dialectique du concept transmédia, ou qui ont expérimenté le « jeu de cartes des 7 familles transmédia » (soit 100 experts ou artistes), ainsi que les professionnels rencontrés lors de conférences (Europe, USA, Canada, Brésil). La communauté est enrichie de 2 associations que j’ai fondée, dont ue dissoute, et celle du Brésil, Era Transmidia, dont je suis membre honorifique. Pendant 5 ans j’ai organisé des rencontres mensuelles professionnelles formelles et informelles, ouvertes au public, et ceci produit un corpus de cas. Des enregistrements audio, captures d’écran, notes et photos ont été réalisés. Une centaine d’études de cas sont sélectionnées avec leur contact direct auprès des auteurs ou producteurs dans plusieurs pays.

Le jeu des « 7 familles transmédia » que j’ai créé en décembre 2010,  fonctionne comme un « idéal type » (WEBER) en tant que méthodologie de création. Il a été distribué à 100 experts avec son questionnaire en 2011. Une preuve de concept a été réalisée en 2014 avec l’IRI Centre Pompidou. C’est un outil pédago-ludique qui met en scène 7 dimensions interdépendantes qui s’entrecroisent dans la fabrication d’une oeuvre ou campagne transmédia. Il est évolutif, faisant appel à l’intelligence collective, composé de 42 cartes correspondant à 42 rôles coopérant dans la création du dispositif transmédia. Il sert de support de facilitation, accompagne la mise en place d’ateliers de co-design, participe à l’analyse post facto d’un dispositif.

En terme de résultats, grâce au basculement depuis la méthodologie de la théorie ancrée vers l’éthnométhodologie, un nouveau schéma méthodologique avec des préconisations pour une stratégie intégrative et participative, numérique, voire analogique, dans un but d’optimisation des ressources, s’adresse aux organisations de tous les secteurs, pas seulement celles du secteur culturel. Le transmédiateur devra agir dans un système participatif et où son rôle de médiation est aussi facilitation, négociation et supervision de projet complexe. Il pourra sans doute optimiser non seulement les budgets mais aussi la durabilité des dispositifs et artefacts ainsi que la relation avec leurs audiences.

Tolkien and I at the BNF

I arrive at the giant door of the library. « Bibliothèque National de France« . A series of beautiful buildings commissioned by the former President of France, François Mitterand, dedicated to knowledge and research, as he was a highly educated man fan of literature.
Celebrating my very fist day in this life as a researcher, with a free access to the research section, committed to a new level of my own independent, pragmatic and transdisciplinary research. I organised my day: it is more difficult because of the issues I have encountered in my professional and personal life in the 5 recent years. I act as a handicapped woman to make sure I am going to be safe, nurtured, and able to accomplished some work. I have much less ability for huge tasks these days but my understanding of disciplines and techniques became much more accurate at the same time. My overview of 50 years of self learning, traveling, meetings, studies, art and work, provided to my mind (and heart) a lot more of global understandings and desire for making sense.
I enjoy and get prepared. The goal is to write.
The BNF has an agenda for cultural exhibitions. I am not concerned, at first, and I am not even interested since I have to commit to my goal, and it is hard. So I fake not seing the signs. I recall having been here before for my master degree in political communications, but I have forgotten all the details.
I have seen that TOLKIEN was the title of the exhibit but I was pushing his name away because I did not want to be influenced. Can one transmedia creator or academic not get influenced by Tolkien?
Tolkien storyworld has been important for me but furthermore is way of world building and the sustainability of the universe. The legacy from this beautiful mind is huge and so now I get it why it is all over the place at the BNF. Never mind, I push his name away because I want to concentrate on my topic: transmedia communication for innovative organisations.
The BNF is so big that it is a global perimeter of modern urban architecture with specific cultural points of access for the citizens. A neighbourhood. Kids rehearsed their dancing, tourists march in lines, students eat meals sitting on the ground, near by boats on the Seine river, beautiful skies open over the old Paris. It is the 21st century.
Epic Tolkien at the entrances. I have my eyes captured as I finish to descend the very long stairs and move forward the security portals. My eyes talk to my neuronal system: Stop. Did you notice my birth date? The exhibit is going to close on my birthday so it is written with large letters on the beautiful poster, very large, black, red and some white, with the Tolkien language and signs. Colors of my work, language of my storyworld, doors of my new life, direction for my writings. I was just saying to my little professional self that fiction is always the best for making sense… But corporations, institutions, do not deal with fiction. Except the BNF, which is her role.
In my professional and creative world, Tolkien can be used, even for communication strategies or operations and even for corporate communication. So I do not have to research more, I already have all the clues, I must just write.
I found it interesting lately, that I wanted to extract myself from the transmedia thinking process I started in 2010 and progress towards design thinking and innovation. Why? Now why. Can’t I just read the signs, trust Tolkien, and continue what I created? Can the community, the mean part of it, interrupt my world to the point where I need to switch? Fortunately, I reconnect with deep knowledge of making sense with fiction and I accept to step out of the box where I can explore, not to say exploit, proximity fields of studies that are linked to transmedia as a discipline in the great domain of communication.
If only Marshal McLuhan, Joseph Campbell and Tolkien could have this conversation.
For my birthday, the closing of the Tolkien exhibit and immersive event in Paris, I must have published my PhD proposal right here! So, let’s work. I joined a PhD incubator with the approval of a lab in the field of Innovation that has a section for Information and Communication Sciences. 7 years after meeting with the Director of the lab. After 10 versions of my proposal have been around 6 or 7 labs in France. Years I discuss whether or not I should do a PhD. Please, ask me to come teach in your town. Make it an American town. Language is not a barrier, I can progress in English, and I am still improving my native French, but I speak the language of the human mind and the human heart, as you do.
And-Joy.
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WTF a PhD?

I’ve seen the YouTubers about PhDs and it’s not what I’m looking for. But I found an interesting and well documented article on the New York Times. Well, it is the Times, indeed. It shows again the poor quality of content online and the need for reliable content (#BestPractices), even more we know that reliable content is not the same when it belongs to corporations or groups. Anyway. The topic is about doing/not doing a PhD.

Interestingly, PhD and Thesis mean two different things in French. As I am French, mixed with Belgium family and transformed by the American culture… So : PhD refers to a « Doctorate in PHilosophy » and is a result of a study in a specialised field.

The Thesis is the document a student presents to her peers at the end of the research process, it can be for a master or a PhD.

THE WHYs

For me a PhD starting after 50 years old is a complex approach. In my case, I have never learned the methodologies for research: I start from scratch. I did not have to research much for my Master degree, I used a professional project to build on and with. It took 6 years and many labs to finally come back to the former place and lab where everything started (Conservatoire des Arts et Métiers, Paris). And I am not even enrolled YET (2019).

Intellectually, it is fine, I have some comfort in terms of organisation and mentorship. But scientifically, I’m an outsider. I could secure some teaching along the way as I love being with students and I would like to teach abroad. Transmitting is valuable.

It will contribute to general progress in the field of communication and the humanities, I want to complete a knowledge base, I have so much case studies in my backpack!

Will it rise my consulting rates? Will it give this brand – Transmedia Ready – a better exposure across borders (do we need it?), will it help me work internationally as I used to do?

It pleases me to acquire more knowledge in the humanities, in management and design,  and it makes me feel great to express my ideas about experiences in the arts, content production, co-design, project management and business development from the p.o.v. of the creative industries. I also like to share knowledge on personal development and role playing in real life.

I am informed. PhD thesis do not get read by the public, not even the target audience, rarely by the experts. If I want my knowledge and experiences to be SPREADABLE, I need to publish my books!

Now, I’ve read so much B.S. about transmedia, I even read stuff transformed from my own teaching (plagiat)!

There is a great challenge at working in the country of France, it is to survive to mediocrity. But it is the only place where I can probably do the challenge almost for free. I am even considering a crowdfunding campaign for this project as I will need to work more than ever, and dedicate 3 years at least. As if I have not done so yet! Lots of laughing.

Cheers To Peers!