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1 idée de la recherche + 1 idée du design = une somme d’idées

Diverses approches en Recherche Action. Diverses façons de penser et d’organiser la recherche quand on intervient sur les terrains, « fields work », et que l’on engendre construits, objets de recherche, artefacts,  méthodes, voir un nouveau métier…

Pour cloturer mon année 2022, depuis les plaines arides, et froides de l’hiver, du Kansas, après avoir visiter le Kentucky et ma bonne vieille île de Manhattan où j’ai commencé mar carrière, j’accueille des progrès et j’adapte ma stratégie de recherche académique pour un futur proche qui me ramènera sur les terrains.

Cette complexité typique des sciences humaines ne peut être évitée, on y est confronté quand on veut obtenir un diplôme, un titre, une publication, mais on peut décider d’y être confronté pour une raison purement intellectuelle, pratique, visant simplement à se faire comprendre du plus grand nombre. Il ne s’agit pas de vulgariser à outrance, mais de « parler » aux chercheurs, qui deviennent des « juges », avant de s’adresser aux professionnels et aux acteurs de terrain qui sont en fait les « end users », ceux pour qui les doctorants dont je fais partie maintenant, travaillent bénévolement et durement pour « faire avancer la science… ». Passons le paradoxe du manque d’argent dans les actions de recherche indépendante et académique. Allons directement à la décision que je prends qui consiste à tout révéler mais par étapes. La première étape consiste à convaincre des chercheurs, des professeurs, des directeurs de recherche, par la précision et la qualité d’une thèse écrite dans un format imposé mais que je peux modeler en fonction des disciplines que je revendique. Je ne pose pas une thèse, je la soumets. Si elle est acceptée je peux la transformer pour servir les intérêts des destinataires finaux, les professionnels, c’est à dire un monde hors académie, des « milieux ».  (Et là, désolée, je pense à Tolkien avec la « Terre du Milieu »…).

Corvette Museum, Bowling Green, Kentucky, 2022, Pix by KK
Corvette Museum, Kentucky 2022, Pix by KH

Je règle des problèmes (« problem-solving ») en étant seule et jugée. On dirait les épreuves subies quand j’étais dans ce qu’on appelait « le cinéma indépendant »… Une forme de résilience m’habite. Un apétit pour l’apprentissage est terriblement nécessaire, sans lui, pas de thèse, pas de juges, pas de publications, pas de public, plus de stratégie.

Problème n°1 

Mon cadre théorique et mon cadre épistémologique.  Ils varient, mais cela n’est pas possible en tradition scientifique. J’ai résolu ce problème, cela m’a pris 3 années. Des synchronicités m’ont aidées. Il y a cette idée des « Transmedia Studies » qui ont émergées depuis 2016, plus précisemment en 2019. Il y a aussi cette idée que, du constructivisme évident dans lequel je m’inscris comme créatrice, curatrice et doctorante, je passe à un fonctionalisme qui consiste à présenter la thèse comme quoi le rôle de transmédiateur est nécessaire pour orchestrer la création transmédiatique et que cela sert toutes les organisations y compris, et surtout, en dehors des industries du divertissement. Reste que l’ontologie nécessaire à la recherche doit être précisée : j’ai décidé d’appeler les projets transmédiatiques, ces créations artistiques ou campagnes de marketing, des « projets-situations » (et non des « créations »), pour me faire comprendre des sociologues et pour me différencier dans la discipline de gestion où je vais puiser des ressources en management de projet.

Problème n°2

En production cinématographique, multimédia, transmédia, ces secteurs d’où je viens, mes « milieux » avec un parcours de long terme, que ce soit avec ou sans objets numériques dédiés au marketing des organisations (par exemple un film publicitaire ou une stratégie marketing transmédiatique), il y a une condition sine qua non à la réalisation du projet : réunir les compétences, les spécialités nécessaires au design, à la production et à la distribution (ou dissémination). Ce problème est inhérent aux ICC – Industries Culturelles et Créatives – ce pourquoi les praticiens de ces industries ont l’habitude de le gérer au quotidien. Il s’agit d’un problème de ressources humaines, mais aussi de management de projet. Les sociologies de l’art et des professions connaîssent bien cette dimension de la création artistique. Les sciences de gestion peuvent maintenant (depuis les années 2010 particulièrement) s’y intéresser car cette dimension atteind tous les secteurs (hors ICC) pour diverses raisons que je listerais par souci de contextualisation, mais qui demandent une étude particulière en GRH. Solution : transdisciplinarité. 

Problème n°3 : Design or Not Design? 

Et si on arrêtait de se poser trop de questions au sujet du design ? Si le design était accepté, organique, consensuel, simple, large, ouvert, voire symbolique, et que « sa légitimité sociale et professionnelle » (Hatchuel, 2005) n’avait pas besoin de justifier de son identité ? Depuis 2005, l’analyse de la conception (depuis Simon, 1969) a fait chemin avec les travaux en recherche et les « Design Studies » ont pris leur place en anglais et en français dans le monde académique. Avec des hésitations qui font beaucoup de bruit, est-ce pour rien ? Du bruit autour des contrastes entre sciences et arts, au pluriel, au singulier.

Dans mon enfance le design était présent. C’était le mot prononcé par mes parents. Les années 60 ont développé ce terme dans un cercle parisien avec des marques comme Knoll, Yves St Laurent, Din Van, et autres noms qui resonnait comme des sapins de Noël, comme des Lalique, dans nos oreilles d’enfants d’une bourgeoisie éteinte par la guerre. Je faisais des dessins avec des outils magiques, des crayons et stylos conçus pour les « architectes ». Il y avait des ustensiles que mon père utilisait sur des planches penchées, et il y avait des « plans ». A l’école, nous devions remplir des fiches au stylo plume (j’ai même connu l’encrier et la plume au cours préparatoire, avec des buvards). Profession des parents ? Personne ne savait ce que « designer » voulait dire, « architecte d’intérieur » est alors devenu « décorateur ». Philippe Stark exposait déjà au Grand Palais où mon père m’avait emmenée penant les préparatifs des stands d’exposition. J’ai toujours été dans les coulisses. Mais cela n’a pas duré, il y a eu un crash grandiose dans ma famille d’origine. Plus tard, j’ai connu une famille de coeur chez Johannes Regn, designer allemand installé à Manhattan. Sa fille Iris est designer aussi. Elle a une spécialité que je ne sais nommée, les termes signifiant différemment selon les langues et les « milieux ». Les Regn sont allemands, américains, koréens, mais surtout ouverts, talentueux, fidèles. Plus tard dans la vie, toujours à Manhattan, j’ai connu et je discute du design avec Lee Sean Huang, designer et enseignant en design. Il est américain de plusieurs origines. J’avais beaucoup discuté avec Stephen Dinehart qui a promu le terme « Narrative Designer ». Et ainsi de suite, le design m’a accompagnée pendant plus de 50 ans. Il ne reste qu’une table Knoll d’un héritage culturel familial matérialisé par des objets, et ainsi je passe aux actions de design. Ce qu’il reste ce sont les idées : l’esprit, mais pas celui (« L’esprit design ») de Tim Brown, pas la veine Design Thinking, une veine plus symbolique encore, une veine plus profondemment transformante, c’est à dire à la fois transformatrice (génératrice d’individuation) et transformée en permanence. C’est l’esprit design, et non l’esprit du design. C’est une façon de penser plutôt que de concevoir, et c’est une pensée en systèmes que la plupart des gens appellent « créativité » par erreur, mais qui est juste un peu plus que çà, un peu plus que les termes abusés de créativité, d’agilité, de réflexivité. Il me reste une autre décennie pour tenter d’expliquer ce « juste un peu plus que », cet élément quantique qui devrait justifier de l’esprit design.

L’esprit design est plus que des méthodes, des outils, des façons de travailler en coopération. Il est aussi plus que l’innovation si l’innovation est l’art de créer du nouveau. L’esprit design peut être rétroactif. Quand on aime les objets vintage, ce n’est ni innovant, ni nouveau, ni créateur, on aime avec l’esprit design parce qu’il y a quelque chose de l’esthérique et du style, de l’ergonomie, mais aussi de l’histoire, et du narratif (ici on peut sortir le gros mot de « storytelling »).

Il y a du narratif et du sensoriel dans l’esprit design et cela n’est pas forcément ni matérialisable, ni à matérialiser.

Ces affirmations subjectives et assumées mériteraient un développement et des justifications. Il y a d’ailleurs matière à le faire du point de vue de la recherche étant donné la somme d’articles publiés aujourd’hui en Design Studies. Mais mon travail actuel concerne un design transmédique difficile à prouver, alors je gère les données, les références et les idées avec précautions et je ne vais pas m’aventurer dans une idée philosophique à propos du design.

En 1999 j’ai découvert la pratique professionnelle de l’ingénierie culturelle (avec une équipe de Jean Nouvel, d’ailleurs). En 2020, j’ai découvert une ingénierie de la conception qui est dans le domaine des sciences et techniques, mais aussi du management, et c’est sans compter les liens forts et nécessaires avec l’informatique, le « computing » et ce qu’on appelle l’intelligence articielle. Je vois bien les ramifications de ces travaux mais lorsqu’il s’agit d’une ingénierie de conception liée à l’esprit design et à la création artisique qui sert les intérêts des organisations, je ne vois plus rien. Il y a un espace d’argumenation qui dégage une histoire de l’art numérique, certes, et je vois bien les liens entre « digital art » et « media studies » en passant par les humanités numériques, mais lorsqu’il s’agit de voir plus macro, plus ouvert, les fils entre les noyaux du système complexe sont moins résistants. De ce fait, c’est mon problème n°3 non résolu.

L’esprit design ne tient pas dans les systèmes actuels où je m’adresse, à la fois à l’académie et aux professionnels, car les bases ne sont pas assez solides, à ce stade, pour me donner la liberté d’une coopération créative. Chacun tire les ficelles à soi : les disciplines, les égos, les budgets, les besoins, les modes, et même les crises ! Telle crise est plus importante que celle-là,  une pandémie, ou une guerre, un crash boursier, un ouragan et une canicule. Au final on a toujours pas résolu le problème de la transdisciplinarité, ni de sa soeur jumelle, la complexité. Un « crossover effect » qui « produit l’hybridité » (Art Deco and the Modernism in the 20s,  Cliff, S., in French Style And Decoration, Thames & Hudson, NY, 1999, 2008, p. 224).

Journée d’étude INSEAC 2022 : 2è partie

Voici mon texte pour la préparation de la Journée d’étude de l’Institut National Supérieur de l’Education Artistique et Culturelle – INSEAC –  qui se trouve à Guingamp, Bretagne, Côtes-d’Armor,  et au sein du laboratoire de recherche où j’effectue mon doctorat actuellement (DICEN IDF). La thématique à laquelle j’ai répondu est la suivante :

L’Education Artistique et Culturelle à travers ses Ressources

En partie 1 de cette série spéciale INSEAC, se trouve mon retour d’expérience avec illustrations et son album photos : INSEAC 2022, 1ère partie

J’ai pu discuter avec des chercheurs, des enseignants et des étudiants, confronter mes résultats de recherche sur le long terme avec des personnes averties mais qui ne connaissent pas forcément les travaux sur l’étendue du concept de transmédialité. A la demande d’une étudiante de master de l’INSEAC, je partage des informations complémentaires à la présentation orale de septembre : le texte ci-après est celui soumis au comité de lecture (comité scientifique), et la bibliographie est celle soumise mais complétée (ci-dessous).

On me pose la question de savoir si je crée des outils pour la narration transmédia ? Je crée une méthode travail mais pas exactement pour l’aspect diégétique de l’oeuvre transmédiatique, ou de la campagne de communication,  je m’intéresse à la coopération entre les créateurs de l’oeuvre ou de la campagne, et à la pratique professionnelle de la stratégie transmédia en général. J’ai créé un outil pour faciliter la co-création transmédiatique, d’une part, et je continue à étudier les actions des acteurs  « invisibles » qui favorisent cette création, la co-création, le co-design, la communication  transmédiatique. Je m’intéresse aux communautés de pratique, à la convergence humaine, à la transmédiation que je différencie de la transmédiatisation. Un de mes postulats suppose que nous ne pouvons pas créer d’expérience transmédiatique sans la coopération avec d’autres designers ou personnes avec des compétences complémentaires aux notres, l’hypothèse montre l’émergence d’un rôle fonctionnel que j’appelle « transmédiateur.e », mais aussi pour mieux vulgariser : « orchestrateur.e ». Je propose une typologie des transmédias pour pouvoir aboutir à ma démonstration qui stipule que le transmédiateur favorise la communication de toutes les organisations, pas seulement celles des industries du secteur culturel.

Pour l’INSEAC en septembre, j’ai réfléchis aux ressources en tant que « ressources humaines » en lieu et place de ressources documentaires ou techniques. Car lorsqu’il s’agit de coopération, il s’agit de relations humaines. Lorsqu’il s’agit de co-création, il s’agit de compétences humaines. S’il s’agit de ressources, ce sont bien des ressources humaines.

Texte d’introduction EAC et ses ressources :

Dans les métiers du cinéma les humains sont des ressources à part entière, faisant l’objet de contrats, de polices d’assurance, de listes technique et artistique. Le talent influe la négociation en tant que ressource inestimable au sens propre et figuré. Se déclinent alors des spécialités en tant que ressources humaines des industries culturelles et créatives qui intéressent une socio-économie en dehors des métiers de la culture. La profession de médiateur culturel a eu besoin s’institutionnaliser et celui de facilitateur est en train de le faire à travers les sciences de gestion. La continuité des travaux sur le concept transmédia, en SIC, se précise en 2019 par la proposition d’une discipline « Transmedia Studies » que nous associons aux enjeux des nouveaux métiers, pour lesquels nous envisageons les dispositifs en tant que systèmes et l’activité comme processus. La médiation que nous analysons s’inscrit dans ces pratiques artistiques et professionnelles avec une ethno-méthodologie justifiée par 30 années de pratique au sein des industries culturelles. Ainsi nous avons observé un rôle de l’invisible dans l’activité de production et de médiation, celui d’orchestrateur, infiltré, facilitateur et médiateur, dans une intermédiation au-delà d’un soutien technique, artistique, logistique et relationnel. Il ou elle est révélateur.e de ressources. Emerge une méta fonction qui vise à articuler une nécessaire cohérence des contenus et des formes de plus en plus hybrides. Ce trans-médiateur.e peut « mettre en média », véritable trans-médiatisation. Considérant comme ressources, d’une part les spécialités humaines mises en harmonie dans la réalisation de l’oeuvre, et des ressources diégétiques en tant que fragments à articuler dans une oeuvre multidimensionnelle, émerge une figure de transmédiateur.e en tant que rôle joker acteur invisible de la création. L’harmonisation va au-delà quand une transmédiation opère : mettre en résonance et cohérence des ressources non humaines, artistiques, techniques, providentielles ou préméditées. L’ensemble de ces ressources ne formerait-il pas la palette d’un métier de l’invisible pour l’EAC ? 

BIBLIOGRAPHIE : sélection complétée

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2017, pourquoi ma stratégie des 7 familles transmédia à marché.

7 années, « cette année », de recul : 2017, l’avenir en perspectives, au pluriel. 
Lors du lancement du jeu des 7 familles transmédia en décembre 2010, ce fut le chaos de la créativité pro-active et le début d’une communauté de chercheurs et praticiens en design transmédia à travers le monde.
En effet, plusieurs zones géographiques ont été couvertes volontairement, et, grâce à l’aide du réalisateur transmédia canadien, pionnier, Pierre Côté, j’ai pu réaliser une expérimentation originale, amusante, utile, collaborative et généreuse. Merci à tous ceux qui ont bénévolement contribué, donné de leur temps et de leur savoir.
Quand on commence à surfer sur la vague de la co-création, sans cadre et de façon très ouverte, à la mode « Open Source » et dans un but d’innovation, soyons clairs : on en prend plein la gueule. Pourtant, les affres de l’expérimentation et de la création sont compensés par les bonheurs des relations fructueuses et des résultats intellectuels mis en valeur par les communautés qui communiquent entre elles.
Ce type de communication entre communautés durables ou éphémères, dispersées sur la toile, trans-culturelles, je les appelle les « Groupes Transients ». Ils sont la famille « Communautés » du jeu des 7 familles transmédia. Ce thème fera l’objet d’un article à part entière. Je souhaite faire référence au concept de « Return on Relationships » – @R_onR , qui, petit à petit, fait son chemin vers le ROI – Return On Investment.
Tous les concepts que j’ai appris à observer depuis la crise mondiale de 2008, dans la trans-disciplinarité, se conjuguent, pour atteindre un objectif commun sans le savoir au départ. Cet objectif, c’est ce que j’appelle la « Slow Revolution ».
Aujourd’hui, en 2017, on parle de transition numérique, de conduite du changement, de l’innovation ouverte, … C’est un tout, un éco-système, transient aussi, volubile, qui s’adapte à l’actualité, mais qui ne cesse de progresser vers cette nouvelle civilisation dont parlait Edgar Morin, servie par l’intelligence collective, dont parlait Pierre Levy, qui elle est disparate en fonction des rôles professionnels que chacun prend et va prendre :
  • industries et secteurs professionnels,
  • cultures et géolocalisation,
  • rôles socio-culturels et leur communication interpersonnelle.
Gif by Isabel Chiara for #NextLeap 2017
Gif by Isabel Chiara 2017
En 2010, en résidence d’artiste, je savais pertinemment ce que je faisais, et donc je savais que je ne connaitrais jamais tous les résultats, que je lançais un caillou dans l’eau en espérant me nourrir des ondes. Je faisais don au bien commun (les Commons) d’une partie de mes travaux pour contribuer à la révolution lente qui avait déjà commencée. Pour moi le peak était le rapport Stiglitz – @JosephEStiglitz, prix Nobel d’économie, rapport remis à Sarkozy, en 2009 présentant notamment les travaux sur l’indice de bonheur, donc la prise en compte de paramètres originaux et humanistes, en phase avec les pratiques qui allaient venir dans les organisations et chez chacun des humains cultivés et en recherche.
Sachant qu’Edgar Morin, inventeur de la pensée complexe et maître de la trans-disciplinarité, que j’ai eu le plaisir de rencontré, avait été convié à donné son avis au gouvernement, je me sentais à l’aise avec l’idée de ne plus être dans un positionnement politique typiquement français, droite ou gauche, mais de rester non seulement au centre, mais sans ou ne plus appartenir à un parti, tant que la conscience collective n’avait pas progressé sur le changement de civilisation (idée de Morin, reprise par Sarkozy).
L’heure est venue. N’est ce pas ?
De dizaines d’années en dizaines d’années, on finit quand même par se rendre compte des choses. Pendant ce temps là, on a mal éduqué les générations présentes et à venir. Alors le paquet doit être mis sur l’éducation et tous les apprentissages. On le sait depuis l’antiquité. Je suis heureuse, chaque semaine, de voir que des indépendants, des créatifs, des experts, changent le monde de l’éducation, y compris en France. De même, je suis heureuse de voir que les idées et pratiques innovantes sont maintenant dans les entreprises et les organisations (cf. l’entreprise dite libérée). Le changement s’est immiscé partout de façon subtile, grâce à l’acharnement de certains d’entre nous. Ne lâchons pas. Le temps arrive. Bien sûr, je le subis aussi chaque semaine, il manque le Savoir et la mise en pratique dans 80% des cas, mais les petits 20% dont nous faisons partie suffisent à nous recadrer quand on doit se remettre au travail. Ne lâchons rien.
Dans une pratique indépendante de recherche et de développement, on subit les trahisons et le manque de loyauté en tout genre, c’est un classique dans le monde des affaires, mais aussi dans les industries créatives. Encore plus en France qui est la nation de la protection du droit d’auteur ! Alors, quand on jongle avec des licences appelées Creative Commons ou même Copyleft, on devient à la fois une pionnière et un mouton à 5 pattes, donc l’artiste qu’il faut abattre pour les industriels. Je me suis battue contre des mastodontes, pas des moindres puisque Orange avait déposé le mot transmédia à l’INPI, entre autres termes usuels du vocabulaire français. Battue aussi pour maintenir le niveau intellectuel pour faire face à des mauvaises pratiques professionnelles, voire douteuses, tant par les privés (petites agences, freelances), que dans le secteur public (agences de l’état, organisations subventionnées). Je vois d’ailleurs l’argent des contribuables toujours aussi mal réinvesti, surtout dans le domaine des média et de l’innovation numérique. Ah, tiens, pendant que j’y suis, ayant fait partie des startups de la fameuse French Tech, je peux témoigner que c’est beaucoup de paroles et peu de concret, que ce sont les créatifs indépendants, autonomes et non subventionnés,qui servent bien les intérêts des politiques et pas l’inverse.
A quoi me sert la « French Tech » pour l’art du message, du récit, et de la co-création ? (à rien).
Aujourd’hui, l’aspect socio-culturel que j’ai toujours prôné est repris dans les industries créatives. Les industriels et marketers eux se rabattent, comme prévu, sur la réalité virtuelle : VR, nouvel eldorado. Tant mieux. D’une part les vrais transmédiateurs vont pouvoir exercer, et on a commencé, d’autre part, il faut bien se coller au nouveau paradigme de la réalité virtuelle.
Tout un nouveau pan de l’art du message, du récit, de la création, doit être revu pour tous les métiers de la communication, au sens large. Encore plus pour les outils et dispositifs qui émergents. On va pouvoir enfin bénéficier de notre lente révolution pour travailler avec les « groupes transients« , en « open source » (et donc avec une certaine mise en application de notre philosophie et de la « culture ouverte« ), dans un univers narratif étendu, où les « contenus générés par utilisateurs » ne sont pas que l’apanage des agences de publicités, qui de toute façon vont finir par disparaître… Dans 10 ans, les créatifs seront à l’intérieur des entreprises et organisations, les designers transmédia seront des transmédiateurs au bénéfice des équipes agiles, ce qui sera moins couteux et plus efficace. Y compris pour tout ce qui sera le « brand content », la culture de marque, la communication interne et externe, en BtoB et en BtoC. On a déjà commencé… L’intelligence collective prend le dessus. Le manque de savoir faire en bonnes et meilleures pratiques va se ressentir encore plus. Vient le temps des consultants experts, qui ont vraiment une expertise et pas seulement de l’audace et des doigts pour les claviers.
Qualité, polyvalence, éthique.
Grâce à la pertinence de certains de mes choix éthiques, les parasites sont partis d’eux mêmes, comme à chaque fois. Mais ce n’est pas sans douleur. J’ai constaté aussi que mes idées sur le concept transmédia avaient délibérément influencé des praticiens et chercheurs, en France et à l’étranger, jusqu’à Hollywood et Bolywood, auprès des doctorants, et que certaines idées avaient été appliquées. Bien sur il manque les mentions, références et citations pour la plupart du temps. Parfois même, le regard de ceux qui m’ont abusée tombe devant moi quand je les regarde en face. Mais j’ai gardé le bon relationnel avec les alter égo, ceux qui sont dans la même mouvance, transparence et loyauté. Comme par hasard, je constate que ceux-ci sont les plus doués aussi. Je retrouve ainsi toute la pertinence des choix et des crédo de 2011 quand je proposais des concepts bien au delà de la production de contenus ou des plateformes interactives pour ces contenus. Quand j’annonçais le retour de la « qualité », je parlais d’un label de qualité, qui reste à créer, et non des valeurs, qui sont deux choses différentes. L’avenir ira dans le sens du besoin de qualité. Quand je parlais du retour de la polyvalence, je parlais des talents dans le sens des ressources humaines, ce qui n’exclut en rien le besoin d’expertise, mais je mets ainsi en valeur les atouts des personnes d’expérience, douées, qui travaillent à se former. La polyvalence est d’ailleurs devenu un pré-requis, surtout quand vous lisez les profils de postes sur les sites de recherches d’emploi !
Qualité, polyvalence, éthique, seront les piliers qui vont permettre de codifier des pratiques professionnelles créatives du monde qui vient déjà, où l’on va différencier la collaboration de la coopération, de la co-création, tâche difficile que les 7 familles transmédia ont commencée en 2010.