Archives pour la catégorie Webisodes KH archives

1 idée de la recherche + 1 idée du design = une somme d’idées

Diverses approches en Recherche Action. Diverses façons de penser et d’organiser la recherche quand on intervient sur les terrains, « fields work », et que l’on engendre construits, objets de recherche, artefacts,  méthodes, voir un nouveau métier…

Pour cloturer mon année 2022, depuis les plaines arides, et froides de l’hiver, du Kansas, après avoir visiter le Kentucky et ma bonne vieille île de Manhattan où j’ai commencé mar carrière, j’accueille des progrès et j’adapte ma stratégie de recherche académique pour un futur proche qui me ramènera sur les terrains.

Cette complexité typique des sciences humaines ne peut être évitée, on y est confronté quand on veut obtenir un diplôme, un titre, une publication, mais on peut décider d’y être confronté pour une raison purement intellectuelle, pratique, visant simplement à se faire comprendre du plus grand nombre. Il ne s’agit pas de vulgariser à outrance, mais de « parler » aux chercheurs, qui deviennent des « juges », avant de s’adresser aux professionnels et aux acteurs de terrain qui sont en fait les « end users », ceux pour qui les doctorants dont je fais partie maintenant, travaillent bénévolement et durement pour « faire avancer la science… ». Passons le paradoxe du manque d’argent dans les actions de recherche indépendante et académique. Allons directement à la décision que je prends qui consiste à tout révéler mais par étapes. La première étape consiste à convaincre des chercheurs, des professeurs, des directeurs de recherche, par la précision et la qualité d’une thèse écrite dans un format imposé mais que je peux modeler en fonction des disciplines que je revendique. Je ne pose pas une thèse, je la soumets. Si elle est acceptée je peux la transformer pour servir les intérêts des destinataires finaux, les professionnels, c’est à dire un monde hors académie, des « milieux ».  (Et là, désolée, je pense à Tolkien avec la « Terre du Milieu »…).

Corvette Museum, Bowling Green, Kentucky, 2022, Pix by KK
Corvette Museum, Kentucky 2022, Pix by KH

Je règle des problèmes (« problem-solving ») en étant seule et jugée. On dirait les épreuves subies quand j’étais dans ce qu’on appelait « le cinéma indépendant »… Une forme de résilience m’habite. Un apétit pour l’apprentissage est terriblement nécessaire, sans lui, pas de thèse, pas de juges, pas de publications, pas de public, plus de stratégie.

Problème n°1 

Mon cadre théorique et mon cadre épistémologique.  Ils varient, mais cela n’est pas possible en tradition scientifique. J’ai résolu ce problème, cela m’a pris 3 années. Des synchronicités m’ont aidées. Il y a cette idée des « Transmedia Studies » qui ont émergées depuis 2016, plus précisemment en 2019. Il y a aussi cette idée que, du constructivisme évident dans lequel je m’inscris comme créatrice, curatrice et doctorante, je passe à un fonctionalisme qui consiste à présenter la thèse comme quoi le rôle de transmédiateur est nécessaire pour orchestrer la création transmédiatique et que cela sert toutes les organisations y compris, et surtout, en dehors des industries du divertissement. Reste que l’ontologie nécessaire à la recherche doit être précisée : j’ai décidé d’appeler les projets transmédiatiques, ces créations artistiques ou campagnes de marketing, des « projets-situations » (et non des « créations »), pour me faire comprendre des sociologues et pour me différencier dans la discipline de gestion où je vais puiser des ressources en management de projet.

Problème n°2

En production cinématographique, multimédia, transmédia, ces secteurs d’où je viens, mes « milieux » avec un parcours de long terme, que ce soit avec ou sans objets numériques dédiés au marketing des organisations (par exemple un film publicitaire ou une stratégie marketing transmédiatique), il y a une condition sine qua non à la réalisation du projet : réunir les compétences, les spécialités nécessaires au design, à la production et à la distribution (ou dissémination). Ce problème est inhérent aux ICC – Industries Culturelles et Créatives – ce pourquoi les praticiens de ces industries ont l’habitude de le gérer au quotidien. Il s’agit d’un problème de ressources humaines, mais aussi de management de projet. Les sociologies de l’art et des professions connaîssent bien cette dimension de la création artistique. Les sciences de gestion peuvent maintenant (depuis les années 2010 particulièrement) s’y intéresser car cette dimension atteind tous les secteurs (hors ICC) pour diverses raisons que je listerais par souci de contextualisation, mais qui demandent une étude particulière en GRH. Solution : transdisciplinarité. 

Problème n°3 : Design or Not Design? 

Et si on arrêtait de se poser trop de questions au sujet du design ? Si le design était accepté, organique, consensuel, simple, large, ouvert, voire symbolique, et que « sa légitimité sociale et professionnelle » (Hatchuel, 2005) n’avait pas besoin de justifier de son identité ? Depuis 2005, l’analyse de la conception (depuis Simon, 1969) a fait chemin avec les travaux en recherche et les « Design Studies » ont pris leur place en anglais et en français dans le monde académique. Avec des hésitations qui font beaucoup de bruit, est-ce pour rien ? Du bruit autour des contrastes entre sciences et arts, au pluriel, au singulier.

Dans mon enfance le design était présent. C’était le mot prononcé par mes parents. Les années 60 ont développé ce terme dans un cercle parisien avec des marques comme Knoll, Yves St Laurent, Din Van, et autres noms qui resonnait comme des sapins de Noël, comme des Lalique, dans nos oreilles d’enfants d’une bourgeoisie éteinte par la guerre. Je faisais des dessins avec des outils magiques, des crayons et stylos conçus pour les « architectes ». Il y avait des ustensiles que mon père utilisait sur des planches penchées, et il y avait des « plans ». A l’école, nous devions remplir des fiches au stylo plume (j’ai même connu l’encrier et la plume au cours préparatoire, avec des buvards). Profession des parents ? Personne ne savait ce que « designer » voulait dire, « architecte d’intérieur » est alors devenu « décorateur ». Philippe Stark exposait déjà au Grand Palais où mon père m’avait emmenée penant les préparatifs des stands d’exposition. J’ai toujours été dans les coulisses. Mais cela n’a pas duré, il y a eu un crash grandiose dans ma famille d’origine. Plus tard, j’ai connu une famille de coeur chez Johannes Regn, designer allemand installé à Manhattan. Sa fille Iris est designer aussi. Elle a une spécialité que je ne sais nommée, les termes signifiant différemment selon les langues et les « milieux ». Les Regn sont allemands, américains, koréens, mais surtout ouverts, talentueux, fidèles. Plus tard dans la vie, toujours à Manhattan, j’ai connu et je discute du design avec Lee Sean Huang, designer et enseignant en design. Il est américain de plusieurs origines. J’avais beaucoup discuté avec Stephen Dinehart qui a promu le terme « Narrative Designer ». Et ainsi de suite, le design m’a accompagnée pendant plus de 50 ans. Il ne reste qu’une table Knoll d’un héritage culturel familial matérialisé par des objets, et ainsi je passe aux actions de design. Ce qu’il reste ce sont les idées : l’esprit, mais pas celui (« L’esprit design ») de Tim Brown, pas la veine Design Thinking, une veine plus symbolique encore, une veine plus profondemment transformante, c’est à dire à la fois transformatrice (génératrice d’individuation) et transformée en permanence. C’est l’esprit design, et non l’esprit du design. C’est une façon de penser plutôt que de concevoir, et c’est une pensée en systèmes que la plupart des gens appellent « créativité » par erreur, mais qui est juste un peu plus que çà, un peu plus que les termes abusés de créativité, d’agilité, de réflexivité. Il me reste une autre décennie pour tenter d’expliquer ce « juste un peu plus que », cet élément quantique qui devrait justifier de l’esprit design.

L’esprit design est plus que des méthodes, des outils, des façons de travailler en coopération. Il est aussi plus que l’innovation si l’innovation est l’art de créer du nouveau. L’esprit design peut être rétroactif. Quand on aime les objets vintage, ce n’est ni innovant, ni nouveau, ni créateur, on aime avec l’esprit design parce qu’il y a quelque chose de l’esthérique et du style, de l’ergonomie, mais aussi de l’histoire, et du narratif (ici on peut sortir le gros mot de « storytelling »).

Il y a du narratif et du sensoriel dans l’esprit design et cela n’est pas forcément ni matérialisable, ni à matérialiser.

Ces affirmations subjectives et assumées mériteraient un développement et des justifications. Il y a d’ailleurs matière à le faire du point de vue de la recherche étant donné la somme d’articles publiés aujourd’hui en Design Studies. Mais mon travail actuel concerne un design transmédique difficile à prouver, alors je gère les données, les références et les idées avec précautions et je ne vais pas m’aventurer dans une idée philosophique à propos du design.

En 1999 j’ai découvert la pratique professionnelle de l’ingénierie culturelle (avec une équipe de Jean Nouvel, d’ailleurs). En 2020, j’ai découvert une ingénierie de la conception qui est dans le domaine des sciences et techniques, mais aussi du management, et c’est sans compter les liens forts et nécessaires avec l’informatique, le « computing » et ce qu’on appelle l’intelligence articielle. Je vois bien les ramifications de ces travaux mais lorsqu’il s’agit d’une ingénierie de conception liée à l’esprit design et à la création artisique qui sert les intérêts des organisations, je ne vois plus rien. Il y a un espace d’argumenation qui dégage une histoire de l’art numérique, certes, et je vois bien les liens entre « digital art » et « media studies » en passant par les humanités numériques, mais lorsqu’il s’agit de voir plus macro, plus ouvert, les fils entre les noyaux du système complexe sont moins résistants. De ce fait, c’est mon problème n°3 non résolu.

L’esprit design ne tient pas dans les systèmes actuels où je m’adresse, à la fois à l’académie et aux professionnels, car les bases ne sont pas assez solides, à ce stade, pour me donner la liberté d’une coopération créative. Chacun tire les ficelles à soi : les disciplines, les égos, les budgets, les besoins, les modes, et même les crises ! Telle crise est plus importante que celle-là,  une pandémie, ou une guerre, un crash boursier, un ouragan et une canicule. Au final on a toujours pas résolu le problème de la transdisciplinarité, ni de sa soeur jumelle, la complexité. Un « crossover effect » qui « produit l’hybridité » (Art Deco and the Modernism in the 20s,  Cliff, S., in French Style And Decoration, Thames & Hudson, NY, 1999, 2008, p. 224).

Journée d’étude INSEAC 2022 : 2è partie

Voici mon texte pour la préparation de la Journée d’étude de l’Institut National Supérieur de l’Education Artistique et Culturelle – INSEAC –  qui se trouve à Guingamp, Bretagne, Côtes-d’Armor,  et au sein du laboratoire de recherche où j’effectue mon doctorat actuellement (DICEN IDF). La thématique à laquelle j’ai répondu est la suivante :

L’Education Artistique et Culturelle à travers ses Ressources

En partie 1 de cette série spéciale INSEAC, se trouve mon retour d’expérience avec illustrations et son album photos : INSEAC 2022, 1ère partie

J’ai pu discuter avec des chercheurs, des enseignants et des étudiants, confronter mes résultats de recherche sur le long terme avec des personnes averties mais qui ne connaissent pas forcément les travaux sur l’étendue du concept de transmédialité. A la demande d’une étudiante de master de l’INSEAC, je partage des informations complémentaires à la présentation orale de septembre : le texte ci-après est celui soumis au comité de lecture (comité scientifique), et la bibliographie est celle soumise mais complétée (ci-dessous).

On me pose la question de savoir si je crée des outils pour la narration transmédia ? Je crée une méthode travail mais pas exactement pour l’aspect diégétique de l’oeuvre transmédiatique, ou de la campagne de communication,  je m’intéresse à la coopération entre les créateurs de l’oeuvre ou de la campagne, et à la pratique professionnelle de la stratégie transmédia en général. J’ai créé un outil pour faciliter la co-création transmédiatique, d’une part, et je continue à étudier les actions des acteurs  « invisibles » qui favorisent cette création, la co-création, le co-design, la communication  transmédiatique. Je m’intéresse aux communautés de pratique, à la convergence humaine, à la transmédiation que je différencie de la transmédiatisation. Un de mes postulats suppose que nous ne pouvons pas créer d’expérience transmédiatique sans la coopération avec d’autres designers ou personnes avec des compétences complémentaires aux notres, l’hypothèse montre l’émergence d’un rôle fonctionnel que j’appelle « transmédiateur.e », mais aussi pour mieux vulgariser : « orchestrateur.e ». Je propose une typologie des transmédias pour pouvoir aboutir à ma démonstration qui stipule que le transmédiateur favorise la communication de toutes les organisations, pas seulement celles des industries du secteur culturel.

Pour l’INSEAC en septembre, j’ai réfléchis aux ressources en tant que « ressources humaines » en lieu et place de ressources documentaires ou techniques. Car lorsqu’il s’agit de coopération, il s’agit de relations humaines. Lorsqu’il s’agit de co-création, il s’agit de compétences humaines. S’il s’agit de ressources, ce sont bien des ressources humaines.

Texte d’introduction EAC et ses ressources :

Dans les métiers du cinéma les humains sont des ressources à part entière, faisant l’objet de contrats, de polices d’assurance, de listes technique et artistique. Le talent influe la négociation en tant que ressource inestimable au sens propre et figuré. Se déclinent alors des spécialités en tant que ressources humaines des industries culturelles et créatives qui intéressent une socio-économie en dehors des métiers de la culture. La profession de médiateur culturel a eu besoin s’institutionnaliser et celui de facilitateur est en train de le faire à travers les sciences de gestion. La continuité des travaux sur le concept transmédia, en SIC, se précise en 2019 par la proposition d’une discipline « Transmedia Studies » que nous associons aux enjeux des nouveaux métiers, pour lesquels nous envisageons les dispositifs en tant que systèmes et l’activité comme processus. La médiation que nous analysons s’inscrit dans ces pratiques artistiques et professionnelles avec une ethno-méthodologie justifiée par 30 années de pratique au sein des industries culturelles. Ainsi nous avons observé un rôle de l’invisible dans l’activité de production et de médiation, celui d’orchestrateur, infiltré, facilitateur et médiateur, dans une intermédiation au-delà d’un soutien technique, artistique, logistique et relationnel. Il ou elle est révélateur.e de ressources. Emerge une méta fonction qui vise à articuler une nécessaire cohérence des contenus et des formes de plus en plus hybrides. Ce trans-médiateur.e peut « mettre en média », véritable trans-médiatisation. Considérant comme ressources, d’une part les spécialités humaines mises en harmonie dans la réalisation de l’oeuvre, et des ressources diégétiques en tant que fragments à articuler dans une oeuvre multidimensionnelle, émerge une figure de transmédiateur.e en tant que rôle joker acteur invisible de la création. L’harmonisation va au-delà quand une transmédiation opère : mettre en résonance et cohérence des ressources non humaines, artistiques, techniques, providentielles ou préméditées. L’ensemble de ces ressources ne formerait-il pas la palette d’un métier de l’invisible pour l’EAC ? 

BIBLIOGRAPHIE : sélection complétée

Arendt, H. (1958). Condition de l’homme moderne.

Andonova, Y. (2015). Approche critique des injonctions à la créativité: Relations entre secteur culturel et monde du travail industriel.

Baron, G.-L., & Zablot, S. (2017). De la constitution de ressources personnelles à la création de communautés formelles: Étude de cas en France. Review of science, mathematics and ICT education, 11(2), 27‑45.

Battentier, A., & Kuipers, G. (2020). Les intermédiaires techniques et l’agentivité des objets Comment les ingénieurs du son contribuent au sens des concerts (D. Rudy, Trad.). Revue de sciences sociales sur les arts, la culture et les idées, 6, Art. 6. https://doi.org/10.4000/bssg.442

Becker, H. S. (1974). Art as Collective Action. American Sociological Reviewe, 39(6).

Becker, H. S. (2002). Les ficelles du métier. La Découverte. https://www.editionsladecouverte.fr/les_ficelles_du_metier-9782707133700

Becker, H. S. (2003). Paroles et Musique (livre disque) (L’Harmattan). https://www.editions-harmattan.fr/index_harmattan.asp?navig=catalogue&obj=livre&razSqlClone=1&no=13399

Becker, H. S. (2008). Les Mondes de l’Art—Art Worlds 1982, 2008 25th Anniversary Edition UC Press.

Bethoux, E. (2018). Transmédiateur, un nouveau rôle pour l’Enseignant: Un expérience de terrain, Comment l’apport du concept transmédia peut transformer l’École. (Upblisher). http://fr.up-blisher.fr/extrait/bethoux/emmanuel/transmediateur-un-nouveau-role-pour-l-enseignant

BOJE al., D. (2019). Paradoxes of Creativity: Examining the Creative Process Through an Antenarrative Lens. The Journal of creative behavior, 1‑6. https://doi.org/DOI: 10.1002/jocb.224

Bordeaux, M.-C. (2017). Pour la généralisation de l’éducation artistique et culturelle… par les territoires. Nectart, 4(1), 57‑65. https://doi.org/10.3917/nect.004.0057

Brabazon, T. (2020). Multimodality. https://tarabrabazon.libsyn.com/smash-cut-multimodality

Brulhart, F., Guieu, G., Prévot, F., & Maltese, L. (2010). Théorie des ressources: Débats théoriques et applicabilités. Revue Française de Gestion, 204, 83‑86. https://doi.org/10.3166/RFG.204.83-86

Dena, C. (2009). Transmedia Practice: Theorising the Practice of Expressing a Fictional World across Distinct Media and Environments [Thèse]. University of Sydney Australia.

Deresiewicz, W. (2015). The Death of the Artist—And the Birth ofthe Creative Entrepreneur. http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2015/01/the-death-of-the-artist-and-the-birth-of-the-creative-entrepreneur/383497/

Deuze al., M. (2019). Making Media: Production, Practices, and Professions.

Jenkins, H. (2011). Transmedia 202: Further Reflections. http://henryjenkins.org/blog/2011/08/defining_transmedia_further_re.html

Le Deuff, O. (2015). Voyage en Translittéracie. INTERCDI n°255.

Luzeaux, D., & Ruault, J.-R. (2008). Systèmes de systèmes: Concepts et illustrations pratiques. Hermes Science Publications.

Mabi, C., & Zacklad, M. (2021). L’innovation collaborative aux prises avec les dispositifs info-communicationnels. Approches Theoriques en Information-Communication (ATIC), N° 2(1), 5‑10.

Maguire, J. S., & Matthews, J. (2012). Are we all cultural intermediaries now? An introduction to cultural intermediaries in context. European Journal of Cultural Studies, 15(5), 551‑562. https://doi.org/10.1177/1367549412445762

Malinas Damien. (2007). Transmettre une fois? Pour toujours? Portrait dynamique des festivaliers d’Avignon en public.

Masoni Lacroix (dir.), C., & Batazzi (dir.), C. (2008). L’émergence de formes. La forme réticulaire, de la culture à la communication. MEI | Médiation Et Information, 29. https://mei-info.com/revue/29/communication-organisation-symboles/

Menger, P.-M. (2005). Profession artiste—Extension du domaine de la création -… – Librairie Eyrolles.

Menger, P.-M. (2011). Les intermittents du spectacle. Sociologie du travail flexible. Liens Socio. http://journals.openedition.org/lectures/6067

Merzeau, L. (2013). Éditorialisation collaborative d’un événement. Communication et organisation. Revue scientifique francophone en Communication organisationnelle, 43,  105‑122 https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.4158

MOEGLIN, P. (2012). Une théorie pour penser les industries culturelles et informationnelles.

Octobre, Sylvie, interview, Rencontre avec la sociologue Sylvie Octobre, production Scènes d’enfance ASSITEJ (2021) https://www.youtube.com/watch?v=AnXfdBS1b5A 

Octobre, S. (2013). La transmission culturelle à l’ère digitale. L’Observatoire, 42(1), 98‑101. https://doi.org/10.3917/lobs.042.0098

Paris, T., & Massé, D. (2021). Le management des industries créatives: Un paradigme spécifique et des configurations organisationnelles variées. Revue Française de Gestion, 47(296), 51‑63. https://doi.org/10.3166/rfg.2021.00536

Peraya, D. (2010). Médiatisation et médiation. Des médias éducatifs aux ENT environnement num de travail (p. 33‑48). https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.14730

Rose, F. (2011). The Art Of Immersion: How the Digital Generation is Remaking Hollywood, Madison Avenue and the Way We Tell Stories. Norton.

Zacklad, M. (2012). Organisation et architecture des connaissances dans un contexte de transmédia documentaire: Les enjeux de la pervasivité. Etudes de communication, n° 39(2), 41‑63.

Zacklad, M., & Chatelier, P. (2020). La création participative transmédia contre la plateformisation: Le Général Instin modèle de l’antiplateforme culturelle. Plateformes contributives culturelles (ANR Collabora). https://anr-collabora.parisnanterre.fr/index.php/programme-du-colloque/

Une Education Artistique et Culturelle à ma joyeuse façon (INSEAC 1ère partie)

Prélude à une Éducation Artistique et Culturelle joyeuse

INSEAC 2022 by KH
INSEAC 2022 Parc du Chateau de la Roche Jagu, by KH

Ces passages du présent, qui est le futur depuis peu, et le passé, qui fait référence à des années de pratique, de vagabondages et expérimentations, au sein de ce qui est communément appelé les Industries Culturelles et Créatives – ICC –  font le lien avec les « allers-retours » (Howard BECKER) au sujet des méthodologies de recherche en sciences sociales, et que je mets volontiers au pluriel. Plus on avance dans le temps humain, plus on accumule ces allers-retours documentés qui façonnent notre vision du monde et étoffent notre carnet d’adresses. Mon fichier d’adresses, comme on l’appelait au 20e siècle, fut déposé à maintes reprises à la CNIL pour validation et archive qui était ensuite valorisé en tant qu’apport en industrie dans le capital d’une société de droit français, avec l’aval d’un commissaire aux comptes (en comptabilité donc). La valeur d’un « réseau » est un apport en capital, un « asset » en anglais, le réseau est monétisable, mais pas à la façon révolutionnairement numérique et mercantile de LinkedIn, juste à la façon traditionnelle des Relations Publiques, que j’aime beaucoup et qui forgent les communicants.

Les chercheurs et professeurs E.LALLEMENT, M.C.BORDEAUX, J.L. FABIANI, by KH
Les chercheurs et professeurs E.LALLEMENT, M.C.BORDEAUX, J.L. FABIANI, by KH

Article de blog, soit un « post » qui mate la confusion avec un article qui dans mon contexte se voudrait scientifique ? Je poste, du verbe français poster, qui fait penser à l’anglais « poster », objet que l’on présente dans les réseaux scientifiques. Aah les réseaux, scientifiques de surcroît ! Un réseau n’est pas forcément humain, or, ici on parle haut et fort d’humains. Quand j’entends le mot réseau c’est autant de câbles, que d’idées, que de relations !

INSEAC 2022, Parc du Chateau de la Roche Jagu, déjeuner des participants
INSEAC 2022 Parc du Chateau de la Roche Jagu, déjeuner des participants, by KH

Ces « assets« , des ressources qui augmentent la valeur.

Je traduis par acquis le terme anglais asset intraduisible en français, un apport, une valeur, les assets peuvent être tangibles et intangibles. De plus, et c’est ce que j’avais voulu présenter ce 8 septembre 2022 à l’Institut National Supérieur pour l’Education Artistique et Culturelle – cnam-inseac.fr/institut – des assets comme ressources humaines au lieu de non humaines. En partant de l’appel à contribution, j’ai fait un lien direct avec mon travail sur la figure du transmédiateur en me basant sur ma typologie des transmédias, qui, si elle bouscule certains, fait plaisir à beaucoup qui peuvent s’y retrouver et s’approprier librement le concept de transmédia. Testé. Vécu. Restitué.

C’est un festival, et je pèse le mot, que j’ai suivi à Guingamp. Festival, terme cher à Damien MALINAS, enseignant-chercheur, coordinateur de l’équipe de l’INSEAC, co-créateur et, sans le savoir, terriblement médiateur, acteur des professions de l’invisible que j’aime tant et que je cherche (mot à la hauteur) à mettre en exergue. L’équipe de l’INSEAC sont membres du laboratoire de recherche DICEN IdF (où je suis actuellement affiliée au Conservatoire des Arts et Métiers), et dont le « IdF » de « Ile de France » peut disparaître un instant puisque c’est la région Bretagne et un ensemble cohésif, en coopération, de partenaires, qui ont augmenté ces Rencontres d’une logique émancipatrice des arcanes parisiens et d’une singularité légitime. C’est sans compter la thématique de la joie, respectée, vécue. Le tout sous la houlette de Emmnauel ETHIS, sociologue, Recteur de la Région académique Bretagne, Vice Président du Haut Conseil de l’Education Artistique et Culturelle.

Dessin de Samuel Pott
Dessin de Samuel Pott

La charte dans la rue ! Télécharger la Charte : Education-artistique-et-culturelle (2016)

Charte de l'EAC, vue en ville, Guingamp, byKH
Charte de l’EAC (2016), en ville, Guingamp, by KH

C’est pour mieux servir la science, la culture, les problèmes actuels des jeunes, des enseignants, des parents, et des artistes, que les provinces françaises jouent aussi un rôle médiateur.  Les Côtes d’Armor, pilote 100% EAC. De fait, les actions des uns et des autres dans le domaine de l’EAC sont transmédiatiques car chacun des acteurs en mouvement est déjà en train de fabriquer de façon artisale, c’est à dire avec ses moyens et ses talents, parfois même de façon encadrée juridiquement ou très ancrée dans une pratique professionnelle, ou encore en recherche académique, chacun donc de faire son apport au puzzle de la co-création transmédiatique, libre et symbolique et qui nous sort du formatage des ICC qui avaient littéralement capté les budgets et la notion de transmédia à partir de 2009, en s’appuyant sur une partie des données seulement, celle du récit (storytelling) et de la relation aux fans, c’est à dire de l’audience. Bon, çà c’est pour le chapitre « Historique » d’un doctorat toujours en cours. Revenons en Bretagne…

D.MALINAS et E.ETHIS bien entourés, INSEAC 2022 by KH
D. MALINAS et E. ETHIS bien entourés, INSEAC 2022 by KH

Revenons aux 3 jours non-stop !

Le programme des rencontres est plus qu’une journée d’étude, plus qu’un séminaire, qu’un colloque, qu’une table-ronde, termes entendus dans les bouches bienveillantes des intervenants et parties prenantes. C’est mon festival à moi car, pour une fois, je ne suis pas dans l’équipe d’organisation, je suis libre de mes  « allers-retours », de donner et prendre, je n’ai pas d’enjeux si ce n’est un possible jugement de la part de pairs qui écoutent mes propos audacieux, je prends tous les risques. Et comme résultat ma présentation-contribution, avec un retour utile pour me donner confiance non seulement dans la thèse elle-même, l’oeuvre au sens de BECKER, mais aussi sur la façon dont je peux partager le savoir, la trans-mission. Aucun des intervenants n’a assez de temps de parole pour dire ce qu’il a préparé pendant des jours, et, c’est le jeu, à nous de trouver comment propager nos idées. En simultané à une salle pleine, à l’heure, silencieuse, attentive, éclairée au sens propre et au sens figuré, joyeuse, se trouvaient les étudiants des Masters dans une salle mitoyenne avec le « stream en live » des interventions. Dans la salle le sociologue professeur Jean-Louis FABIANI, ce qui fait le lien direct avec l’école de Chicago qui me sert de référence dans mon travail en cours. Le titre de ma contribution :

« Orchestration des spécialités en tant que ressources pour la création transmédiatique »

"Chaque famille produit une partie de l'oeuvre transmédiatiqueé" KH - Dessin de Samuel Pott
« Chaque famille produit une partie de l’oeuvre transmédiatiqueé » KH – Dessin de Samuel Pott

Ma thèse présente le transmédiateur comme rôle joker de la création transmédiatique, mais pas que… Ce qui ressort de cette recherche c’est aussi une liberté d’expression à laquelle je m’accroche car forgée sur un corpora longitudinal basé sur mes archives et la littérature. Ce que nous avions déjà découvert en 2011 avec mes alter-ego de divers pays, collègues ou amis virtuels, et en présentiel, n’avait pas été divulgué dans la recherche scientifique, même après 10 ans, aucun, selon mon état de l’art actuel, ne s’est attelé à ces actions de l’invisible, ou des rôles dans la création transmédiatique, ni à une libération symbolique du terme transmédia des griffes des entreprises ultra mercantiles et de leurs partenaires institutionnels incohérents, suivant ces mêmes entreprises qui ont les meilleurs budgets pour l’innovation. Même quand le transmédia est confronté au design, ce que je fais, il en ressort la primauté du fameux storytelling et des fans, et le formatage des ICC (dont je fais partie depuis mon adolescence), non pas que je n’y adhère pas, mais cela reste limitant. Certains enseignants ont été plus innovateurs que ceux qui reçoivent les budgets pour cela, car ils n’ont pas attendus les industriels pour repérer et pratiquer la création transmédiatique dans leurs classes. La discussion sur le concept transmédia n’était pas éteinte, elle fut mise en veille, je l’ai préméditée par stratégie et par soucis d’éthique. Le sujet a été récupéré par des chercheurs qui n’étaient jamais dans nos discussions en ligne avec le #transmedia, ni présents dans nos réunion formelles et informelles, hors académie. Les chercheurs auteurs ont fait le travail nécessaire pour inscrire durablement le concept dans les archives historiques, même avec des erreurs, ont bien fait, c’est fait. Maintenant, et Simon STAFFANS, pionnier et communicant sur le sujet, nous l’avait dit :  la « seconde phase » du transmédia est amorçée (2020-2021), et il ne croyait pas si bien dire. Il y a quelques jours, l’indépendante « transmedia community » s’est vue relancée dans un fil de discussion en miroir des sujets à la mode (et oui…) : métavers, création assistée par intelligence artificielle (Dall.e; MidJourney), nouvelles récompenses, prix, dans l’industrie des biens culturels (avec le terme transmédia dans les intitulés), fin du dispositif DICREAM au CNC (révolte des artistes avec), et je n’ai pas rajouté NFT, car en fait on ne sait toujours pas ce que c’est alors qu’on annonce déjà leur disparition, une illusion peut-être, le tout lié à la Blockchain ? Ce tout sera en panne quand on aura plus d’électricité…

Une convergence d’évènements ont remit le sujet sur le tapis de l’histoire contemporaine des ICC, et je propose de le pousser plus loin. Poussons le concept transmédia dans les organisations, les entreprises, les programmes de transformations, et dans l’EAC où le concept était déjà d’ailleurs, et poussons au point que chacun comprenne qu’il détient le pouvoir d’un super héro qui est le Transmediator qui avait surgit à Madrid (2011) alors que le très cher Stéphane HESSEL, que j’ai eu le grand honneur de rencontrer plusieurs fois, nous appelait à être « indignés » et qu’à la Puerta Del Sol j’ai filmé et mis en boite cette date historique qui a aussi fait jouer des acteurs des sciences sociales et de la création à mon jeu des 7 familles transmédia (Lien) qui venait d’être imprimé comme prototype (voir sur le Pinterest.fr/TransmediaReady/ )

Revenir aux Ressources (re-source)

L’aspect « Ressources Humaines » que je place dans la discussion sur l’EAC a été bien reçu. Un autre « post » proposera ma contribution plus documentée, ici je témoigne du vécu festif  (4 jours en fait), j’ai rencontré tous les intervenants, « Rencontres » passionnantes et riches, une réussite pour Emmanuel  ETHIS et toute son équipe formidable. Un régal et une discipline importante avec des acteurs accessibles, en proximité avec leurs terrains, citoyens, petits et grands, une opportunité pour observer par des prismes divers soudés : éducation, enseignement, culture, arts, sociologie, économie, politique, héritage culturel, patrimoine, écologie.

L’annecdote sur la Bretagne 

En 2014, avec l’outil Klynt de Arnaud DRESSEN, nous avions co-créé un univers narratif transmédiatique (son teaser) dont le héro, un jeune étudiant, allait en Bretagne et était confronté à la langue bretonne. 8 ans plus tard, nous l’avons incarné sans préméditation. La fluidité des histoires de l’art, ou l’art des histoires, avec ses controverses que nous aimons, les altérités de la discipline « sciences de l’Information et de la Communication », le vaste plateau (guess who) où nous rencontrer dans le métavers qui n’est ni celui des entreprises,  ou de la technologie, mais le notre, agents des terrains que nous sommes tous, citoyens, humains et non machines, étranges transmédiateurs de l’invisible dont certains sont aussi des transmédiatiseurs… Tous ces termes pour parler du symbolique en fait, qui réunit tout et pour tout le monde. L’acte démocratique ultime serait alors le retour au symbolique. Je me suis inspirée d’une lecture d’un article de Céline MASONI LACROIX à qui je dois par ailleurs une avancée intellectuelle : « L’émergence de formes. La forme réticulaire, de la culture à la communciation« , dans « Formes Symboliques« , 2008.

Le meilleur public de l'INSEAC 2022 by KH
Le meilleur public de l’INSEAC 2022 by KH

Festival de Rencontres donc, médiées, transmédiées, transmédiatisées aussi, avec :

  • La magnifique exposition, ANIMA (ex) MUSICA. Cabinet de curiosités du XXIe siècle,  bestiaire utopique du collectif d’artistes « Tout reste à faire » (Mathieu Desailly, Vincent Gadras, David Chalmin), des sculptures d’insectes animées et sonores réalisées à partir d’instruments de musique hors d’usage dans leur nouvelle vie et forme symbolique. Un parcours commenté spécial INSEAC.
  • La présence géniale des enfants, CE1, CE2 de l’école publique du village de PLOEZAL; et un retour d’expérience au Festival d’Avignon avec des élèves de 3ème et 4ème.
  • La visite du Domaine départemental de la Roche-Jagu avec soirée festive dans la cour, et projection (mapping) sur le château, DJ, enfants et familles, repas, échanges.
  • David WAHL, artiste associé au Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan, auteur, homme de théâtre, nous séduit tous dans une causerie avec Emmanuel Ethis.
  • Sujet écologique lié à Philippe GRANDCOLAS qui nous parle de biodiversité (conférence) en discussion avec David Guillerme, Délégué Régional Académique, Rectorat de Rennes. Philippe Grandcolas est Directeur de recherche au CNRS et Directeur de l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité, un laboratoire mixte de recherche du Muséum national d’Histoire naturelle, du CNRS, de Sorbonne Université, de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et de l’Université des Antilles (regroupant deux cents systématiciens et biologistes de l’évolution).
  • Les biographies des intervenants et artistes avec le programme : Programme détaillé Rencontres 8-au-11-septembre-2022
  • Merci @LeCnam_Inseac (Twitter) : Stéphanie POURQUIER-JACQUIN, Raphaël ROTH, Damien MALINAS, Laurent GARREAU, Emmanuel ETHIS, les doctorants, les acteurs du Château de la Roche-Jagu, toute l’équipe de l’INSEAC et du dispositif du Master créé par cette équipe hors-norme. L’INSEAC accueille des étudiants de plusieurs nationalités en formation initiale et continue, qui se destinent à devenir des professionnels de l’EAC (du bac+1 au doctorat).

Partenaires :

  • Les Ministères de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de la Culture et de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports.
  • Le Conseil Régional de Bretagne, Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne. 
  • Le Conseil départemental des Côtes-d’Armor.
  • L’Agglomération de Guingamp-Paimpol et la ville de Guingamp 
  • Le Conservatoire national des arts et métiers
  • Le Domaine de la Roche-Jagu et l’EAC : larochejagu.fr/education-artistique-et-culturelle

INSEAC au Chateau de la Roche Jagu byKH

 

  • Dessins de Samuel POTT,  Twitter @16ame,  qui était avec nous en 2014 pour la preuve de concept du jeu des 7 familles transmédia et qui a eu la bonne initiative de venir nous voir à Guingamp. Tout le monde a adoré sa contribution entre journalisme et création dont vous avez des échantillons ici. Le dessin plus fort que les photos.
  • Mes présentations et contributions sur le concept transmédia de 2010 à 2015 sur Slideshare.net/KHwork/presentations
  • En savoir plus sur le transmédia et l’éducation : suivre @EmmanuelBethoux (Twitter) 

Linkedin, « transmédia et stratégie de contenus » 2011

Quelques idées qui donnent le ton de l’ère dans laquelle nous nous trouvons :  archives de 2011, avis transformé depuis, retranscris ici tel quel :

Ces idées sont une base d’échanges sur des sujets qui nous touchent tous de près ou de loin dans notre environnement professionnel.

J’attends avec impatience vos remarques, commentaires afin de lancer le débat et faire avancer les réflexions autour des enjeux exposés (nous sommes en 2011…).

Idée #1 :

– La norme des 80/20 : 80% de l’investissement dans la diffusion de contenus, et 20% dans la production, va progressivement s’inverser. Les contenus seront plus « travaillés », mais pour autant les médias ne seront pas délaissés, ils auront un nouveau rôle, ils en seront les coproducteurs. L’enjeu est socio-culturel, créatif et artistique au sens large (mais où est-il exactement ?). Ici c’est la qualité du contenu qui va prendre le dessus (la base = retour à la qualité, #quality)

Idée #2 :

– Le buzz est de moins en moins du média gratuit car il suppose un plan média important et couteux en amont pour favoriser la viralité.

Idée #3 :

– Les réseaux sociaux, c’est comme le rapport qu’ont les adolescents au sexe, tout le monde veut y gouter mais personne ne sait comme faire et n’y est réellement préparé.

Idée #4 :

– Les marques doivent accepter qu’elles n’appartiennent plus totalement aux entreprises, mais davantage aux consommateurs. Les valeurs humaines (#humanvalues) vont prendre le dessus, avec la qualité.

Chaque idée peut faire l’objet d’une thématique de discussion, j’en conviens. Dans les prochaines semaines (années ?), nous essaierons de mener des réflexions et de nourrir chaque idée lors de discussions bien distinctes. Quelle idée aimeriez-vous voir traitée en premier lieu ?

Le reste en découle ou s’associe (si jamais on me demandait mon avis je dirai cela). La production de contenus transmédia est une association astucieuse et travaillée de l’ensemble des composants (peut importe les plateformes). Plus plein d’autres composants nécessaires et complémentaires qui ne sont pas mentionnés, laissés de côté par négligence.

La règle des 5 : 5 médias pour faire une expérience transmédia me semble assez bonne, sachant qu’on peut ne pas tout faire en même temps ! (Ici je réagis un post de Linkedin et je fais référence à une règle absurde proposée par des professionnels de la production mainsteam qui stipulait que 3 éléments/médias composent une panoplie transmédia, cette idée a été utlisée par la Producers Guild of America).

Une auto-ethno-méthodologie ad-hoc (avril 2022)

Une solution ad-hoc, qui fait irruption.

Ce pourrait être une « émergence », au sens de Edgar MORIN, dans un système complexe qui s’est construit au fur et à mesure de deux phases d’investigation que je vais développer dans la thèse.

Mais je choisis le terme de « irruption » emprunté à Jacques DERRIDA qui me semble plus adapté avec ce que je vis maintenant en deuxième année de thèse. Irruption de solutions adaptées à ma situation particulière. Encore une fois, on ne fait pas une thèse à plus de 50 ans (plus de 55 maintenant) comme à 30 ans.

Pour gérer des investigations qui ont pris ancrage dans une pratique artistique et professionnelle sur un temps long, il aura fallu comprendre des mécaniques propres au monde de la recherche et à l’histoire des sciences, et enlever le foutu syndrome de l’imposteur !

Prenons comme départ axiomatique (et oui, j’assume le vocabulaire qui dérange les « pro » et qui les divisent des chercheurs ;-) deux systèmes d’investigation de recherche qui se présentent grosso modo ainsi :

1ère phase : Pré-thèse et séparée du monde académique, bien que des chercheurs sont venus participer à mes ateliers « Transmedia Ready » (français pour la plupart, mais pas que…).  Cette phase investigatoire est située dans le champ professionnel et privé, et sur sa fin, vers 2011 le champ est confronté à des scientifiques. Dans ce parcours, il y a eu des rencontres avec des personnalités (telles de Félix Guattari, Edgar Morin, Jean Rouch, et des Brian Clark, Frank Rose, et des Jan Kounen et Lance Weiler, Prof. Stuart EWEN, et Bobby Mc Ferrin, …) mais il n’y avait ni « ontologie », ni « épistémologie », ni « méthodologie », pour reprendre les 3 « monkeys » de Prof. Tara BRABAZON au sujet du design de « Recherche ».

C’est dans cette phase que ce sont accumulées les données primaires de ma recherche. Seulement, il y a un « hic ». Je ne savais pas que je faisais de la recherche dans une modalité « scientifique » et je n’ai pas documenté de façon assez continue ou précise. Pourtant je documentais, par instinct, par goût. Au point qu’un producteur de cinéma de renom dit à mon sujet en ma présence : « Karine, elle aime faire des souvenirs« . S’attacher au présent qui devient immédiatement du passé peut avoir une connotation péjorative si on prend la focale psychologique. Je fus intriguée de savoir si j’avais une tendance maladive à garder les traces du passé dans des fragments artefactuels… (pour faire un homage à mon labo…). J’ai bien fait ! Parce que la 2ème phase d’investigation arrive !

3 Monkeys by @KHenthusiasm
3 Monkeys by @KHenthusiasm

2ème investigation :  J’entre en thèse et là je suis confrontée aux 3 Monkeys. Pendant une année zéro je plane, l’année suivante je nage, l’année suivante, celle-ci, la deuxième officiellement, je comprends ce que les 3 Monkeys me font « Savoir »: un apport de connaissance au service de la connaissance, notamment à travers ces trois pilliers :

Savoir voir le savoir. Edgar MORIN.

1/ Epistémologie : en me plaçant dans le constructivisme, grâce à Prof. Sophie PENE, je peux utiliser des construits pré-thèse, qui ne sont pas créés ipso facto pour la recherche mais qui m’y ont conduite. D’une part. D’autre part je suis libre d’investir plusieurs disciplines et piocher dans le Savoir pour construire mon raisonnement et ma démonstration.

2/ Ontologie : Ici, le bas blesse, car mon ontologie est celle de ma pratique professionnelle profondément ancrée dans l’art et l’industrie cinématograhique. On pourrait alors se contenter d’objets et de concepts du domaine de l’art, de l’histoire de l’art, de l’esthétique, de la sociologie de l’art… Mais non, car : l’ontologie de ma recherche actuelle n’est pas dans le secteur du cinéma mais dans un secteur plus large qui touche à des objets et concepts développés par des scientifiques en sciences de l’information, sciences de la communication, la gestion, le design, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’éducation, la psychologie, et je voudrais tellement rajouter : la politique, mais çà, c’est trop. Alors pour avoir un axe ontologique précis il va falloir faire beaucoup de deuils et argumenter sur la transdisciplinarité de ma thèse de façon extrêmement référencée. Pour le moment je partirai d’une ontologie frontière, consortium stratégique des idées que j’ai « choppées » pendant la collecte des données primaires. Et c’est là qu’on arrive au 3ème Monkey qui se fout vraiment de moi ! ;-)

3/ Méthodologie : Je pourrais traiter des données par plusieurs méthodologies de recherche aujourd’hui admises en sciences, en en choisissant une. J’avais d’ailleurs opté pour la théorie ancrée. Mais on choisit le challenge et ce qui est approprié à la réalité du profil de candidature. Je suis une praticienne, pas une chercheure académique, ma posture de curieuse restera hybride car je ne peux que me destiner au conseil et au mentorat, je ne vais pas faire carrière dans l’académie. Et comme il se trouve que l’ensemble des données primaires pourraient en effet être optimisées, l’ethno-méthodologie proposée par mes co-encadrants est totalement justifiée. J’ai donc fait le virage en laissant tomber des mois de travail de préparation d’entretiens et de podcasts, qui pourront peut-être servir à autre chose ensuite. Le lien se fait alors avec la discussion avec une auteure, et éditrice, doctorante de grande maturité elle aussi, sur l’idée de « evocative ethnograhy » et « auto-ethnography ». Je fouille, je n’ai pas fini de fouiller. Je vais me positionner.

Une « irruption » de solutions purement intellectuelles.

Mes solutions sont tellement abstraites que même un designer-chercheur confirmé ne pourrait pas les restranscrire ! (;-) Il me faut encore une ou deux années pour vraiment mettre en oeuvre les solutions émergentes dans une induction permanente longitudinale. Traduction : on verra bien ! (J’ai bien sur des propositions, voire des préconisations, mais à ce stade je les tiens en retrait, bien rangées, à l’obscurité).

J’en profite pour saluer Dr Stéphane QUEFELEC, économiste et expert en Environnement, qui m’avait aidée au début de l’entrée en thèse à prendre en compte un « cadre théorique » (totalement lié au 3 Monkeys !). Je n’avais pas de cadre théorique si ce n’est celui des « media studies » au sens large, et d’une certaine « transmedia literacy » évoquée par mon collègue Emmanuel BETHOUX, renforcée par le mentorat, qui me manque, du défunt Brian CLARK qui s’inscrivait volontiers en phénoménologie.  Je ne sais pas encore si le cadre théorique sera celui de la théorie des systèmes, de l’acteur réseau, ou de théories en management qui renvoient à l’innovation, mais j’ai bien entendu passer dans mes oreilles toujours mobiles, une phrase de Prof. Manuel ZACKLAD que je sors de son contexte, « il vaut mieux en avoir trop que pas assez« … Cela vaut pour les théories et les données. Du coup, je suis submergée.

Dans la philosophie des systèmes, que je ne vais pas pouvoir étudier comme je le voudrais, je pendrai le cadre offert par deux visions systémiques différentes et confondues : celle des ingénieurs, qui fabriquent (théorie des systèmes de systèmes), et celles des sociologues, qui observent et facilitent des individuations personnelles et collectives (systémique). Il me semble que Edgar MORIN est dans les deux, mais votre avis sera le bienvenu.

3 thématiques prennent forment dans mon cadrage théorique :

      • Les systèmes (complexes),
      • La traduction et précisemment la facilitation, et le lien avec le concept d’Oeuvre,
      • La collaboration (coopération, co-création) sur ces systèmes et en tant que processus de design (ou système aussi selon des cas précis).

On se retrouve bientôt pour des excercices d’écriture et de présentations à vocation scientifique, mais avec beaucoup d’humour, comme les 3 Monkeys, d’accord ?

La Méthode c’est nous. Nous sommes la méthode (2022)

Dans la série « webisode » et « side stories » je propose la dé-concentration.

Après avoir fait le tour des archives, en tant que « données collectées », et le tour des auteurs, en tant que références scientifiques, je fais une over-dose de contenus à lire, non lus, car chaque jour, ils augmentent. Classés, en classement, en ordonnancement, en panne de catégorie parfois, car, non, il n’y a pas de classification pour la somme des données accumulées, dans ma recherche. Celle que j’avais préparée en année zéro n’est plus d’actualité, mais par contre la transformation indique les grandes thématiques : design, management de projet, professionalisation, arts, politiques publiques des industries culturelles, innovation en entreprises, communication et marketing des organisations, … Il va falloir « jouer sa peau » (« Skin in the game », TALEB, via DENA) c’est à dire prendre le risque de ne pas tout classer et en perdre au passage des transferts. Mais, avec la croustillante annecdote ci-dessous illustrée par la photo des 6 tomes de La Méthode d’Edgar MORIN, j’ai franchis une étape : « Milestone ». L’échaffaudage, dont parle souvent Tara BRABAZON, s’est terminé, il me reste à grimper.

Morin : La Méthode Pix @KHenthusiasm

Side Story :

 » Je sors du CNAM, je rends la clé, nos noms sont sur le tableau de la loge, comme d’habitude je marche sur les boulevards. Je m’arrête chez le bouquiniste, je vais dans la section essais, je chine, je passe piocher dans « anglais », je vérifie tous les prix. Je jette un oeil sur les étagères, au cas où, mais en général, là-haut c’est plus cher. Tiens, Morin. Tiens un autre Morin. Et tiens, La Méthode, 6 tomes, bien rangés, avec un élastique pour les tenir ensemble, cher. Je me dis que l’on vient juste d’en parler et que ce n’est pas nécessaire, ne pouvant pas partir sans Morin, j’en prends un autre, à la caisse le jeune homme : « si vous voulez, je vous enlève 10 euros dessus », il vise l’étagère et rajoute : « J’ai vu comment vous vous êtes arrêtée dessus ! ». J’ai reposé le Morin solitaire et j’ai pris le Morin total, avec son élastique, le transmédiateur… celui/celle qui tient tout. »

L’ensemble des données ne fait pas ma recherche. Ma pensée ne fait pas ma recherche. L’ethnographie que je compose maintenant ne fait pas ma recherche. Les transformations, les erreurs, les confusions, les moments clés, les résolutions, les surprises, les séminaires, les anglophones, les français, les « jeunes chercheurs », les « séniors », les « prof. », les fonctionnaires de l’état, les indépendants, les chefs d’entreprises, les femmes en réseau, les doctorants, les Youtubers, les Podcasters, et j’allais rajouté : les entrepreneurs. 

Différencions les entrepreneurs dont le verbe « entreprendre » montre une volonté d’activité, alors que la mention « chef d’entreprise » montre le côté surveillance dans un dispositif foucaldien du travail humain… L’Animal Laborans de Hannah ARENDT. L’Homo Faber, de Arendt aussi, serait plus du côté de l’entrepreneur qui crée. Tout cela entre dans plus de 30 ans de réflexion. Quand on débute, à 16 ou 18 ans dans le monde du travail, on ne sait pas ce qu’on veut. Je n’ai jamais imaginé que j’allais poursuivre des études à plus de 50 ans. Pourtant, avec le recul je ressens la fibre que j’avais ressentie dans mon premier « amphi ». C’était à New York, à Hunter College, dans Manhattan, pour un cours de Stuart EWEN. Il habitait, et habite toujours de l’autre côté de Hunter College, traversant Central Park depuis le East Side vers le West Side, où je résidais à l’époque. J’avais eu des cours en France, à Charles V, Paris, le Marais, devenu le CRI, en anglais, et à Jussieu, en « Communication ». Mais pas d’amphi. Des petites salles poisseuses et des prof fatigués. Mais il fallait que je parle anglais pour « partir ». Chose faite, j’ai pris le flash de « Human Communication » ! Mais comment était-il possible de pouvoir étudier la communication humaine ? Cette perspective m’a littéralement habitée. Elle ne m’a jamais quittée. Alors il me semble logique que si j’étudie pour une thèse plus de 30 ans après cette expérience, même si je change de pays, de langue, de désir, et de besoins, l’échaffaudage que j’ai constuit se soit monté sur un fondement en « communication humaine ». Or, il n’y a pas de discipline, ni même de cours universitaire, qui porte cette appellation en français. Tant pis, tant mieux. C’est ma Méthode à moi. Je fais ma méthode, je suis ma méthode. La méthode qui fait ma thèse est la mienne, elle n’est pas interchangeable. Je ne peux pas vous la donner, je peux vous la lire à voix haute, je peux vous la présenter, mais elle n’est pas répliquable. De la théorie ancrée, je suis passée à l’éthnométhodologie, mais je me rends compte que je suis passée par la recherche-action, voire la recherche-création. Il y a d’ailleurs un caractère tellement ethnographique, et auto-ethnographique, que j’ai même amusé la gallerie avec ma proposition de « PhD by Therapy ». Car, oui, c’est une thérapie scientifico-professionnelle longitudinale… (sourire). Mon syndrome de l’imposteur m’a bien aidée à rallonger la construction de la méthode, de l’échaffaudage, pour pouvoir aller porter, en haut d’un édifice, une nouvelle :  

Le/la transmédiateur.e est une fonction de l’invisible qui met en cohérence l’activité humaine dans un design transmédiatique.

Les écarts de route, les retards, les déviations, n’ont fait que préparer une chirurgie à coeur ouvert : « Ablation du syndrome de l’imposteur chez une doctorante de plus de 50 ans sans antécédents scientifiques ». Autorisée à quitter l’hopital. Je suis libre, je vais pouvoir, écrire.

Side Story : Edgar Morin.

Edgar. Je vous connais. La dernière fois que je vous ai vu, c’était à Mouans-Sartoux pour le festival du livre. Je vous croise bien sur, comme une évidence, dans les sentiers autour de la salle, pleine. Je pars car il n’y a plus de place. Et je tombe sur vous. « Je suis Karine, je vous ai rencontré avec le Collegium International ». Le mot était dit. Nous avons une pensée émue pour Stéphane Hessel. La jeune femme qui vous accompagne est surprise mais souriante, cependant je ne veux pas empêcher le mouvement et vous mettre en retard. Je file : « On vous suit sur Twitter, les jeunes vous suivent sur Twitter, continuez à Twitter, tous les jours, c’est très important ! ».

Le mot est dit. Il sourit, il est content, il est surpris, il ne peut en placer une, je suis déjà partie. Edgar, je suis émue. Je vous ai admiré. Je vous ai servis du whisky. Et tous les jours, vous Twittez. Est-ce vous ? Votre ami, Stéphane Hessel, m’a récité du Rimbaud. Vous, vous récitiez la Terre, et c’est bien normal si c’est avec vous que je suis entrée dans le 21ème siècle. Par contre, je n’ai pas su, jusque maintenant, que votre méthode allait pouvoir devenir un cadre théorique à investir. J’ai mis des années pour le comprendre. Pardon, chez Edgar, pardon d’avoir tarder à être et donner à voir. Car grâce à vous je sais que l’on peut « savoir voir » et « voir le savoir ». Maintenant je voudrais donner à voir un savoir construit, avec ma méthode, tout en m’accrochant, pour survivre, à la votre.

REF.

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08017748/edgar-morin-a-propos-de-son-livre-pour-sortir-du-vingtieme-siecle

Transmédia : « sans le savoir » ou prémédité ?  

Texte de 2020 dans la préfiguration de la thèse en cours d’écriture en 2022. Se doit donc d’être considéré comme élément intermédiaire d’un travail continu non achevé.

Proposition de ma thèse : Le transmédiateur, optimisateur de la communication des organisations.

Si le dispositif transmédia est parfois utilisé par des institutions culturelles, c’est avec une très modeste implémentation et peu de résultats en terme d’audience. Au sein des entreprises françaises (ETI, startups, et grand groupe international) qui pratiquent une communication transmédiatique spontanément « sans le savoir », c’est à dire sans stratégie ni préméditation, les créateurs de contenus sont aussi ceux qui gèrent leur distribution, ou les dirigeants doivent faire appel à des prestataires. On attend donc des professionnels une palette très large de compétences techniques et narratives. Nous sommes loin d’une optimisation des actions de communication et des budgets.

C’est pourquoi une politique de stratégie transmédia associée à un management de projet adhocratique favoriserait la transmédiation : ceci mérite d’être vérifié.

La communication des organisations, interne ou externe, informationnelle ou promotionnelle, est un axe majeur pour observer le phénomène transmédia en tant que technique communicationnelle. Qui est le référent pour ces transferts d’information et y a t-il médiation ? Une combinaison de supports et canaux (média), de points de contact et de flux informationnels peuvent-ils s’auto-organiser ?

Le « transmédiateur », avec ses attributs et ses limites, peut-il faire l’objet d’une professionnalisation et serait-il le point de convergence des compétences mobilisées ? Il est opportun de voir comment cristalliser ou non une pratique du futur qui est le présent et vice versa (le présent est le futur).

Le sujet « transmédiateur » doit posséder une très bonne connaissance de la typologie des métiers engagés pour garantir la faisabilité et interagir avec chaque co-designer. Or, le métier de producteur des industries créatives tel que perçu encore actuellement, n’engage pas la stratégie de communication des partenaires. Alors que le transmédiateur devrait pouvoir agir en tant que conseil au même titre qu’une agence. L’optimisation des ressources n’est pas aboutie à ce stade de la répartition des tâches de coordination, notamment du fait que c’est généralement le département marketing de l’organisation qui à la charge de la rentabilité des opérations.

Nous observons la totalité du système de « conception-production-distribution » (soit la chaine traditionnelle de production des industries créatives) mais aussi ses acteurs et leurs passerelles. Le concept transmédia n’étant pas réservé à une élite créative, il concerne la totalité des professions du fait de l’omniprésence de la communication. Des limites se posent : nous ne traitons ni de littératie numérique et nous ne nous cantonnons pas au domaine du divertissement.

Si 2 phénomènes contradictoires produisent un 3ème, c’est ce qu’il ressort de la polémique autour de deux grands courants de pensée dès 2010. D’une part le discours académique avec Henry JENKINS lorsqu’il était Directeur du Comparative Media Studies Program du MIT, avant de lancer le programme « Hollywoord 2.0 » sur la « West coast » (où il a déménagé pour occuper le poste de Professeur doyen à USC); et d’autre part, le discours « East coast » de l’industrie cinématographique des gros studios, avec Jeff GOMEZ et la Production Guild of America de New York, pour annoncer, en 2011, que le métier de « Transmedia Producer » pouvait être intégré au générique des productions. Le 3ème phénomène sorti de ce point dans l’histoire du concept transmédia est un activisme des praticiens et artistes, dont nous faisons partie.

#AntiTransmedia and #OccupyTransmedia

Une réthorique, ouverte et internationale, en ligne, a fait émerger une campagne informelle « #antitransmedia » dirigée par l’outsider Brian CLARK (praticien, théoricien des média, journaliste new yorkais), suivi par ses fans du monde du gaming, du monde académique ou du cinéma, et spécialement du du design de jeux en réalité alternée (#ARG). Cela a permis de rappeler que le terme transmédia est utilisé avant tout en 1991 par Marsha KINDER, grâce à l’intervention de Stephen DINEHART. Notons que tout ceci est documenté par nos soins mais qu’à l’époque (années 2010) nous ne savions pas que nous allions en tirer parti dans le cadre d’une recherche scientifique.

C’est en 2011 qu’Henry JENKINS publie dans le magazine Fast Company dédié à l’innovation, un article plébiscité au sujet des « 7 mythes du transmédia ». Le mythe n°2  précise que les premières expérimentations en création transmédia furent financées par des budgets dédiés au marketing et il répond positivement à l’idée que le transmédia est une stratégie promotionnelle. En octobre 2020, revenant sur l’histoire du medium télévision, il cite McLuhan alors que Tara BRABAZON nous dit que le slogan de McLuhan (« The medium is the message ») n’est pas correct. Aussi la polémique du concept transmédia s’est assagie depuis le décès de Brian CLARK en 2013 et les intérêts industriels se sont repositionnés sur la réalité virtuelle et augmentée. Et c’est sans compter le piège du métavers où tous s’engoiffrent maintenant, nous laissant la cours de récréation du côté du transmédia. Simultanément, les chercheurs ont laissé la place aux hispanophones plus actifs sur le thème transmédia.

Polyvalence/Expertise : un compromis historique

Bien que le métier de « producteur transmédia », ou de « community manager », de « project manager », « coach agile », ou même « facilitateur », se soient développés au point de faire émerger des formations dédiées dont certaines sont soit disant « certifiantes », aucun de ces métiers ne semble répondre à la constellation des fonctions opérées par un transmédiateur.

Le compromis polyvalence/expertise  des co-designers est rendu complexe du fait qu’il se place dans un système mouvant influencé par le déterminisme technologique ambiant. Les industries créatives ont réussi à institutionnaliser des termes sans pour autant créer un métier dédié à cette pratique créative protéiforme. En France, dans les années 2010, France Telecom (Orange, pour le Transmedia Lab) avait déposé à l’INPI la marque « transmédia »; la région PACA a commandé une étude pour un projet d’école transmédia, et Sciences Po Grenoble a imposé un « Master Transmédia » qui n’a pas tenu bon (où j’ai enseigné, peu mais assez bien pour en comprendre les défauts). Nous verrons que l’approche est biaisée de part les différences de point de vue et les intérêts économiques de chacun.

Transmédialité en lieu et place de transmédia

En 2010, je crée la page Wikipédia « transmédia » (avec Cyril Slucky rencontré lors de mon atelier « TransmediaCamp » de 2011). Plus tard, la page sera renommée « Transmédialité ». Mais qu’en est-il de la transmédialité pour des organisations qui ne sont pas intrinsèquement des producteurs du secteur du divertissement ? Le secteur du tourisme, les collectivités ou tout simplement les « marques » sont d’ores et déjà équipées de dispositifs multiplateformes sans y intégrer de nouvelles méthodologies de travail ni d’expertise transversale de médiation (trans-médiation).

Oeuvre versus campagne, systémique versus systèmes

Ma recherche porte sur la médiation à l’endroit du croisement  des disciplines et spécialités complémentaires lors du design et de la production transmédia. D’autant plus que le concept même de transmédia interpelle très directement le sujet de la trans-disciplinarité. Les mobilisations théoriques sont donc variées, mais l’approche systémique et cybernétique restent primordiales (BATESON). La phénoménologie aussi évoquée dans l’oeuvre de ARENDT qui m’a aidée au début du design de recherche (2019), est mobilisée dans le sens où nous observons la mise en scène de la chose plutôt que la chose elle-même. La triade de ARENDT cadre le Travail dans son prisme épistémologique distinguant le sujet, « Action » des designers, et ses objets : oeuvre  et/ou campagne transmédiatique.

3 niveaux systémiques sont pris en compte :

    • L’expérience ou dispositif transmédia en tant qu’artefact correspondant au point de vue de l’audience;
    • La fabrication du dispositif avec le point de vue des designers;
    • L’organisation pour, et avec, laquelle l’expérience et le dispositif sont conçus, avec le point de vue des parties prenantes.

La préparation au projet de recherche (thèse en cours d’écriture) a révélé une forte résonance avec les références au design qui introduit les bases de la fabrication de l’oeuvre ou artefact : architecture, créativité, innovation, prototypage, esthétique, collaboration.

Se pose alors la question de savoir si le concept transmédia suis le même chemin que le design du point de vue historique… D’autant plus que le design est force de proposition de solutions adaptées à l’environnement global (Problem Solving), utilisant ses techniques propres comme le « design thinking », ce qui reviendrait à pouvoir proposer une solution aux organisations, c’est à dire une préméditation de stratégie transmédia. Dans son article sur une théorie interdisciplinaire du design, Manuel ZACKLAD introduit le design symbolique en l’associant à « une dimension transmédiatique », ceci corrobore, selon moi, ma proposition de nouvelle typologie transmédia avec un « transmédia symbolique » en design.

Dans ma démarche, il y a alternance entre les théories de la communication, notamment les relations entre les co-designers et la création de contenus culturels pour une audience, et les théories de la communication des organisations. L’information est entendue comme contenu immatériel dont la vertu est « l’irruption dans le réel » selon l’expression d’Edgar MORIN (Pour Sortir du XXème Siècle, p.42) pour trancher avec le « contenu » qui fait référence aux informations véhiculées par l’artefact lui-même. La partie narration (storytelling) est mise en second plan dans le but d’axer la recherche sur les rôles de chacun dans la co-création. Car le dispositif implique que deviennent co-designers des personnes de différentes professions. Sont consultées les sciences de gestion pour le management de projet et l’innovation. Les théories de l’agence, des parties prenantes, la psychologie sociale, la science de la conception, la sociologie des professions et de l’art, sont plus ou moins mobilisées (Y. PESQUEUX et P. de ROZARIO). Les techniques de l’innovation sont propices à des expérimentations transmédia, et nous l’avons réalisé dans des contextes divers pour tester une méthodologie issue du « jeu des 7 familles transmédia », mais sans l’enjeu de la stratégie de communication de l’organisation en tant que telle. C’est ce que nous faisont maintenant.

La transdisciplinarité au sein même du dispositif transmédia peut être gérée par mobilisation de catégories, ou genres, déjà identifiées dans un but de classification. Le rôle de transmédiateur peut être étudié au regard de ces catégories également, mais ce n’est pas l’objet de recheche à ce stade ci. Une mise en ordre de données est réalisée sous forme de tableaux permettant la comparaison. J’ai remarqué que les dispositifs transmédia ont des points communs dans leur structure et il conviendra de les présenter. Cela permet de vérifier une liste de professions concernées.

Nous pourrons comparer des données au sujet de la distribution, diffusion ou dissémination de contenus, selon s’il y a une stratégie transmédia préalable, ceci dans une autre étape de recherche. Et en attendant voici des exemples d’indicateurs : comparaison de la performance en terme de créativité; valorisation des savoir-faire; étude du vocabulaire utilisé pour la cohésion du projet; choix des outils numériques; intégration de l’audience et modes d’interaction; nombre de vues de contenus réalisés et leur modèle économique; nombre d’acteurs impliqués; … Se pose alors la question des bonnes pratiques, sujet passionnant devant aussi faire l’objet d’une recherche.

Il y a eu participation d’une communauté internationale d’experts praticiens et chercheurs répertoriée, notamment les personnes qui ont contribué à une dialectique du concept transmédia, ou qui ont expérimenté le « jeu de cartes des 7 familles transmédia » (soit 100 experts ou artistes), ainsi que les professionnels rencontrés lors de conférences (Europe, USA, Canada, Brésil). La communauté est enrichie de 2 associations que j’ai fondée, dont ue dissoute, et celle du Brésil, Era Transmidia, dont je suis membre honorifique. Pendant 5 ans j’ai organisé des rencontres mensuelles professionnelles formelles et informelles, ouvertes au public, et ceci produit un corpus de cas. Des enregistrements audio, captures d’écran, notes et photos ont été réalisés. Une centaine d’études de cas sont sélectionnées avec leur contact direct auprès des auteurs ou producteurs dans plusieurs pays.

Le jeu des « 7 familles transmédia » que j’ai créé en décembre 2010,  fonctionne comme un « idéal type » (WEBER) en tant que méthodologie de création. Il a été distribué à 100 experts avec son questionnaire en 2011. Une preuve de concept a été réalisée en 2014 avec l’IRI Centre Pompidou. C’est un outil pédago-ludique qui met en scène 7 dimensions interdépendantes qui s’entrecroisent dans la fabrication d’une oeuvre ou campagne transmédia. Il est évolutif, faisant appel à l’intelligence collective, composé de 42 cartes correspondant à 42 rôles coopérant dans la création du dispositif transmédia. Il sert de support de facilitation, accompagne la mise en place d’ateliers de co-design, participe à l’analyse post facto d’un dispositif.

En terme de résultats, grâce au basculement depuis la méthodologie de la théorie ancrée vers l’éthnométhodologie, un nouveau schéma méthodologique avec des préconisations pour une stratégie intégrative et participative, numérique, voire analogique, dans un but d’optimisation des ressources, s’adresse aux organisations de tous les secteurs, pas seulement celles du secteur culturel. Le transmédiateur devra agir dans un système participatif et où son rôle de médiation est aussi facilitation, négociation et supervision de projet complexe. Il pourra sans doute optimiser non seulement les budgets mais aussi la durabilité des dispositifs et artefacts ainsi que la relation avec leurs audiences.