Une solution ad-hoc, qui fait irruption.
Ce pourrait être une « émergence », au sens de Edgar MORIN, dans un système complexe qui s’est construit au fur et à mesure de deux phases d’investigation que je vais développer dans la thèse.
Mais je choisis le terme de « irruption » emprunté à Jacques DERRIDA qui me semble plus adapté avec ce que je vis maintenant en deuxième année de thèse. Irruption de solutions adaptées à ma situation particulière. Encore une fois, on ne fait pas une thèse à plus de 50 ans (plus de 55 maintenant) comme à 30 ans.
Pour gérer des investigations qui ont pris ancrage dans une pratique artistique et professionnelle sur un temps long, il aura fallu comprendre des mécaniques propres au monde de la recherche et à l’histoire des sciences, et enlever le foutu syndrome de l’imposteur !
Prenons comme départ axiomatique (et oui, j’assume le vocabulaire qui dérange les « pro » et qui les divisent des chercheurs ;-) deux systèmes d’investigation de recherche qui se présentent grosso modo ainsi :
1ère phase : Pré-thèse et séparée du monde académique, bien que des chercheurs sont venus participer à mes ateliers « Transmedia Ready » (français pour la plupart, mais pas que…). Cette phase investigatoire est située dans le champ professionnel et privé, et sur sa fin, vers 2011 le champ est confronté à des scientifiques. Dans ce parcours, il y a eu des rencontres avec des personnalités (telles de Félix Guattari, Edgar Morin, Jean Rouch, et des Brian Clark, Frank Rose, et des Jan Kounen et Lance Weiler, Prof. Stuart EWEN, et Bobby Mc Ferrin, …) mais il n’y avait ni « ontologie », ni « épistémologie », ni « méthodologie », pour reprendre les 3 « monkeys » de Prof. Tara BRABAZON au sujet du design de « Recherche ».
C’est dans cette phase que ce sont accumulées les données primaires de ma recherche. Seulement, il y a un « hic ». Je ne savais pas que je faisais de la recherche dans une modalité « scientifique » et je n’ai pas documenté de façon assez continue ou précise. Pourtant je documentais, par instinct, par goût. Au point qu’un producteur de cinéma de renom dit à mon sujet en ma présence : « Karine, elle aime faire des souvenirs« . S’attacher au présent qui devient immédiatement du passé peut avoir une connotation péjorative si on prend la focale psychologique. Je fus intriguée de savoir si j’avais une tendance maladive à garder les traces du passé dans des fragments artefactuels… (pour faire un homage à mon labo…). J’ai bien fait ! Parce que la 2ème phase d’investigation arrive !

2ème investigation : J’entre en thèse et là je suis confrontée aux 3 Monkeys. Pendant une année zéro je plane, l’année suivante je nage, l’année suivante, celle-ci, la deuxième officiellement, je comprends ce que les 3 Monkeys me font « Savoir »: un apport de connaissance au service de la connaissance, notamment à travers ces trois pilliers :
Savoir voir le savoir. Edgar MORIN.
1/ Epistémologie : en me plaçant dans le constructivisme, grâce à Prof. Sophie PENE, je peux utiliser des construits pré-thèse, qui ne sont pas créés ipso facto pour la recherche mais qui m’y ont conduite. D’une part. D’autre part je suis libre d’investir plusieurs disciplines et piocher dans le Savoir pour construire mon raisonnement et ma démonstration.
2/ Ontologie : Ici, le bas blesse, car mon ontologie est celle de ma pratique professionnelle profondément ancrée dans l’art et l’industrie cinématograhique. On pourrait alors se contenter d’objets et de concepts du domaine de l’art, de l’histoire de l’art, de l’esthétique, de la sociologie de l’art… Mais non, car : l’ontologie de ma recherche actuelle n’est pas dans le secteur du cinéma mais dans un secteur plus large qui touche à des objets et concepts développés par des scientifiques en sciences de l’information, sciences de la communication, la gestion, le design, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, l’éducation, la psychologie, et je voudrais tellement rajouter : la politique, mais çà, c’est trop. Alors pour avoir un axe ontologique précis il va falloir faire beaucoup de deuils et argumenter sur la transdisciplinarité de ma thèse de façon extrêmement référencée. Pour le moment je partirai d’une ontologie frontière, consortium stratégique des idées que j’ai « choppées » pendant la collecte des données primaires. Et c’est là qu’on arrive au 3ème Monkey qui se fout vraiment de moi ! ;-)
3/ Méthodologie : Je pourrais traiter des données par plusieurs méthodologies de recherche aujourd’hui admises en sciences, en en choisissant une. J’avais d’ailleurs opté pour la théorie ancrée. Mais on choisit le challenge et ce qui est approprié à la réalité du profil de candidature. Je suis une praticienne, pas une chercheure académique, ma posture de curieuse restera hybride car je ne peux que me destiner au conseil et au mentorat, je ne vais pas faire carrière dans l’académie. Et comme il se trouve que l’ensemble des données primaires pourraient en effet être optimisées, l’ethno-méthodologie proposée par mes co-encadrants est totalement justifiée. J’ai donc fait le virage en laissant tomber des mois de travail de préparation d’entretiens et de podcasts, qui pourront peut-être servir à autre chose ensuite. Le lien se fait alors avec la discussion avec une auteure, et éditrice, doctorante de grande maturité elle aussi, sur l’idée de « evocative ethnograhy » et « auto-ethnography ». Je fouille, je n’ai pas fini de fouiller. Je vais me positionner.
Une « irruption » de solutions purement intellectuelles.
Mes solutions sont tellement abstraites que même un designer-chercheur confirmé ne pourrait pas les restranscrire ! (;-) Il me faut encore une ou deux années pour vraiment mettre en oeuvre les solutions émergentes dans une induction permanente longitudinale. Traduction : on verra bien ! (J’ai bien sur des propositions, voire des préconisations, mais à ce stade je les tiens en retrait, bien rangées, à l’obscurité).
J’en profite pour saluer Dr Stéphane QUEFELEC, économiste et expert en Environnement, qui m’avait aidée au début de l’entrée en thèse à prendre en compte un « cadre théorique » (totalement lié au 3 Monkeys !). Je n’avais pas de cadre théorique si ce n’est celui des « media studies » au sens large, et d’une certaine « transmedia literacy » évoquée par mon collègue Emmanuel BETHOUX, renforcée par le mentorat, qui me manque, du défunt Brian CLARK qui s’inscrivait volontiers en phénoménologie. Je ne sais pas encore si le cadre théorique sera celui de la théorie des systèmes, de l’acteur réseau, ou de théories en management qui renvoient à l’innovation, mais j’ai bien entendu passer dans mes oreilles toujours mobiles, une phrase de Prof. Manuel ZACKLAD que je sors de son contexte, « il vaut mieux en avoir trop que pas assez« … Cela vaut pour les théories et les données. Du coup, je suis submergée.
Dans la philosophie des systèmes, que je ne vais pas pouvoir étudier comme je le voudrais, je pendrai le cadre offert par deux visions systémiques différentes et confondues : celle des ingénieurs, qui fabriquent (théorie des systèmes de systèmes), et celles des sociologues, qui observent et facilitent des individuations personnelles et collectives (systémique). Il me semble que Edgar MORIN est dans les deux, mais votre avis sera le bienvenu.
3 thématiques prennent forment dans mon cadrage théorique :
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- Les systèmes (complexes),
- La traduction et précisemment la facilitation, et le lien avec le concept d’Oeuvre,
- La collaboration (coopération, co-création) sur ces systèmes et en tant que processus de design (ou système aussi selon des cas précis).
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On se retrouve bientôt pour des excercices d’écriture et de présentations à vocation scientifique, mais avec beaucoup d’humour, comme les 3 Monkeys, d’accord ?